Une forte prévalence du diabète est enregistrée en Algérie. Une tendance favorisée en particulier par les mauvaises habitudes alimentaires, que l’on observe en particulier durant le mois de Ramadhan.
Environ 4 millions de personnes sont atteintes de diabète en Algérie, selon le Dr Djamila Nadir, sous-directrice de la prévention au ministère de la Santé. «Le nombre de diabétiques en Algérie a atteint environ 4 millions, y compris les enfants et les personnes âgées», a-t-elle précisé lundi lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale. Selon elle, les chiffres officiels «sous-estiment» probablement la prévalence réelle de la maladie, car de «nombreux cas ne sont pas diagnostiqués». Les chiffres plus récents sur le diabète ont été communiqués en novembre 2022.
C’était à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du diabète, lors de laquelle le ministre de la Santé a estimé le nombre de diabétiques à environ 15% de la population âgée de 18 ans et plus, soit près de 2,8 millions de patients. Il s’agit-là des données officielles collectées et recoupées par les services du ministère de la Santé, qui n’incluent pas les pré-diabétiques présentant de sérieux risques et les cas non diagnostiqués. «Si des mesures préventives ne sont pas prises, ce nombre pourrait atteindre 5 millions de diabétiques d’ici 2030», avertit le ministère de la Santé.
A l’occasion de cette journée, la diabétologue Samia Zekri a affirmé que le nombre de malades n’arrête pas d’augmenter. «Ce nombre augmente de plus en plus, car la moitié des personnes atteintes ignorent qu’elles le sont», a-t-elle déclaré à la Chaîne 3 de la Radio algérienne. Elle a également alerté sur les risques de complications chez les malades, en précisant que le diabète est la première cause de l’amputation ainsi que de la mortalité causée par des accidents cardio-vasculaires, «outre les complications causant de la cécité et l’insuffisance rénale chronique», a-t-elle ajouté.
Contacté hier par El Watan, le président de l’Association des malades diabétiques de la wilaya d’Alger estime, lui aussi, que les chiffres officiels sont loin de refléter la réalité. «Le prédiabète, comme le diabète, maladie des plus silencieuses, touche énormément de personnes. La malbouffe et les mauvaises habitudes de consommation en sont les principales causes», note Ouhadda Fayçal, pour qui, les «chiffres à venir» du diabète risquent d’être plus élevés.
Ceci lorsque l’on sait, dit-il, que 30% des femmes et 25% des hommes sont obèses, alors qu’un quart des enfants scolarisés sont en surpoids. Malgré les actions menées par les pouvoirs publics pour limiter les dégâts, «nous assistons à une augmentation rapide de la prévalence du diabète chez de jeunes sujets», déplore-t-il. Le mois de Ramadhan est particulièrement propice pour que cette maladie silencieuse fasse de nouvelles victimes, dont la prise en charge a un coût, humain et financier, très élevé.
En cause : des aliments et des boissons à forte teneur en sucre, le stress, une mauvaise qualité de vie, peu d’activités sportives… M. Ouhadda appréhende d’ailleurs l’après-Ramadhan, où 70% des diabétiques mal-équilibrés auront du mal à réguler leur glycémie, encourant de sérieux risques de santé.
Il compte, comme d’habitude, mettre à contribution les membres de l’association pour lancer des campagnes de dépistage dans Alger-Centre. L’année dernière, 2500 personnes ont été dépistées dans les deux mois qui ont suivi Ramadhan. Résultat : 30 à 40 nouveaux cas de diabète enregistrés. C’est pourquoi, prévient-il, il est important de contrôler son alimentation et d’adopter un mode de vie sain.