Réalisation des projets de développement en Afrique : Les populations face aux enjeux des dynamiques urbaines

11/12/2023 mis à jour: 03:22
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Photo : D. R.

Vaste continent avec ses immenses richesses et une population dépassant 1,3 milliard d’âmes, l’Afrique fait face à d’énormes défis pour subvenir aux besoins de ses habitants.

Le continent se développe aussi à une vitesse vertigineuse et les Etats se retrouvent engagés dans une course pour trouver des solutions aux nombreux problèmes qui entravent la réalisation des projets de développement face aux dynamiques urbaines et territoriales. Selon les chiffres de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique ont atteint 97 milliards de dollars (2020 et 2021), avec une croissance de 147% en 2021.

Une croissance qui diffère d’un pays à un autre, mais qui demeure prometteuse. «Les dynamiques urbaines et territoriales non maîtrisées dans l’ensemble des pays africains entravent la réalisation des projets de développement. La plupart de ces pays souffrent essentiellement de disparités territoriales, d’inégalité dans l’accès aux ressources, d’absence d’infrastructures, de manque de couverture sanitaire, de précarité de logement et d’insalubrité environnementale.

Les études sur les dynamiques d’urbanisation prévoient 950 millions de personnes supplémentaires dans les villes africaines dans les années prochaines. Les risques environnementaux et économiques auxquels l’ordre mondial est exposé multiplient la fragilité de ces pays et réduisent leurs résiliences.

Les projets de développement en vue d’améliorer le niveau et le cadre de vie des citoyens sont toujours en proie à divers problèmes qui entravent leur réalisation», a déclaré Aïcha Djeghar, maître de conférences A, directrice du Laboratoire des territoires dynamiques, intelligents et résilients (LabTerDIR) de l’Institut de gestion des techniques urbaines (IGTU) à l’université Salah Boubnider - Constantine, lors de son allocution d’ouverture, hier, du Colloque international, ayant pour thème «Les projets de développement à l’épreuve des dynamiques urbaines et territoriales en Afrique», organisé par le LabTerDIR, les 10 et 11 décembre à l’IGTU.

La nécessité d’étudier en profondeur ces problèmes et leurs raisons, et face à la multiplicité des hypothèses (politiques, économiques, sociales et historiques), les organisateurs ont focalisé les débats autour des questions d’aménagement de ces territoires qui représente un enjeu de taille pour les Etats.

Un objectif que cette rencontre a tenté d’atteindre en réussissant à mobiliser plusieurs compétences africaines, mais aussi des académiciens, avec la participation d’experts russes, qui ont tenu à apporter leurs contributions pour en sortir avec des recommandations à destination des décideurs.

Deux pays, deux exemples

L’exemple parfait des problèmes rencontrés pour la réalisation des projets de développement en Afrique en raison des contraintes urbaines a été présenté par le Dr Nyalewo Mawussi Kossi, du Centre d’excellence régional sur les villes durables en Afrique à l’université de Lomé, du Togo, qui a abordé la thématique de «La gestion urbaine à l’épreuve de l’information sur les transactions foncières».

Evoquant le problème de la forte progression de l’urbanisation dans les villes, l’intervenant a révélé les cas récurrents du trafic qui marque le foncier dans la petite ville de Moyen Mono 1, à travers l’achat et les reventes frauduleuses de la même parcelle, les occupations illicites, la marchandisation sans normes urbanistiques et le non-respect des procédures pour l’acquisition du titre foncier.

Des pratiques qui ont toujours eu des répercussions négatives pour l’accès des citoyens aux services urbains, comme l’eau, l’électricité et la voirie. «Il en résulte ainsi des problèmes urbains, tels que l’insécurité des droits, la non-opérationnalité des plans de développement et des difficultés de fourniture des services urbains. Il est urgent alors d’innover en matière d’outils en créant des registres numériques décentralisés capables de suivre les transactions foncières dans toutes les communes», a préconisé le Dr Nyalewo.

En Algérie, c’est le projet du Park Mall de Sétif qui a été présenté comme un exemple parfait ayant donné un apport à la dynamique économique de la ville. Pour le Pr Said Madani de l’Institut d’architecture et des sciences de la terre de l’université Ferhat Abbas (Sétif 1), qui a rappelé la genèse de ce projet depuis les années 1990, l’activité commerciale dans cette ville a toujours été l’une des mesures de l’animation urbaine.

«Le projet, lancé en 2010 et qui a coûté plus de 120 millions d’euros, devenu un grand complexe commercial et une destination de loisirs, a eu un impact économique significatif sur la ville en réussissant à attirer des visiteurs de la wilaya et des autres régions», ajoute le Pr Madani. Ce dernier ne manquera pas de noter qu’en dépit de tout cela, le Park Mall a eu pour effet négatif la dévitalisation commerciale du centre historique. Des effets qu’on ne cesse de déplorer dans la capitale des Hauts-Plateaux. 

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