Bien qu’elles aient bénéficié de projets de développement à l’échelle locale, visant essentiellement à améliorer le cadre de vie d’une population ayant souffert de disparités en matière d’opérations structurantes, les zones frontalières de la région Est ont souvent été rattrapées par les images des activités de contrebande de divers produits, qui continuent de coller à ses habitants.
C’est pour changer ces clichés d’une manière irréversible et surtout positive que l’Etat a accordé ces dernières années un plus grande intérêt à cette partie de l’Algérie, ayant une importance géographique et stratégique indiscutable, dans un cadre de concertation avec les pays voisins. Il est important de rappeler que dans un pays aussi vaste que l’Algérie, premier de par sa superficie en Afrique, dans le monde arabe et dans le bassin méditerranéen, les zones frontalières représentent plus d’un tiers (39%) de ce territoire et elles ne sont occupées que par 2% de la population, estimée à 46 millions d’habitants.
C’est dans ce sens que les travaux de la deuxième session de la commission bilatérale algéro-tunisienne pour la promotion et le développement des zones frontalières, dont les wilayas d’El Tarf et le gouvernorat de Jendouba ont été pris comme exemple, se sont tenus récemment à Jendouba pour définir une vision commune de développement de ces régions.
La réflexion devra tourner autour d’un projet bilatéral de développement économique et de promotion des échanges commerciaux, qui demeure la principale opération à mener dans le cadre d’une coopération bénéfique pour les deux pays. Cela devra se concrétiser à travers une feuille de route définissant les mécanismes opératoires débattus par les cadres des deux délégations (algérienne et tunisienne), ainsi que ceux du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Un exemple qui sera étendu à d’autres wilayas, comme Souk Ahras et Tébessa. L’objectif est d’améliorer le niveau de vie des populations, dont une grande partie souffre encore du chômage, de la pauvreté, du manque d’activités économiques importantes capables de créer des postes d’emploi, mais surtout de l’éloignement.
Comme il l’avait déjà fait pour les zones d’ombre, le gouvernement a décidé de mettre en place les moyens financiers pour développer les régions frontalières dans le but de fixer les populations et freiner les mouvements d’exode vers les grands centres urbains. Cette stratégie sera entamée par un diagnostic approfondi de la situation qui prévaut dans ces régions, bien qu’il n’échappe guère aux pouvoirs publics nationaux que ces territoires ont été longtemps marginalisés, et les rapports établis durant des décennies par les walis de la République en témoignent. Il faudra aussi penser à développer les réseaux routiers et créer tous les atouts nécessaires pour améliorer l’attractivité de ces régions afin d’encourager les initiatives d’investissement.
La réalisation de projets à court terme s’impose déjà comme une urgence, notamment dans les secteurs de la santé, l’éducation, l’agriculture, les travaux publics, l’hydraulique, les transports, les petites et moyennes entreprises, la formation professionnelle, le commerce et le tourisme, dans lesquels ces régions accusent des retards considérables.
C’est à travers la concrétisation de ces opérations que l’Etat pourra également lutter efficacement contre le commerce informel et la contrebande. Il revient aux ministères concernés de commencer à réfléchir sérieusement, en passant au concret, car le défi est immense, et les discours à eux seuls ne servent plus à faire avancer les choses dans ces régions qui continuent de représenter un véritable casse-tête sécuritaire pour le pays.