Après une année 2024 riche en changements sur le marché financier à travers, notamment, une opération réussie pour le CPA et un nouveau cadre réglementaire qui a accordé des facilitations et des incitations pour l’introduction en Bourse, 2025 commence avec des indicateurs au vert. Les perspectives s’annoncent d’ailleurs prometteuses, selon le président de la Cosob, Youcef Bouzenada, et le directeur général de la SGVB, Yazid Benmouhoub. La prochaine arrivée de la BDL sur le compartiment principal et de Tosyali sur le compartiment Premium des titres de créance de la Bourse marqueront sans nul doute une nouvelle étape sur le marché.
Dossier réalisé par Samira Imadalou
Dans moins de deux semaines, la Banque de développement local (BDL) clôturera officiellement l’opération de souscription lancée le 20 janvier pour une durée d’un mois (du 20 janvier au 20 février) pour l’augmentation de son capital à hauteur de 30%.
La BDL aspire en effet via son appel public à l’épargne (APE) à lever 61,8 milliards de dinars, dont 44,2 milliards de dinars, au titre de l’augmentation de capital et une prime d’émission de 17,68 milliards de dinars. Le produit de cette opération vise globalement, selon le premier responsable de la BDL qui multiplie les sorties sur le terrain depuis le début de l’année, à augmenter les fonds propres de la BDL, renforcer sa position financière et accroître sa capacité à financer de nouveaux projets.
Une fois finalisé, ce processus marquera l’entée en Bourse (compartiment principal) de la deuxième banque publique en moins d’une année. Après le CPA coté en Bourse pour la première fois le 26 mars 2024, ce sera donc au tour de la BDL de franchir le pas. Et ce, en attendant d’autres acteurs dans d’autres secteurs, puisque bon nombre d’entreprises n’ont pas manqué d’afficher leur intérêt pour le marché boursier, notamment celles activant dans l’industrie pharmaceutique. Alors que l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy a déjà été annoncé, Pharma Invest est également sur la liste. Le dossier a fait d’ailleurs l’objet de la première réunion du guichet unique sous la présidence de la Commission d’observation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) la semaine dernière dans l’objectif d’accompagner cette entreprise dans sa démarche d’ouverture sur le marché boursier.
Ce qui illustre l’attrait de plus en plus important aux financements intermédiaires via le marché financier après des années de léthargie. Le cas Tosyali attendu aussi sur le marché obligataire via le lancement prochain d’un emprunt obligataire d’un montant initial de 15 milliards de dinars et d’une maturité de 5 ans est à relever dans ce sillage. L’opération porte, faut-il noter, sur l’émission de 1,5 million à 2 millions d’obligations ordinaires d’une valeur nominale de 10 000 DA par obligation.
Des obligations qui seront négociées sur le compartiment Premium des titres de créance de la Bourse des valeurs mobilières. Cet emprunt obligataire a une maturité de cinq ans avec un coupon annuel fixe de 5,65%. Il servira au financement partiel du nouveau complexe sidérurgique intégré de production des aciers plats, indique la commission.
Toutes ces opérations seront à même de dynamiser le marché financier. En réponse à cette question, les principaux intervenants sur le marché sont optimistes. De même pour les nouveaux arrivés. Il reste à espérer que ces changements viennent réellement imprimer une dynamique plus importante au marché en contribuant à la mobilisation de l’épargne des agents financiers et en drainant l’argent circulant hors circuit bancaire. Un point déjà atteint en partie, puisque l’opération CPA y a partiellement contribué.
En effet, sur les 112 milliards de dinars levés par cette banque publique sur le marché boursier lors de l’ouverture de son capital en mars dernier, plus du quart, soit quelque 28,7 milliards DA, est provenu à partir des circuits parallèles, selon les données de la Cosob. Une manière de transformer l’argent informel en valeurs mobilières (actions). Quel sera le montant dans ce cas pour la BDL et Tosyali ? En tout cas, c’est un autre défi pour le marché parallèle dans le cadre de ces opérations qui va donner le ton pour celles à venir. Comme ce sera également un test pour le management de ces entreprises.
Car, au-delà d’impulser une nouvelle dynamique à l’économie algérienne et de générer de nouvelles richesses, il s’agit avant tout d’améliorer la gouvernance de ces entités économiques. Mais faudrait-il que les investisseurs institutionnels, à l’image des compagnies d’assurance, s’impliquent grandement dans ce processus d’ouverture pour diversifier le financement de l’économie. «Notre pays est actuellement totalement dépendant de l’intermédiation bancaire pour son développement.
Et il a été largement démontré que cette dernière a été au moins partiellement inefficace. Alors bienvenue à la finance directe - finance de marché», a indiqué, récemment, à ce sujet dans un entretien à El Watan, l’expert financier Rachid Sekak. Avec un cadre réglementaire «de plus en plus adapté et incitatif», comme le précise le président de la Cosob, Youcef Bouzenada, les indicateurs semblent aujourd’hui en faveur du développement de ce marché.