Repère / La recolonisation de Ghaza dans la ligne de mire

07/11/2023 mis à jour: 09:10
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Pour les esprits crédules qui se sont laissé abusés consciemment ou non, dans la guerre d’extermination livrée par l’entité sioniste au peuple palestinien, à Ghaza et dans les territoires palestiniens occupés depuis un mois, nourris par la propagande sioniste de la rhétorique victimaire invoquée par ses alliés, avocats commis d’office, pour justifier les crimes et l’impunité dont jouit l’entité israélienne, il apparaît de plus en plus difficile de continuer à se draper du voile de la duplicité face au projet sioniste, revisité, de reconquête des territoires concédés aux Palestiniens à la faveur des accords dits «de paix» d’Oslo de 1993. 

S’il y avait encore un seul doute quant à l’objectif stratégique assigné à cette nouvelle guerre imposée par l’armée d’occupation israélienne aux Palestiniens, comme toujours, sous le fallacieux prétexte de la légitime défense, l’armée israélienne vient de le lever, avec le même fracas des bombardements génocidaires incessants auxquels est soumise la population de Ghaza depuis un mois. 

En effet, l’état-major de l’armée de Tsahal a annoncé dimanche qu’une fois la reconquête de Ghaza militairement actée, ce territoire autonome placé en vertu des accords d’Oslo sous la responsabilité de l’autorité palestinienne, mais géré depuis 2007 par le mouvement Hamas, passera sous administration de l’armée israélienne. Le sort en est jeté. La confession a le mérite de la clarté. 

En vérité, il n’y a rien de surprenant dans cette nouvelle provocation de l’entité israélienne qui veut réécrire l’histoire à rebours, en violant tous ses engagements et le droit international sur la question palestinienne. Depuis quelques jours déjà, des déclarations, bien inspirées de politiques et des médias proches de l’entité sioniste, font état de scénarios possibles envisagés par l’entité sioniste à l’issue de la guerre en cours à Ghaza. 

Parmi ces options, on peut citer, entre autres, l’idée de placer la Bande de Ghaza, expurgée du mouvement Hamas et de ses combattants sous l’autorité d’une force multinationale qui sera composée, on l’aura deviné, des alliés d’Israël, Américains et Occidentaux, avec, un saupoudrage des régimes arabes ayant normalisé leurs relations avec l’entité sioniste, pour faire «bonne figure». 

L’autre scénario, qui serait sur les tablettes du gouvernement israélien, consiste à faire de la Bande de Ghaza une grande colonie placée sous administration israélienne ; une espèce de protectorat, de DOM- TOM, à la française où les fonctions régaliennes de la sécurité et des départements sensibles seraient entre les mains du pouvoir central du gouvernement israélien. 

Il s’agit là, on l’aura compris, d’un plan visant à transformer Ghaza en zone d’exclusion militaire pour étendre son périmètre de sécurité et mettre les villes israéliennes hors de portée des attaques et des missiles de la résistance palestinienne. Qui l’en empêchera  ? L’Onu ? L’instance onusienne a prouvé son impuissance à faire respecter le droit international. 

La passe d’armes ayant opposé, il y a quelques jours, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, au ministre des Affaires étrangères de l’entité israélienne qu’il a tancé, sans ménagement, pour avoir rappelé, dans l’enceinte des Nations unies, les vérités sur la colonisation de la Palestine et les souffrances endurées par les Palestiniens depuis le début de l’occupation, fournit la démonstration éclatante qu’Israël n’a jamais rien misé sur l’Onu. 

Forte en cela, du puissant soutien des Etats-Unis d’Amérique et de ses alliés occidentaux, notamment les pays membres permanents du Conseil de sécurité sur lesquels l’entité sioniste peut compter en toutes circonstances dans les instances internationales et au plan opérationnel, comme on l’a vu, encore une fois, dans cette guerre. 

Pour des raisons pragmatiques, une chose est certaine : étant pointé du doigt pour sa politique coloniale et de violation caractérisée des droits humains, le scénario du recours à une administration intérimaire de l’Onu par la partie israélienne et ses sponsors, sous quelle que forme que ce soit, pour administrer Ghaza, comme cela s’est produit par le passé dans certains conflits dans le monde, apparaît tout bonnement exclu.

 Le refus de Tel-Aviv de décréter un cessez-le-feu durable, encouragé par ses alliés, notamment les Etats-Unis d’Amérique qui pressent Israël d’aller jusqu’au bout de l’expédition punitive militaire contre Ghaza, quel qu’en soit le prix payé par les populations civiles palestiniennes et les destructions des habitations, des infrastructures de base et des équipements collectifs, sourds en cela, face aux marées humaines qui déferlent dans les rues de Paris, Londres, Berlin, Washington et d’autres capitales dans le monde, donne de la crédibilité au scénario du pire qui se prépare dans le dos des Palestiniens de Ghaza et de la cause palestinienne, d’une manière plus générale. 

Mais comme le dit l’adage : il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir abattu. La résistance palestinienne et la résilience du peuple palestinien à Ghaza et ailleurs, dans les territoires occupés et à travers la diaspora en exil, a montré, dans cette nouvelle et dure épreuve existentielle à laquelle fait face la cause palestinienne, la force et la détermination des Palestiniens à poursuivre la lutte et à déjouer tous les complots visant à forcer à l’exil, de nouveau, les Palestiniens de l’intérieur, en refusant le chantage de l’occupant fait aux Ghazaouis pour leur déplacement dans le sud de la Bande de Ghaza, prélude à l’exil forcé dans les pays arabes voisins, selon le plan diabolique des autorités israéliennes dont les contours se précisent de plus en plus.

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