Renforcement de la coopération militaire entre l’Algérie et les Etats-Unis : Pourparlers pour l’acquisition d’armes américaines

11/03/2025 mis à jour: 04:15
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Sabri Boukadoum, ambassadeur d'Algérie à Washington

Le dialogue militaire entre l’Algérie et les Etats-Unis entre dans une nouvelle phase. Les deux pays s’apprêtent à lancer des groupes de travail officiels afin de mettre en œuvre leur récent mémorandum d’entente en matière de défense. 

Les discussions incluraient également d’éventuelles ventes d’équipements militaires avancés. L’annonce a été faite par Sabri Boukadoum, ambassadeur d’Algérie à Washington, lors d’une rencontre avec des journalistes le 7 mars courant à Washington. 

L’objectif des discussions à venir est de renforcer la coopération sécuritaire et militaire entre les deux pays. Selon «Defense Scoop», un média spécialisé américain, le Pentagone confirme que ces groupes de travail viseront à élaborer des plans concrets de mise en œuvre à court terme du mémorandum signé le 22 janvier dernier.

Jusqu’ici, l’Algérie et les Etats-Unis entretenaient un dialogue militaire de longue date, mais sans cadre juridique structuré. Désormais, ce partenariat bénéficie d’un cadre officiel, ouvrant la voie à des projets plus ambitieux. «Nous avons un dialogue militaire qui dure depuis des années maintenant. Ainsi, le mémorandum d'entente Algérie–Etats-Unis (signé le 22 janvier dernier, ndlr) a simplement mis en place un cadre juridique pour notre coopération et ouvre la porte à de nombreuses autres possibilités pour l'avenir», a déclaré M. Boukadoum à DefenseScoop.

Ce renforcement des liens militaires s’articule autour de plusieurs axes prioritaires, à savoir l’échange d’informations, de renseignement maritime, l’acquisition de nouveaux équipements militaires, les opérations de recherche et de sauvetage, la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel.

Ces initiatives répondent à des préoccupations stratégiques majeures pour l’Algérie, qui partage une vaste frontière avec des zones d’instabilité chronique au Mali, au Niger et en Libye. La coopération avec Washington pourrait ainsi offrir de nouveaux outils à Alger pour consolider sa position et répondre aux défis sécuritaires croissants dans son voisinage immédiat.

Si l’Algérie a historiquement entretenu une relation privilégiée avec la Russie en matière d’armement, ce partenariat avec les Etats-Unis, lui, permettrait de diversifier des sources d’approvisionnement. Jusqu’à présent, les acquisitions militaires algériennes auprès de Washington ont été limitées à des munitions, des avions de transport militaire et des équipements de communication.

M. Boukadoum n'a pas pu, selon DefenseScoop, fournir des mises à jour sur d'éventuelles ventes d'équipements militaires étrangers à venir. Cependant, il a confirmé que des représentants des Etats-Unis et de l'Algérie vont créer trois nouveaux groupes de travail pour établir le plan de mise en œuvre du mémorandum et définir leurs prochaines étapes.

«Le ciel est la seule limite» 

«Le ciel est la seule limite», a déclaré l'ambassadeur, lorsqu'il a été  interrogé sur les priorités de l'Algérie dans cette expansion de la coopération militaire. L’ambassadeur reconnaît, par ailleurs, que cette initiative intervient à un moment où les intérêts américains en Afrique évoluent. Alors que Washington réduit la présence de ses troupes dans certaines régions du continent, la Russie et la Chine étendent leur influence, notamment à travers des partenariats militaires et économiques. 

M. Boukadoum a insisté sur le rôle stratégique de l’Algérie, précisant que notre pays possède un atout que ne peuvent compenser ni les technologies avancées ni les services de renseignement satellitaires  : la connaissance du terrain et des dynamiques humaines locales. «Il faut connaître les gens – les tribus et toutes les interactions entre elles – il faut disposer d'une information humaine», a-t-il expliqué. 

Au-delà des initiatives développées grâce au nouveau mémorandum, M. Boukadoum a affirmé que l'Algérie était «prête à discuter» avec les Etats-Unis de ses abondantes ressources naturelles et minérales critiques, très demandées à l’échelle mondiale. L’ambassadeur a également évoqué la possibilité d’attirer des investissements américains dans le développement de centres de données en Algérie, une alternative qui pourrait se révéler moins coûteuse que les infrastructures actuelles.

Bien que cet accord ait été conclu sous l’administration Biden, M. Boukadoum s’est voulu rassurant quant à l’avenir des relations algéro-américaines en cas de second mandat de Donald Trump.

«Permettez-moi de dire très clairement, en tant que diplomate étranger, que nous n'avons pas de préférences. Nous travaillons donc avec ''chaque'' administration. Bien sûr, nous essayons de mettre en avant notre potentiel auprès de la nouvelle administration. Avec le président Trump, il a déclaré qu'il était en faveur des accords. Nous allons donc essayer de ''lui faire voir'' les avantages d'un partenariat avec l'Algérie», a déclaré M. Boukadoum.

Il est à rappeler, par ailleurs, que l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, Elisabeth Moore Aubin, avait déclaré dans une récente interview au journal El Moudjahid que la coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme constituait la pierre angulaire des relations bilatérales entre Alger et Washington. 

«Nos deux pays, a-t-elle précisé, sont très préoccupés par la présence déstabilisatrice de groupes terroristes et d’acteurs non étatiques au Sahel. 

Les Etats-Unis reconnaissent les excellentes capacités de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme et de maintien de l’ordre, comme en témoigne la récente mission de libération d’otage».

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