Prévention et conformité

09/12/2023 mis à jour: 00:45
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Les épisodes récurrents, parfois dramatiques, des intoxications au monoxyde de carbone posent l’urgence d’un renforcement et d’un redéploiement du système de contrôle de la qualité et de la conformité des appareils utilisés dans les foyers. 

Les campagnes de sensibilisation et de prévention, si elles sont utiles et nécessaires, ne sont pas suffisantes pour réduire ou mettre un terme à ce phénomène meurtrier qui occupe dans une proportion inquiétante les communiqués journaliers de la Protection civile. Les initiatives de vulgarisation et d’explication en direction de la population ont été fort nombreuses ces dernières années et ont vu la participation de plusieurs départements ministériels, d'organismes publics ainsi que du mouvement associatif. 
 

L’impact est sans nul doute effectif parmi les citoyens qui ont eu à prendre connaissance à la télévision, sur les réseaux sociaux ou lors des sorties de proximité, des mesures à prendre pour éviter les sinistres à la maison. Cependant, comme dans bon nombre de dossiers où l’on compte un risque vital sur les usagers, à l’image de la circulation routière, le facteur humain est trop souvent prioritairement mis en cause lors de la survenue d’incidents. Le principe de l’«enquête accident» mérite d’être étendu à toutes les situations entraînant mort d’homme ou des dommages graves. 
 

Dans la définition de cette technique fort connue dans l’aviation, il est mentionné que «l’enquête vise à trouver des faits, et non des coupables». Les exemples de secteurs où l’on a observé une confusion entre la responsabilité humaine directe et les anomalies matérielles sont nombreux. Lors des cas d’incendie de biens industriels ou de services enregistrés par le passé, les conclusions au sein de l’opinion publique se rejoignaient sur la thèse improbable d’une tentative de malversation des propriétaires ou d'actes de malveillance fomentés de l’extérieur. Il pouvait s’agir, en réalité, de la détérioration d’accessoires électriques de contrefaçon, acquis en magasin ou dans la rue par quelque employé sous-encadré. 

Une erreur d’aiguillage entre un équipement de fabrication locale et celui d’importation peut être fatale, et une économie de quelques centaines de dinars peut tourmenter les assureurs les plus hardis. L’expérience des correspondants de presse est jalonnée par la chronique itérative des crises d’eau potable pouvant survenir dans des localités à un rythme effréné et en plein hiver. 

Quand la vox populi appelait à fermer l’agence de l’ADE et l’administration concédait le remplacement du gestionnaire concerné, il suffisait d’interroger un simple ouvrier pour savoir que les moteurs électriques d’importation installés dans les stations de pompage se cassaient irrémédiablement tous les 15 jours, après une ou deux coupures de courant. 

Lors des décennies précédentes, le réseau électrique était moins performant mais les équipements mis en service et acquis auprès des entreprises nationales enchaînaient les hivers les plus rudes sans accroc. Le retrait du marché de certains modèles de détecteurs de monoxyde de carbone atteste de la détermination des pouvoirs publics à raffermir le processus des analyses de la qualité et de la conformité des différents équipements proposés sur le marché, notamment les appareils de chauffage, pas seulement le matériel de détection du gaz toxique. 
Les magasins d’électroménager sont bien achalandés et les produits rivalisent de design. 
 

Leur conformité et leur niveau de sécurité peuvent être inversement proportionnels et sont sujets à démonstration. La tâche des personnels affectés aux laboratoires de contrôle à travers les grandes villes est d’autant plus grande dans un pays où l’importation de produits finis ou en kits est le vœu le mieux partagé, en attendant la mise sur pied d’un véritable tissu industriel national.

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