Règlement de la crise libyenne : L’Algérie et la Tunisie pour une solution interne

12/06/2022 mis à jour: 02:17
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Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et ses homologues tunisien et libyen, Othman Jerandi et Najla Al Mangoush, insistent sur l’importance de la stabilité en Libye

Le communiqué publié avant-hier, 10 juin, suite à la rencontre tripartite à Tunis des ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, la Libye et la Tunisie, montre l’attachement des trois pays à la stabilité de la région. 

Ramtane Lamamra, Najla Mangoush et Othmane Jerandi ont insisté sur leur attachement à une réconciliation inter-libyenne, qui s’expliciterait lors de la prochaine rencontre du Caire entre les représentants du Parlement et du Conseil de l’Etat, en vue d’un socle constitutionnel aux prochaines élections. L’Algérie, la Libye et la Tunisie sont plutôt favorables à une solution interne, tenant en considération les spécificités de la Libye. 

Le communiqué émanant de la rencontre de Tunis des trois ministres des Affaires étrangères n’a pas manqué de passer en revue toutes les questions intéressant la région. Il a notamment évoqué le Sommet arabe que va abriter Alger les 1er et 2 novembre prochain, le sommet Ticad 8 de la coopération japonaise en Afrique, prévu les 27 et 28 août à Tunis et, bien sûr, la question libyenne. 

Alger et Tunis ont exprimé leur rejet de toute scission en Libye et manifesté leur soutien à une solution libyo-libyenne, ouvrant la voie à des élections générales qui mettraient fin à cette très longue phase transitoire. La référence dans le communiqué de Tunis à la réunion du Caire, entre le Parlement et le Conseil de l’Etat, est un pas positif de la part de la ministre libyenne Mangoush, puisque Abdelhamid Dbeibah, le chef du gouvernement provisoire libyen, ne reconnaît pas ces institutions, depuis qu’elles ont voté sa destitution.

Il y a certes la touche de Stéphanie Williams, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en Libye, derrière la formulation de ce communiqué. Mais, il y a surtout l’attachement de l’Algérie et la Tunisie à une solution concertée en Libye, tenant principalement en considération, d’abord, les intérêts des Libyens et, ensuite, des pays riverains. «Le contenu du communiqué mixte crie surtout haut et fort le rejet de toute scission en Libye, qui ne sert l’intérêt de personne, en dehors de quelques forces régionales», selon les propos du politologue libyen Abdelaziz Gheniya, dans une communication téléphonique avec El Watan. 

Le communiqué passe, par ailleurs, sous silence le conflit de légitimité entre les gouvernements Dbeibah et Bachagha, «ce qui est considéré comme acceptation de la situation actuelle, en attendant les élections», a ajouté le politologue, méfiant sur «la tenue d’élections en l’absence d’un gouvernement souverain sur toute la Libye». Gheniya n’est pas spécialement optimiste quant à la conclusion du processus du Caire, «à moins d’un revirement de la communauté internationale, par rapport à son soutien à Dbeibah et l’installation d’une autre personnalité, autre que Bachagha, à Tripoli». 

Dessous

La réunion tripartite de Tunis pourrait être une réaction aux échos venant de Paris sur un projet de confédération libyenne, soutenu par la France. Ledit projet est soutenu par Mansour Seif Ennasr, l’ancien ambassadeur de Libye en France, ainsi que l’ancien chef de gouvernement Ali Zeydane, proche, lui-aussi, des Français. Une délégation formée de 11 personnalités de Fezzan (Sud libyen) est déjà dans la capitale française, selon le journal en ligne Al Wassat. 

Mais, toute la question est de savoir s’il s’agit juste de protéger les éternels intérêts français dans cette région limitrophe du Tchad et du Niger, ou si c’est une étape sur un projet plus large de confédération. Par ailleurs, d’autres réunions se sont tenues à Montreux, en Suisse, ou encore au Maroc, toujours selon les mêmes sources d’Al Wassat. 

Le politologue libyen Abdelaziz Gheniya a même avancé une hypothèse, lors de ses échanges avec El Watan, en évoquant la présence des fils de Khalifa Haftar dans les réunions du Maroc. «Cela pourrait renvoyer à un transfert de témoins en Libye, puisque la population commence à en avoir marre de ces têtes qui ont noirci le paysage politique durant la dernière décennie en Libye», a-t-il avancé. 

Le juge Jamel Bennour partage, par ailleurs, cet avis, puisqu’il propose, lui-aussi, de «changer de têtes» afin de pouvoir avancer. Une réconciliation pourrait mieux se faire entre les générations suivantes de celles du conflit, toujours selon le juge. 

Tunis
De notre correspondant  Mourad Sellami

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