Raids israéliens et escalade de la violence : Dans l’enfer de la Cisjordanie

06/03/2025 mis à jour: 04:29
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Un officier de l’armée israélienne ordonne à un secouriste palestinien du Croissant-Rouge de contraindre les habitants à rebrousser chemin et à évacuer rapidement la zone

Infrastructures dévastées, maisons éventrées, colonnes de fumée. La Cisjordanie s’embrase depuis que l’armée d’occupation israélienne y a lancé une offensive d’une ampleur inédite, notamment sur Jénine et Tulkarem. 

Si le prétexte invoqué est de démanteler les groupes armés palestiniens, la réalité du terrain fait état de 946 morts (dont 110 personnes au moins ont été tuées depuis l’arrêt officiel de la guerre génocidaire le 19 janvier), une majorité de civils (dont 187 enfants) et 40 000 déplacés.

Les forces d’occupation israéliennes ont procédé, hier, à la destruction des domiciles de deux Palestiniens à Al Khalil (dite Hébron), dans le sud de la Cisjordanie occupée. L’armée génocidaire accuse ces derniers d’avoir perpétré un attentat meurtrier à Tel-Aviv en octobre 2024, une attaque qui avait coûté la vie à sept personnes et blessé quinze autres. 

L’opération, confirmée par un communiqué militaire, s’inscrit dans la politique israélienne de démolition des maisons des auteurs présumés d’attentats. 

L’armée d’occupation assure que ces mesures ont un effet dissuasif. Dans les faits,  elle prive des familles entières de leurs foyers. Hier encore, les opérations militaires israéliennes se poursuivaient à Jénine, où le camp de réfugiés est le centre d’affrontements incessants. 

Pour le 44e jour consécutif, les forces israéliennes maintiennent un siège strict, multipliant incursions et arrestations. Selon la municipalité de Jénine, au  moins 120 maisons ont été détruites. La situation inquiète les organisations internationales, qui alertent sur l’aggravation des conditions humanitaires dans les territoires palestiniens.

Les habitants «ont enduré l’impossible»

Par ailleurs, les forces d’occupation ont également arrêté plusieurs jeunes Palestiniens du quartier avant de se retirer, et ont fait exploser un appartement résidentiel et forcé plusieurs Palestiniens à quitter leur domicile. Le directeur du département des relations publiques de la municipalité de Jénine, Bashir Matahin, a déclaré à Wafa que l’armée sioniste avait délibérément détruit tous les aspects de la vie dans le camp de Jénine. Il a souligné que les équipes de la municipalité ont pu pénétrer à une distance de seulement 10 mètres du camp, où ils ont constaté d’énormes destructions. 

Depuis le début de son agression contre le camp de Jénine, l’armée sioniste a également mené 336 raids, perquisitions et enquêtes sur le terrain, tandis que ses drones ont mené près de 15 bombardements.  

 Il est important de souligner que les chars israéliens ont été déployés en Cisjordanie. Pour la première fois depuis la fin de la seconde Intifadha (2000-2005). Selon l’ONU, l’une des attaques les plus destructrices a eu lieu le 2 février, le jour même de la rentrée scolaire où 5000 enfants ont ainsi vu leur retour en classe réduit en cendres. 

A Tulkarem, les forces d’occupation israéliennes ont saccagé le siège du Fatah, détruisant des documents, arrachant les drapeaux palestiniens. Des bureaux de change ont été mis à sac, accusés d’activités illégales.  

Cette politique de répression s’étend à tous les aspects de la vie quotidienne. En tout et pour tout, et depuis octobre 2023, 946 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, dont 187 enfants. Le 2 février, une explosion a secoué Jénine, privant 40% de la ville d’eau potable. Le maire de Jénine, Mohammed Jarrar, estime que 40% de la ville n’a plus accès à l’eau. Près de 30 000 habitants ont fui, éparpillés dans des villages voisins. Même les funérailles sont sous contrôle, voire, dans certains cas, interdits.

Contrairement à la tradition palestinienne, les corps des victimes ne peuvent plus être portés sur les épaules des proches. Ce sont les ambulanciers du Croissant-Rouge qui les transportent, sous la surveillance des militaires israéliens. Des centaines de maisons ont été détruites. Selon Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, «les habitants de Jénine ont enduré l’impossible». 

Environ 30 000 d’entre eux ont été contraints de fuir, certains trouvant refuge chez des proches, d’autres errant sans solution. Israël Katz, ministre israélien de la Défense, a déclaré que les habitants des camps de réfugiés ne pourraient pas rentrer chez eux avant la fin des opérations militaires. Sous le bourdonnement incessant des drones israéliens, surnommés «zannana» en arabe, les habitants tentent de survivre dans un quotidien fait de ruines et de deuils. 

L’ONU, les ONG humanitaires et les organisations de défense des droits humains ne cessent d’alerter sur une situation qui dépasse le seuil du supportable. Pourtant, sur le terrain, les bombes continuent de pleuvoir et l’exode forcé se poursuit.  
 

 

 

 

L’Afrique du Sud accuse Israël d’«utiliser la famine comme arme de guerre»

Israël «utilise la famine comme arme de guerre» à Ghaza en bloquant depuis dimanche l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, a dénoncé hier l’Afrique du Sud, déjà à l’origine d’une plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice. «En empêchant l’entrée de nourriture à Ghaza, Israël continue à utiliser la famine comme arme de guerre», accuse Pretoria dans un communiqué publié par son ministère des Affaires étrangères. L’Afrique du Sud «condamne fermement le refus d’Israël d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza» alors que les 2,4 millions d’habitants assiégés ont un «besoin urgent de nourriture, d’abris et de fournitures médicales», avertit Pretoria. En raison du blocage des négociations sur la suite de l’accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, le gouvernement de Benyamin Netanyahu empêche depuis dimanche l’entrée de l’aide humanitaire pour la population. Au lendemain de la poussée de l’offensive israélienne dans la ville de Jénine en Cisjordanie occupée, l’Afrique du Sud «condamne également» ces «opérations militaires israéliennes en cours» qui «représentent une escalade dangereuse». L’armée d’occupation israélienne a lancé le 21 janvier une opération visant les groupes de résistance palestiniens dans le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. 
 

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