Présidentielle américaine : après le Colorado, l’État du Maine juge Donald Trump inéligible

29/12/2023 mis à jour: 16:18
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En ce moment de vœux pour la période de Noël, Donald Trump a exprimé son mépris envers ses détracteurs, allant de Joe Biden au procureur spécial Jack Smith, en leur souhaitant d'« aller pourrir en enfer ». 

L'archi-favori du camp conservateur pour l'élection présidentielle de 2024, peut désormais ajouter Shenna Bellows à sa liste. La secrétaire démocrate de l'État du Maine l'a officiellement déclaré inéligible à la primaire républicaine de cet État rural de Nouvelle-Angleterre (nord-est).

Dans une décision de 34 pages rendue jeudi soir, elle estime que l'ancien président remplit les conditions stipulées dans l'article 3 du 14e amendement de la Constitution américaine. Cet article précise qu'une personne ayant participé à une insurrection ne doit pas être autorisée à briguer une fonction gouvernementale au niveau fédéral. Il y a bientôt quatre ans, des partisans «MAGA (Make America Great Again)» et des membres de groupes paramilitaires d'extrême-droite avaient attaqué le Capitole, cherchant à empêcher la certification de la victoire de Joe Biden lors de l'élection présidentielle du 3 novembre 2020.

«Les événements du 6 janvier 2021 étaient sans précédent et tragiques», précise Bellows, qui supervise l'organisation des scrutins dans sa juridiction. «Ils constituèrent une attaque non seulement contre le Capitole et les représentants du gouvernement, mais aussi contre l'État de droit. Les preuves démontrent qu'ils se sont produits sur ordre du président sortant, avec sa connaissance et son soutien. La Constitution des États-Unis ne tolère pas que l'on s'attaque aux fondements de notre gouvernement, et [la loi du Maine] m'oblige à agir en conséquence.»

Cette sanction intervient neuf jours après une mesure similaire décrétée par la cour suprême de l'État du Colorado (ouest), à quatre voix contre trois, pour laquelle les avocats de Trump ont fait appel auprès de la Cour suprême fédérale à Washington. Celle-ci a refusé toute délibération urgente sur la question, repoussant sa décision au printemps 2024, lorsque le processus des primaires sera déjà bien avancé.

Shenna Bellows souligne que cette situation est sans précédent, déclarant : «Je suis consciente qu'aucun secrétaire d'État n'a jamais privé un candidat présidentiel d'accès aux bulletins sur la foi de l'article 3 du 14e amendement. Je suis aussi consciente, cependant, qu'aucun candidat présidentiel n'a jamais été impliqué auparavant dans une insurrection.»

La pression s'accentue désormais sur les neufs sages, sollicités par les avocats des deux camps pour statuer rapidement sur ce dilemme sans précédent dans l'histoire de la république. Un précédent historique concerne l'ancien président des États confédérés d'Amérique, Jefferson Davis, qui avait été réélu à son ancien poste de sénateur du Mississippi en 1875, mais cette fonction lui fut refusée en vertu du 14e amendement.

L'onde de choc initiée par le Maine et le Colorado demeure encore insondable. Deux autres États, le Minnesota et le Michigan, ont abouti à une décision opposée, estimant que des officiels locaux ne sauraient empêcher le Parti républicain d'inclure le nom de Donald Trump sur les bulletins de leurs primaires. Tous les regards se tournent à présent vers l'Oregon, dont la cour suprême doit statuer sur l'éligibilité de Trump, après que l'homologue de Shenna Bellows a refusé d'assumer seule une telle décision.

En Californie, la secrétaire d'État Shirley Weber et le gouverneur Gavin Newsom, tous deux démocrates, se sont prononcés contre une telle mesure. «Il ne fait aucun doute dans mon esprit que Donald Trump constitue une menace pour nos libertés et même envers notre démocratie», a déclaré Newsom. L'équipe de campagne Trump dénonce quant à elle une «persécution» politico-judiciaire, annonçant qu'elle contestera en justice et pourrait porter appel devant la Cour suprême des États-Unis.

Alors que l'actuel président démocrate fait l'objet d'une enquête en destitution parlementaire pour corruption, Donald Trump a été inculpé au niveau fédéral et par l'État de Géorgie pour avoir cherché à inverser les résultats de l'élection de 2020 et se maintenir indûment à la Maison Blanche.

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