Putsch au Gabon : le général Oligui prête serment en tant que «président de la transition»

04/09/2023 mis à jour: 01:42
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Le général Brice Oligui Nguema à Libreville le 16 août 2023

Moins d'une semaine après avoir mené un coup d'État contre Ali Bongo Ondimba, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment le lundi 4 septembre en tant que président d'une période de "transition" au Gabon, sans préciser sa durée, tout en promettant d'établir des "institutions plus démocratiques" en vue d'élections libres. 

Des militaires putschistes avaient annoncé le 30 août la "fin du régime" d'Ali Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant 14 ans, à peine une heure après l'annonce de sa réélection lors de l'élection du 26 août, affirmant qu'elle avait été truquée.

Le général Oligui, âgé de 48 ans, a prêté serment devant des juges de la Cour constitutionnelle vêtu de son uniforme rouge de la Garde républicaine, l'unité d'élite de l'armée qu'il commandait. Il a déclaré : "Je jure devant Dieu et le peuple gabonais de préserver fidèlement le régime républicain" et "de préserver les acquis de la démocratie". Il a également promis des élections libres et transparentes à la fin de la période de transition et s'est engagé à amnistier les "prisonniers d'opinion".

Pendant plus de 55 ans, la famille Bongo a dirigé le Gabon, l'un des pays les plus riches d'Afrique grâce à ses ressources pétrolières, mais où la richesse était concentrée entre les mains d'une élite accusée de corruption massive et de mauvaise gouvernance. Ali Bongo Ondimba, âgé de 64 ans, était au pouvoir depuis 2009, succédant à son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le pays pendant plus de 41 ans. Omar Bongo était également un acteur majeur du système de "Françafrique", caractérisé par la coopération politique, les intérêts commerciaux protégés, et la corruption entre la France et certaines de ses anciennes colonies africaines.

Le coup d'État militaire s'est déroulé mercredi peu de temps après l'annonce de la réélection d'Ali Bongo à près de 65 % des voix. Le général Oligui a qualifié le coup de "putsch sans effusion de sang". Aucun décès ni blessé n'a été signalé jusqu'à présent. L'Union africaine, l'Union européenne, l'ONU et de nombreuses capitales occidentales ont condamné le coup d'État, mais ont souligné qu'il était différent des précédents putschs en Afrique en raison des allégations de fraude électorale préalable.

Le général Oligui a depuis rencontré de nombreuses parties prenantes de la société gabonaise, notamment des responsables religieux, des chefs d'entreprise, des syndicats, la société civile, des partis politiques, des ONG, des diplomates et des bailleurs de fonds. Il a affirmé son engagement dans la lutte contre la corruption, la mauvaise gouvernance et l'amélioration de l'économie, tout en promettant des élections libres et transparentes à l'avenir. Cependant, ces élections ne se tiendront qu'après l'adoption d'une nouvelle constitution "plus démocratique" et "respectueuse des droits de l'homme" par référendum, une décision qui sera prise sans précipitation, selon le général Oligui.

Malgré le couvre-feu en place depuis le putsch, la vie a repris son cours normalement au Gabon. La télévision publique a diffusé des images montrant la saisie de sommes considérables d'argent en espèces chez des membres de l'entourage d'Ali Bongo, accusés de corruption et d'autres crimes, notamment sa mère Sylvia Bongo, qui est détenue au Gabon. Ces membres de la "jeune garde" proche d'Ali Bongo sont détenus pour des accusations telles que la haute trahison, le détournement massif de fonds publics et la falsification de la signature du chef de l'État. Les putschistes affirment que ces membres ont manipulé Ali Bongo en profitant de séquelles d'un grave accident vasculaire cérébral survenu en 2018.

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