Sanctions contre la Russie, resserrement de l’offre et tensions géopolitiques : Les prix du pétrole s’emballent

14/01/2025 mis à jour: 03:06
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Hier, les cours du pétrole ont grimpé de 3% - Photo : D. R.

Pour contourner les sanctions et stimuler les exportations de carburant, la Fédération de Russie pourrait, selon des spéculations, augmenter sa capacité de raffinage nationale.

Les prix du pétrole pourraient atteindre la barre des 90 dollars en raison du durcissement des sanctions visant l’industrie pétrolière russe et du resserrement de l’offre sur le marché. C’est ce que prédisent des analystes, dont la banque américaine Goldman Sachs qui prévoit un baril de Brent dépassant le seuil de 85 dollars à court terme, avec de nouvelles hausses possibles si la réduction de la production russe simultanée à la baisse de la production iranienne se poursuivra. Hier, en ouverture de séance, les cours affichaient la troisième séance de hausse pour le baril de Brent qui a grimpé de 3% pour se vendre à plus de 81 dollars.

Vendredi dernier, les Etats-Unis ont adopté leur plus large programme de sanctions contre le secteur pétrolier russe visant les navires de ce pays, qui ont transporté collectivement environ 1,7 million de barils par jour en 2024, soit 25% des exportations totales du brut russe. Cette situation obligerait, selon des analystes, les principaux raffineurs chinois et indiens à s’approvisionner ailleurs, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. «Ce déplacement devrait entraîner une hausse des prix et des coûts de transport en raison d’une concurrence accrue et de défis logistiques», prévoit-on.

La Russie est ainsi poussée à réduire le prix de son pétrole (à 60 dollars) pour pouvoir le vendre et s’appuyer sur une nouvelle flotte afin d’exporter et échapper aux sanctions. Pour contourner les sanctions et stimuler les exportations de carburant, la Fédération de Russie pourrait également, selon des spéculations, augmenter sa capacité de raffinage nationale. Ce moyen permettra au pays de réduire sa dépendance aux voies de transport maritime internationales.

Pour rappel, les sanctions imposées par le Trésor américain concernent le producteur Gazprom Neft et Surgutneftegaz ainsi que 183 navires transportant le pétrole russe, avec l’objectif de toucher aux revenus russes et privilégier l’Ukraine dans les négociations pour la fin de la guerre. Lesdites sanctions prévoient une période de réduction progressive jusqu’au 12 mars prochain.

Selon JPMorgan, la Russie dispose d’une marge de manœuvre malgré les sanctions, à condition qu’elle puisse acquérir des pétroliers non sanctionnés et charmer les acheteurs avec un baril à moins de 60 dollars. «Il existe de réelles craintes sur le marché concernant une rupture d’approvisionnement. Le pire scénario pour le pétrole russe semble être le scénario réaliste… Mais on ne sait pas ce qui se passera lorsque Donald Trump prendra ses fonctions lundi prochain» a déclaré, à Reuters, Tamas Varga, analyste chez PVM.

Donald Trump a effectivement annoncé sa volonté de rencontrer le président russe, Vladimir Poutine, qui à son tour a montré la même disposition. Selon les analystes, la nouvelle administration américaine donnera la priorité aux efforts à empêcher une réduction significative de l’offre de pétrole russe afin de privilégier la stabilité des prix. Les acteurs du marché suivront d’ailleurs de près la politique Trumpiste cherchant à minimiser l’impact des sanctions sur les consommateurs américains.

Notons que le Brent et le WTI, les deux références du brut, ont affiché une hausse de 7% depuis le 8 janvier, après l’annonce des sanctions américaines coïncidant avec une baisse de la production iranienne. Cette nouvelle donne a son impact aussi sur la volatilité des prix surtout que l’incertitude sur l’évolution de la situation géopolitique jette un voile sur le marché de l’offre et de la demande.

Moscou accuse Kiev d’avoir attaqué le gazoduc TurkStream

La Russie a accusé hier l’Ukraine d’avoir attaqué par les airs et sans succès des infrastructures du gazoduc TurkStream, la seule conduite d’acheminement de gaz russe en Europe depuis l’arrêt du transit, le 1er janvier, via le territoire ukrainien, rapporte l’AFP. Le secteur énergétique est un champ de bataille clé du conflit : depuis près de trois ans, la Russie est amputée d’importants revenus, le marché européen du gaz s’étant en grande partie refermé en représailles à l’assaut russe et du fait du sabotage de Nord Stream, en mer Baltique en septembre 2022.

Les forces russes s’en prennent, quant à elles, très régulièrement aux installations énergétiques ukrainiennes. «Le régime de Kiev a tenté d’attaquer avec neuf drones» une station de distribution de gaz du gazoduc TurkStream dans la région de Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, a affirmé hier l’armée russe. Selon cette source, tous ces appareils ont été abattus, et la station de compression située dans la localité de Gaï-Kodzor reste fonctionnelle.

Un bâtiment et quelques équipements ont été légèrement endommagés par les débris d’un drone abattu. L’Ukraine n’a fait aucun commentaire, mais elle a appelé à maintes reprises à juguler la manne pétrolière et gazière qui permet à la Russie de financer son offensive.

D’après l’armée russe, le but de cette attaque inédite était de «suspendre les livraisons de gaz vers les pays européens» via TurkStream, une conduite sous-marine en mer Noire. Inaugurée en 2020, celle-ci, capable de  transporter chaque année 31,5 milliards de mètres cubes de gaz, relie le sud de la Russie à la Turquie.

De là, elle permet au géant gazier Gazprom d’alimenter l’Europe du Sud-Est et du Sud, en particulier la Hongrie et des pays des Balkans. Cette conduite est devenue d’autant plus importante pour Moscou et ses derniers clients européens que le transit gazier via l’Ukraine a été stoppé le 1er janvier. Depuis, TurkStream est le seul gazoduc opérationnel reliant les territoires russe et européen.

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