La première édition de la festivité nationale dédiée au tourisme de montagne et à l'hébergement chez l'habitant a été un succès.
Organisée par la direction du tourisme et de l'artisanat (DTA) de Bouira, à l’occasion de la Journée internationale des guides touristiques, cette manifestation a illuminé le pittoresque village d'Imesdourar ou Mzarir, niché sur les hauteurs de la commune de Saharidj, dans le nord-est de la wilaya de Bouira. Du 20 au 22 du mois en cours, l'événement a rassemblé près de 200 participants venus de 15 wilayas différentes, témoignant de l'intérêt grandissant pour le tourisme alternatif et authentique.
Cette célébration a offert une plateforme idéale pour promouvoir le concept de l’hébergement chez l'habitant, une expérience immersive qui permet aux visiteurs de s'imprégner de la culture locale et de vivre au rythme de la vie villageoise. Au-delà de l'aspect culturel, l'événement a également mis en lumière les paysages à couper le souffle dont regorgent le village Imesdourar et ses environs, en plein cœur du Djurdjura.
«Le choix du village d'Imesdourar s'est naturellement imposé, compte tenu de l'accueil chaleureux et de l'enthousiasme manifestés par ses habitants, désireux d'ouvrir leurs portes aux visiteurs et de partager leur quotidien», a déclaré Samira Moumen, la directrice de la DTA de Bouira, soulignant l'importance de l'implication de la population locale dans le succès de l'initiative.
Connu pour ses nombreuses sources, dont la fameuse Source noire (Lainsar Aberkane) au débit dépassant les 400 litres par seconde, Mzarir offre un cadre idyllique propice à la détente et au ressourcement. Grâce à ses atouts naturels, ses anciennes bâtisses en pierre et son atmosphère paisible, ce village est tout à fait capable de rivaliser avec des complexes touristiques plus conventionnels, offrant une expérience authentique et un contact direct avec la nature du Djurdjura.
Zinedine Lachehab, président de l'association Randonneur Idurar N Djerdjer, ayant participé à l'organisation de l'événement, a insisté sur le potentiel touristique inexploité de la localité. «Cette région possède un potentiel touristique immense, malheureusement encore sous-exploité. Notre association, en collaboration étroite avec l'association Tourisme et civisme de Saharidj, s'est engagée depuis 2014 à promouvoir le tourisme et l'hébergement chez l'habitant, tout en incitant à la rénovation du village.
Quelques travaux de réhabilitation suffiront à rendre les habitations accueillantes et prêtes à recevoir des visiteurs, offrant ainsi une source de revenus complémentaires aux familles locales», dira-t-il.
Le même avis est partagé par Karim, membre de la dynamique association Jeunes Randonneurs. «Ce sont de tels événements qui peuvent donner une seconde vie à des villages, notamment ceux abandonnés par leurs habitants.»
Quant à Sofiane Bourai, l’un des jeunes activistes d'Imesdourar et président de l'association Accompagnement et Loisirs de Jeunes Ighil, partenaire dans la réussite de cet événement, a chaleureusement ouvert les portes de sa demeure, malgré sa modestie, pour accueillir les visiteurs venus de loin. Son geste, bien plus qu'un simple acte d'hospitalité, porte en lui l'espoir d'un changement profond dans la perception de l'hébergement chez l'habitant au sein de sa communauté.
Sofiane est premier à Imesdourar à décrocher un agrément de la formule de l’hébergement chez l’habitant. «Cet événement, je l'espère, va radicalement modifier les mentalités et dissiper les réticences de bon nombre d'habitants d'Imesdourar concernant l'accueil de voyageurs chez soi», confie-t-il.
L'impact est déjà palpable, semble-t-il. «Pour le moment, nous comptons une dizaine de propriétaires qui ont embrassé cette idée avec enthousiasme et qui ont entamé les démarches nécessaires pour obtenir un agrément auprès des autorités compétentes», a-t-il précisé, soulignant l'engouement grandissant pour cette nouvelle forme d'accueil touristique et son potentiel pour dynamiser l'économie locale. Il envisage un futur où Imesdourar serait reconnu comme un lieu d'accueil chaleureux et authentique, grâce à l'implication de ses habitants.
( Quelques participants en photo souvenir (Photo: El Watan) )
L’implication de l’état souhaitée
Présent sur les lieux, Daou Zemmour, le P/APC de Saharidj, plaide pour une intervention des pouvoirs publics afin de consolider les initiatives touristiques en cours dans sa commune. Il souligne l'importance particulière du village d'Imesdourar, désigné comme village pilote dans le domaine touristique grâce à l'essor prometteur de l'hébergement chez l'habitant. «Imesdourar représente un potentiel touristique indéniable», affirme-t-il.
«De plus en plus d'habitants veulent la restauration de leurs demeures traditionnelles, animés par l'espoir de proposer un accueil authentique aux visiteurs. Toutefois, la concrétisation de ces projets se heurte souvent à des difficultés financières», rajoute notre interlocuteur. Face à ces obstacles, M. Zemmour insiste sur la nécessité d'un soutien concret de l'Etat. «Nous souhaitons vivement une aide substantielle des pouvoirs publics, non seulement pour la restauration des anciennes habitations qui constituent le patrimoine du village, mais également pour la mise en place d'un dispositif spécial. Un dispositif d'accompagnement et de financement spécifiquement adapté à la restauration de ces habitations traditionnelles.»
Des visiteurs envoûtés
L'impact positif de l'événement sur les participants est indéniable, comme en témoigne Dounia Lagoun, présidente de l'association du Tourisme solidaire et développement local, qui regroupe cinq wilayas du pays. Elle salue la richesse de l'expérience vécue durant ces trois jours. «La manifestation a été une source intarissable d'activités, d'échanges constructifs et de chaleur humaine», s'enthousiasme-t-elle.
«Nous avons été accueillis avec une grande générosité, et tous les moyens ont été mis à notre disposition pour faciliter notre séjour. L'animation était omniprésente, avec des randonnées revigorantes et une multitude d'autres activités stimulantes.»
Dounia Lagoun exprime également son engagement à soutenir le développement de l'hébergement chez l'habitant à Imesdourar. «Notre association est prête à contribuer activement et à accompagner les personnes souhaitant obtenir l'agrément nécessaire pour proposer cette formule d'accueil», a-t-elle fait savoir.
Un autre participant, Bassem Mansour, venu de la wilaya de Souk Ahras, partage également son enthousiasme. Il affiche une satisfaction palpable. «J'ai eu le bonheur de passer trois magnifiques journées, un véritable enchantement dans ce qui ne peut être décrit que comme un paradis terrestre.
L'atmosphère y était vibrante, les paysages à couper le souffle», dira-t-il, tout en souhaitant la reconduite de cette expérience. «Je souhaite ardemment que ce genre de festivités, qui mettent en valeur notre patrimoine et notre culture, se généralise et se multiplie à travers l'ensemble du territoire national.
L'organisation d'événements similaires nous permettra non seulement de célébrer la diversité de nos régions, mais aussi de découvrir et d'apprécier pleinement toute la beauté et la richesse inestimable de notre immense pays», espère-t-il. La clôture de l’événement a été marquée par une vaste opération de nettoyage, non seulement du cœur du village, mais aussi de ses environs immédiats.
Cette initiative, bien au-delà d'un simple ramassage de déchets, a permis de redonner au village son éclat originel et de préparer le terrain pour l'étape suivante, celle d’une opération de plantation d'arbres, où chaque participant a eu l'honneur d’en planter un, symbolisant ainsi un geste concret et durable.
Cette action a été menée en collaboration avec le Parc national du Djurdjura. «Forts du succès de cette manifestation, nous comptons organiser des festivités similaires au niveau du village Tamellaht, dans la commune d’Ahnif et celle de Zbarbar, après le mois sacré de Ramadhan», a annoncé la DTA de Bouira. «Nous avons également reçu des invitations d’autres wilayas afin de participer à des festivités, toujours dans le cadre du tourisme et hébergement chez l’habitant», a-t-elle ajouté.
Reportage réalisé par Omar Arbane