Relations algéro-françaises : De nombreux dossiers en attente

25/08/2022 mis à jour: 04:48
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Photo : D. R.

Le président français Emmanuel Macron sera accompagné, lors de sa visite en Algérie qu’il entame aujourd’hui, de près d’une centaine de personnes, dont des ministres, des parlementaires, des chefs d’entreprises, des universitaires et plusieurs personnalités franco-algériennes issues de la société civile.

Emmanuel Macron entame, aujourd’hui, une visite officielle de trois jours en Algérie. L’un des objectifs de ce deuxième déplacement du président français à Alger, depuis son élection en 2017, serait de «poser un socle pour refonder et développer les relations entre la France et l’Algérie, et poursuivre le travail d’apaisement des mémoires», selon l’Élysée cité par la presse française. La même source affirme que ce voyage représente pour les Français une occasion pour essayer de relancer l’axe Paris-Alger, obstrué par le conflit mémoriel interminable, en l’orientant principalement vers «l’avenir, les start-up, l’innovation, la jeunesse et les secteurs nouveaux».

Pour ce faire, le président Macron sera accompagné de près d’une centaine de personnes, dont des ministres, des parlementaires, des chefs d’entreprises, des universitaires et plusieurs personnalités franco-algériennes issues de la société civile.

Conscient des dégâts qu’il a causés avec ses déclarations concernant l’histoire de l’Algérie, en septembre 2021, entre autres son questionnement sur «l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française ?» et son affirmation que «l’Algérie est construite sur une rente mémorielle entretenue par le système politico-militaire», le locataire de l’Élysée semble vouloir mettre le paquet pour mettre un terme à la crise diplomatique permanente entre les deux pays, voire élever les relations bilatérales à un rang d’excellence.

L’invité de l’Algérie débutera son séjour par une rencontre en tête-à-tête avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui organisera un dîner officiel en son honneur. Demain, une réunion de travail sera organisée entre les deux chefs d’Etat avec la participation d’une importante délégation de ministres français et leurs homologues algériens. Sur la table de discussions, plusieurs dossiers chauds seront évoqués, à l’instar de l’épineuse question mémorielle, sans oublier celle de l’immigration.

Les autorités françaises, qui ont réduit de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens depuis l’automne 2021, veulent conditionner sa révision à la hausse par la signature d’un accord avec l’Algérie autour de la délivrance des laissez-passer consulaires permettant d’expulser les citoyens algériens en situation irrégulière du territoire français. L’opinion algérienne attend aussi que la question de l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires menés par la France coloniale en Algérie soit abordée.

La France ambitionne, en outre, de récupérer sa place de partenaire économique privilégié de notre pays mise à mal, ces dernières années, par les offensives chinoise, turque et russe, et plus récemment américaine et italienne. Les entreprises hexagonales attendent beaucoup de cette visite en espérant qu’elles reçoivent plus d’assurances et de facilités afin d’investir davantage dans notre pays.

Par ailleurs, la géopolitique occupera certainement une bonne partie des échanges entre les responsables des deux pays. La diplomatie française veut se réapproprier un rôle important en Algérie, pays qui se tourne de plus en plus vers la Russie. Or, le gouvernement français veut non seulement contrer l’influence russe, mais il espère également voir notre pays devenir un fournisseur de substitution au gaz et au pétrole russes dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Sur un autre plan, il semble que le président Macron s’inquiète de la dégradation continue des relations algéro-marocaines. Il pourrait donc proposer une médiation. Au sujet du Sahel, notamment avec le retrait de la force Barkhane du Mali à la demande du pouvoir militaire de transition, Paris espère s’appuyer sur la forte influence d’Alger dans la région et le renforcement de leur coopération sécuritaire pour contenir la menace terroriste dans la bande sahélo-saharienne et empêcher les groupes terroristes de regagner du terrain.

A noter, enfin, que le président français veut profiter de sa présence sur le territoire national pour rappeler les liens historiques et socioculturels qui lient l’Algérie et la France, qui s’expriment singulièrement par la forte présence de la langue française, laquelle est en passe d’être remplacée petit à petit par l’anglais sur décision du gouvernement algérien.

Cette décision est perçue en France comme une mesure de rétorsion qui rentre dans le cadre de la brouille diplomatique entre les deux pays qui dure depuis plusieurs mois. C’est pourquoi, il a programmé plusieurs rencontres avec la jeunesse algérienne à Alger et à Oran, où il prévoit même d’assister à une performance artistique. 

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