En France, pays phare de la production de romans, la «rentrée littéraire» s’ouvre sous le signe de la sobriété avec un nombre de parutions au plus bas depuis 25 ans, dans un secteur frappé par le prix du papier.
Véritable institution depuis plus d’un siècle, la rentrée littéraire française inonde traditionnellement les étals des librairies et alimente débats et polémiques dans un pays adepte des controverses artistiques.
Mais cette année, la moisson qui a débuté après le jour férié du 15 août est moins riche : «seulement» 466 romans doivent paraître entre mi-août et fin octobre, d’après le magazine spécialisé Livres Hebdo, soit le chiffre le plus bas depuis le début du XXIe siècle.
C’est 5% de moins que l’année précédente, et surtout un tiers de moins que le record de quelque 700 romans établi en 2010. Il y a une logique à cela. Le coût du papier, s’il a reculé par rapport aux sommets de la fin de l’an dernier, reste élevé.
Et le pouvoir d’achat des lecteurs inquiète les professionnels du livre qui ont les yeux tournés vers les prestigieux prix littéraires, dont le Goncourt, qui seront décernés à l’automne. L’édition française ne se porte pas si mal, mais en littérature, c’est le livre de poche (réédition à prix modéré) qui tire le marché. L’an dernier, il s’en est vendu 81 millions en France, contre 78 millions pour les nouveautés, selon l’institut GfK, référence sur les ventes du secteur.
La filière du livre reste toutefois considérée en France comme la première des industries culturelles, totalisant 80 000 emplois soit près de 20% des emplois du secteur culturel, indique le ministère de la Culture sur son site internet. Au niveau mondial, la France est le 5e pays qui produit le plus de publications au sens large (romans, essais, ouvrages éducatifs...) par habitant, selon un classement 2015-2016 établi par l’International Publishers Association.
Le Royaume-Uni occupe la première place, devant l’Islande où le nombre record d’un habitant sur dix publiera un livre durant son existence selon le site internet du Guiness World Records. En France, cette rentrée littéraire 2023 sera aussi marquée par un bouleversement du secteur. La prestigieuse maison d’édition Grasset va ainsi changer de propriétaire d’ici à octobre, ainsi que toute sa maison mère, Hachette Livre, troisième éditeur mondial repris par le groupe Vivendi et le milliardaire Vincent Bolloré.
Parmi les livres très attendus, figurent ceux de trois vedettes des lettres françaises, Amélie Nothomb («Premier sang», Albin Michel), Christine Angot («Voyage dans l’Est», Flammarion), qui sortent mi-août, et Guillaume Musso («L’Inconnue de la Seine», Calmann-Lévy) qui arrivera en septembre.
Leurs éditeurs respectifs misent beaucoup sur Catherine Cusset («La Définition du bonheur», Gallimard), Jean-Baptiste Del Amo («Le Fils de l’homme), Céline Minard («Plasmas», Rivages), David Diop («La Porte du voyage sans retour», Seuil), Sorj Chalandon («Enfant de salaud», Grasset), Philippe Torreton («Une certaine raison de vivre», Robert Laffont), Cécile Coulon («Seule en sa demeure», Buchet Chastel) ou encore Philippe Jaenada («Au printemps des monstres», Mialet-Barrault).
En littérature étrangère, parmi les sorties marquantes, on trouve deux inconnus qui déboulent avec des livres très originaux: Katharina Volckmer («Jewish Cock», Grasset) et Philipp Weiss («Le Grand Rire des hommes assis au bord du monde», Seuil).