Règlement de la crise libyenne : L’Algérie appelle au retrait des mercenaires

06/02/2024 mis à jour: 04:01
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Photo : D. R.

Le président Abdelmadjid Tebboune a renouvelé son appel à toutes les parties concernées par la question libyenne à se rassembler autour du processus de règlement pacifique de la crise qui secoue ce pays depuis plus d’une décennie, en insistant sur le respect de la souveraineté de la Libye, son intégrité territoriale et l’indépendance de ses décisions.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réitéré le soutien de l’Algérie aux efforts africains et internationaux allant dans le sens d’un règlement pacifique de la crise qui secoue la Libye depuis plus d’une décennie.

Dans une allocution prononcée en son nom par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, qui s’est rendu hier à Brazzaville, en République du Congo, pour prendre part à la dixième réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, le président Tebboune a salué tous les efforts qui visent à ramener la sécurité et la paix en Libye et à favoriser la tenue d’élections et la consécration de la réconciliation nationale.

Il a, en revanche, exprimé le rejet total de l’Algérie de toute ingérence étrangère dans les affaires internes de ce pays. «Nous rejetons toute ingérence dans la décision libyenne et appelons à la préservation de la souveraineté nationale de ce pays frère», a-t-il souligné, relevant ainsi l’impérieuse nécessité de «mettre fin à toutes formes de présence militaire» sur le sol libyen et de «faire sortir» de ce pays «tous les groupes de mercenaires, quel que soit le nom qu’ils portent».

Le président de la République a souligné que «le recours à la force ne fera que conduire à la poursuite et à l’aggravation de la crise, et mettre en péril l’avenir du peuple libyen et compromettre son droit à la stabilité, à la sécurité et à la prospérité».

Les armes, a-t-il ajouté, ne font qu’accélérer la détérioration de la situation dans le pays et, par ricochet, dans toute la région qui subit plus que d’autres «les effets négatifs de cette crise», dont l’accentuation de la menace terroriste et la prolifération des réseaux criminels versés dans toutes sortes de trafic, allant de la drogue aux armes, en passant par la traite humaine.

Le chef de l’Etat a également renouvelé son appel à «toutes les parties extérieures concernées par la question libyenne à se rassembler autour du processus de règlement pacifique de cette crise, en respectant la souveraineté de la Libye, son intégrité territoriale et l’indépendance de ses décisions.»

«Aucune solution  définitive à la crise libyenne ne pourrait venir que d’un processus qui consacre le principe de la souveraineté nationale qui permet aux frères libyens de prendre en charge leurs affaires, de préserver leur droit inhérent aux richesses de leur pays, de les gérer et de les exploiter de manière à ce qu’elles puissent leur garantir la stabilité, le développement et la prospérité», a-t-il affirmé.

Il a invité les Libyens à «commencer à préparer leur avenir à travers des échéances nationales auxquelles participeront toutes les parties», tout en les appelant à «placer l’intérêt suprême de leur pays au-dessus de tout» en œuvrant à «la réunification pour une Libye sûre et stable».

Surmonter les différends

Depuis le renversement du régime du colonel Mouammar El Gueddafi en 2011 par les forces de l’OTAN et le chaos qui s’en est suivi, l’Algérie n’a ménagé aucun effort pour trouver une solution politique à la grave crise que traverse ce pays, avec lequel elle partage une frontière longue de près de 1000 km.

Dans toutes les rencontres et les réunions, aussi bien bilatérales que multilatérales, Alger a toujours défendu le principe d’un règlement du conflit à travers un dialogue national inclusif qui permettrait de dépasser les crispations et de surmonter les différends pour ramener à nouveau la paix dans ce pays et éloigner le spectre de la partition.

L’engagement de l’Algérie en faveur de la résolution de cette crise qui menace la stabilité régionale a été réitéré  par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, lors de sa visite samedi à Tripoli en tant qu’envoyé spécial du président Tebboune.

Il avait ainsi fait état de «la disposition de l’Algérie à contribuer, de par sa position au sein du Conseil de sécurité, à défendre les préoccupations et les priorités des frères libyens, en vue d’accélérer la réalisation d’une solution libo-libyenne, à même de mettre fin définitivement à la crise».

C’est dans le même esprit que s’inscrit la participation de l’Algérie au sommet de Brazzaville qui se veut un prélude à la relance du processus de réconciliation nationale dans ce pays miné par les luttes tribales, souvent attisées et alimentées par des puissances étrangères pour servir leurs propres agendas régionaux.

Réconciliation nationale

Les participants à ce sommet se pencheront sur les voies et moyens à même de parvenir à un consensus entre les différentes parties libyennes pour la réalisation d’une réconciliation nationale qui permettrait de régler définitivement la crise et de remettre le pays sur la voie de la paix, de la stabilité et de la prospérité.

L’UA veut ainsi préparer le terrain pour la tenue de la conférence nationale de réconciliation inclusive, prévue le 28 avril à Syrtes. Il s’agit pour l’Organisation africaine de trouver les moyens de convaincre toutes les forces libyennes de la nécessité d’aller vers l’organisation d’élections parlementaires et présidentielles dans les plus brefs délais.

Des élections législatives et présidentielles qui devaient avoir lieu en 2021. Mais ces échéances ont  été reportées sine die à cause de graves dissensions internes. Embourbé dans une interminable guerre entre les pouvoirs de l’Est et de l’Ouest, ce pays de près de sept millions d’habitants, riche en hydrocarbures, peine à retrouver la voie de la paix et de la stabilité.

Aujourd’hui, la Libye, victime d’ingérences étrangères, voit son unité plus que jamais menacée, avec deux gouvernements, l’un porté par le maréchal Khalifa Haftar qui commande l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), et l’autre dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah. Le gouvernement d’unité nationale, dirigée par M. Dbeibah, est reconnu par la communauté internationale.

Mais le maréchal Haftar, qui cache mal ses ambitions présidentielles, refuse de le reconnaître et cherche à imposer sa propre feuille de route. Il a d’ailleurs tenté, en 2019, de renverser le gouvernement d’unité nationale en lançant une offensive contre Tripoli, avec le soutien des Emirats arabes unis et des milices russes de Wagner. Grâce au soutien militaire turc, le gouvernement de Tripoli a réussi à mettre en échec cette offensive.

Affaibli, l’homme fort de l’Est libyen a fini par signer un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement de Tripoli en octobre 2020, à Genève. Mais les frictions entre les deux gouvernements n’ont pas cessé, puisque la Libye est toujours dirigée par deux gouvernements rivaux. Une aggravation du conflit risque de conduire le pays à l’éclatement. Un scénario qui aggraverait l’instabilité régionale.

 

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