Les pays en développement ont dépensé un montant inédit de 1400 milliards de dollars au titre du service de leur dette extérieure, la charge des intérêts ayant atteint en 2023 son niveau le plus élevé depuis 20 ans», selon la dernière édition du Rapport sur la dette internationale de la Banque mondiale (BM) de décembre 2024.
Le communiqué de la BM fait observer que «les paiements d’intérêts ont augmenté de près d’un tiers et se sont élevés à 406 milliards de dollars». Ces montants colossaux auraient pu bien entendu, affirme la même source, servir au financement de nombreux secteurs, tels que la santé, l’éducation et l’environnement. La pression financière, affirme-t-on, a été la plus intense dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ceux qui sont éligibles aux prêts de l’Association internationale de développement (IDA) du groupe de la Banque mondiale.
Ces pays ont payé en 2023, note le communiqué de la BM, un montant record de 96,2 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure. Durant cette année en effet, si les remboursements du principal ont diminué de près de 8% pour atteindre 61,6 milliards de dollars, les charges d’intérêt ont, au contraire, grimpé à un niveau sans précédent, pour atteindre 34,6 milliards de dollars en 2023, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans. En moyenne, les paiements d’intérêts des pays IDA, note le texte de la BM, s’élèvent aujourd’hui à près de 6% de leurs recettes d’exportation, une proportion qui n’a pas été observée depuis 1999 et qui va même jusqu’à 38% pour certains d’entre eux.
Du fait du resserrement des conditions de crédits, a-t-on indiqué, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales «sont devenues la principale bouée de sauvetage des économies les plus pauvres». La Banque affirme que depuis 2022, «les créanciers privés étrangers ont reçu près de 13 milliards de dollars de plus en remboursement de la dette contractée par des emprunteurs du secteur public des pays IDA» que ce qu’ils ont déboursé en nouveaux financements. Et d’ajouter qu’«au cours de la même période, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales ont injecté près de 51 milliards de dollars de plus en 2022 et 2023 par rapport aux remboursements perçus au titre du service de la dette. La Banque mondiale a financé un tiers de cette somme, soit 28,1 milliards de dollars».