Repère : Une résolution impromptue et inopportune !

13/05/2023 mis à jour: 06:08
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Les eurodéputés croient avoir maintenant bonne conscience après avoir voté majoritairement une résolution dans laquelle ils exigent «la libération immédiate et inconditionnelle» de notre confrère El Kadi Ihsane. Ils ne savent pas qu’ils ont davantage compliqué la situation d'El Kadi Ihsane, qui purge une peine de prison de cinq ans (dont deux avec sursis) pour avoir reçu des financements de l’étranger. Jamais les autorités algériennes n’ont cédé devant des pressions extérieures, ni aux tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.

Il y a près de trente ans, le même Parlement européen avait adopté une résolution dans laquelle les eurodéputés avaient accusé l’armée algérienne de s’être rendue coupable de massacres de civils, sans jamais condamner l’islamisme terroriste dont les têtes pensantes avaient trouvé refuge en Europe. Grâce à la mobilisation de toutes ses forces vives, l’Algérie est sortie vainqueur d’une épreuve dure et sanglante. 

Les eurodéputés ont compris par la suite qu’ils ont été dupés et que l’Algérie est un pays qu’il aurait fallu aider dans sa lutte contre l’hydre intégriste.

La résolution du Parlement européen adoptée ce jeudi n’aura d’autre effet que de provoquer une «crispation» sur ce dossier qui n’arrangera pas les intérêts de notre confrère. Et c’est réellement dommage, d’autant que la presse nationale et l’opinion publique ont trouvé chez le président Abdelmadjid Tebboune une volonté sincère de promouvoir la liberté d’expression à travers des médias professionnels, lors de la rencontre organisée le 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse.

A cette occasion d’ailleurs, le Président a invité personnellement à la cérémonie le représentant de Reporters sans frontières (RSF), Khaled Drareni, qui lui avait remis en main propre une lettre dans laquelle son organisation demande la libération d'El Kadi Ihsane. Dès le début du débat avec la presse, le Président avait expliqué pourquoi il ne pouvait répondre favorablement à la demande de RSF, car il s’agit là d’un délit de droit commun et non d’un délit de presse ou d’opinion.

Dans son exposé, Abdelmadjid Tebboune n’a pas adopté un ton sévère à l’endroit de notre confrère El Kadi Ihsane pour lequel, selon lui, il n’éprouve aucune intention de sévir ou de lui faire mal, mais que la loi lui soit appliquée comme pour tout autre citoyen. 

En tout cas, l’espoir n’est pas perdu pour autant pour l’ancien patron d’Interface Médias, avec les différents recours judiciaires dont il dispose. Il n’est pas à exclure également une initiative interne, par l’entremise d’un certain nombre d’éditeurs, de journalistes et de personnalités publiques pour demander la clémence du président Tebboune à l’égard d'El Kadi Ihsane.

Il n’y a aucun projet dans ce sens, mais il est envisageable, d’autant que la société civile a devant elle l’occasion pour dire que les problèmes entre les Algériens doivent se régler entre eux sans qu’aucune force ou organisation étrangère ne s’immisce dans leurs affaires. Espérons que la résolution du Parlement européen, impromptue et inopportune, ne va pas impacter la réaction des pouvoirs publics, qui doivent garder la tête froide devant une telle épreuve, pour la bonne marche des affaires de l’Etat.

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