- Selon vous, la révision de la loi relative à la pêche et à l’aquaculture est-elle indispensable ?
La révision de la loi relative à la pêche et à l’aquaculture s’impose au regard de plusieurs paramètres internes (nationaux) et externes «imposés» par l’évolution de la législation internationale, notamment des décisions adoptées par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), qui est l’organe de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO) en charge de la gestion des ressources halieutiques en Méditerranée et dans la mer Noire.
Elle a pour principales missions de promouvoir le développement, la conservation, l’aménagement rationnel et la valorisation durable des ressources marines vivantes et à assurer le développement durable de l’aquaculture en Méditerranée. Les nouvelles dispositions, qui ont été adoptées par la CGPM, doivent être transposées dans la législation nationale ; sont énoncées dans la stratégie méditerranéenne 2030 pour une pêche et une aquaculture durable.
Cette stratégie vise à étendre les mesures de gestion des pêches aux principaux types de pêche, y compris la pêche artisanale et la pêche de loisir ainsi que la réduction des «rejets» et des captures accidentelles d’espèces vulnérables.
- Que recommandez-vous afin de mettre un terme à la pêche illicite ?
Un système national de suivi, de contrôle et de surveillance opérationnel, strict et performant est indispensable pour la bonne gestion de la pêche afin de réduire et d’éliminer progressivement toutes les pratiques de pêche «toxiques» à la régénération des stocks halieutiques.
La pêche durable passe aussi par une gestion écosystémique et requière la mise en œuvre de mécanismes de surveillance et d’application de la réglementation efficaces ; approche qui vise d’abord à s’assurer que seuls les produits légaux arrivent sur le marché.
La promulgation par le ministre chargé de la Pêche du texte relatif au VMS (Vessel Monitoring System) comme outil technologique centralisé de suivi, de contrôle et de surveillance va dans ce sens, à charge, maintenant, aux acteurs qui ont une responsabilité directe sur le VMS de mettre en place la logistique et le fonctionnement adéquat afin d’atteindre les objectifs qui ont motivé sa mise en place.
- Quel est l’intérêt des zones de pêche réglementées ?
Les zones de pêche réglementées sont essentielles pour la mise en œuvre de la planification de l’espace maritime. Cela permettra de mieux appréhender l’effort de pêche et de réguler la distribution de l’effort de pêche dans une perspective de maintien et de régénération des stocks de pêche.
Les zones de pêche réglementées, une fois, mises en œuvre, devraient contribuer directement à la protection de la biodiversité marine et des ressources marines vivantes de manière particulière.
- Quel est l’impact des «filets fantômes» sur l’environnement ?
Les équipements de pêche perdus ou abandonnés par les pêcheurs provoquent des dommages et des préjudices à l’environnement marin et aux ressources halieutiques. Egalement appelés «filets fantômes», ces équipements impactent de manière très négative les stocks de poissons et posent une menace pour les bateaux.
Ces filets perdus ou jetés provoquent la capture continuelle «pêche fantôme» des poissons, des tortues marines, des oiseaux de mer, des mammifères marins, qui, une fois piégés par ces filets, vont mourir. Ils provoquent également une altération du fond marin et peuvent mettre en danger la navigation, causer des accidents en mer et endommager les hélices des bateaux.
Les poissons qui meurent piégés dans les filets peuvent également attirer les espèces charognards qui sont ensuite pris dans les filets, entraînant un effet en cascade et une capture cyclique par l’engin de pêche.
Ces filets perdus peuvent être entraînés sur le fond par de forts courants, détruisant au passage les espèces fragiles et sensibles comme les coraux, les éponges, les herbiers sous-marins, nécessaires à la reproduction des espèces marines.
Ces filets fantômes contribuent enfin à l’introduction de matières synthétiques dans le réseau alimentaire marin, ce qui est dangereux pour les espèces et pour la pêche. La lutte contre les filets fantôme doit donc s’appuyer sur la prévention, l’atténuation et les mesures curatives ainsi que leur récupération.
Les instances internationales suggèrent également de mettre en œuvre un programme d’incitations et des mesures économiques innovantes pour encourager les pêcheurs à prévenir et réduire les abandons, les pertes et les rejets d’engins de pêche en mer.
Outre ces mesures, il est indispensable que la législation relative au contrôle et la surveillance soit mise en œuvre sans répit et dans toute sa rigueur.