Invité hier du Forum d’El Moudjahid, le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Yacine Mehdi Walid, a dévoilé une série de réformes visant à moderniser son secteur et à l’adapter aux réalités économiques du pays.
Numérisation, refonte des filières, mise en place de centres d’excellence et accompagnement des jeunes en décrochage scolaire : autant de chantiers qui ont été annoncés par le ministre. L’une des annonces du ministre concerne la mise en place d’une Commission nationale de la réforme de la formation professionnelle.
Elle réunira experts, pédagogues et professionnels du secteur pour proposer des recommandations adaptées aux besoins du marché. Cette démarche participative vise à dépasser une approche purement administrative pour inscrire la réforme dans une dynamique «pragmatique».
La digitalisation de la formation professionnelle est un autre pilier central de cette réforme. «Notre objectif était de mener une rentrée avec zéro papier», a affirmé Yacine Mehdi Walid. Le pari est tenu, d’après ses dires : 251 000 jeunes ont pu s’inscrire sans papier ni intermédiaire. La numérisation ne se limite pas aux inscriptions.
L’un des problèmes majeurs auxquels fait face la formation professionnelle en Algérie est, affirme Yacine Mehdi Walid, l’adéquation entre l’offre de formation et la demande du marché du travail. «Nous sommes en train de réduire les filières où il y a saturation et d’augmenter les places dans celles qui manquent de main d’œuvre», a précisé le ministre.
Ainsi, certaines formations, comme la gestion, ont vu leur nombre de places réduites, tandis que d’autres, en tension sur le marché du travail, ont été renforcées. Les secteurs de l’industrie, des travaux publics et du BTPH (Bâtiment, Travaux publics et hydraulique) bénéficient d’une hausse du nombre de places disponibles. «Cette révision s’appuie sur une analyse fine des données du marché et des besoins exprimés par les entreprises», déclare le ministre.
Centre spécialisé dans le tissage
Dans sa volonté d’élever la formation professionnelle à un niveau supérieur, le ministère a annoncé la création de 12 centres d’excellence. Ces établissements, spécialisés selon les spécificités régionales, joueront, selon lui, un rôle imporyant dans l’ingénierie pédagogique et la formation d’une élite technique. Le ministre a cité plusieurs exemples d’un centre dédié à l’électronique et à l’électroménager à Bordj Bou Arréridj, région connue pour son industrie électronique ainsi qu’un centre spécialisé dans le tissage à Bouira, afin de répondre aux besoins du secteur textile.
«Ces centres, développés en partenariat avec les entreprises économiques locales, garantiront une formation adaptée aux réalités du terrain et favoriseront une insertion professionnelle rapide», a ainsi souligné le ministre. Le ministère de la Formation entend également, et ce, depuis des années sans vraiment y parvenir, répondre à un défi social qui est celui d’accompagner les jeunes en échec scolaire.
«Les élèves en échec scolaire seront orientés vers des métiers professionnels ou techniques de la même manière qu’ils sont orientés vers une filière scientifique ou littéraire», a expliqué le ministre, précisant que ce projet, mené en collaboration avec le ministère de l’Education vise à intégrer ces jeunes dans le système éducatif au lieu de les en exclure.
Une approche inclusive qui pourrait offrir de nouvelles perspectives à des milliers de jeunes en difficulté. Le ministère travaille également sur l’actualisation des programmes, avec un double objectif : réduire les offres de formation peu sollicitées et anticiper les métiers émergents.
«Il ne s’agit plus seulement de transmettre des savoirs théoriques, mais bien de former des professionnels opérationnels dès leur sortie de formation», affirme le ministre qui soutient que son département est désormais basé sur une «approche pragmatique et réaliste qui prend en considération l’ensemble des préoccupations des différents secteurs et en concertation avec les entreprises économiques». Amel Blidi