Plus de zone sûre dans l’enclave palestinienne dévastée : «Un enfant tué toutes les 10 minutes à Ghaza»

06/12/2023 mis à jour: 05:12
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Photo : D. R.

«En moyenne, un enfant est tué toutes les 10 minutes à Ghaza. En ce sens, je pense que nous sommes proches du moment le plus sombre de l’humanité», a déclaré hier le représentant de l’OMS en Palestine, le Dr Rik Peeperkorn.

La Bande de Ghaza continue de crouler sous les bombardements intensifs de l’armée sioniste, aggravant une situation humanitaire qui est déjà insoutenable dans l’enclave exsangue, pilonnée de toutes parts. Dernier bilan officiel de la boucherie israélienne : 16 060 morts.

Le décompte a été fourni hier par la ministre palestinienne de la Santé, May Al Kila, au cours d’une conférence de presse donnée au siège de son département à Ramallah et répercuté par l’agence Wafa. Sur ces 16 060 morts, précise la ministre, 15 800 Palestiniens ont été tués dans la Bande de Ghaza et 260 autres en Cisjordanie.

Le nombre de blessés avoisine, lui, les 40 000. «Plus de 70% d’entre eux sont des femmes et des enfants», assure May Al Kila. Elle ajoute que 20 hôpitaux de la Bande de Ghaza sont hors service.

Que 4 établissements hospitaliers seulement sont fonctionnels. Ils sont tous basés dans le sud de Ghaza, avec une capacité dérisoire de 1300 lits. May Al Kila a affirmé aussi que 250 cadres du personnel médical ont été tués dans les bombardements, et que 55 ambulances ont été détruites.

Sur le terrain, les mêmes scènes de dévastation à Ghaza, entre corps déchiquetés, paysages apocalyptiques et civils désemparés, contraints à l’exode et ne trouvant pas où s’abriter. Ce mardi matin, au moins 40 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres ont été blessées dans des raids meurtriers de l’aviation israélienne à Khan Younes, au sud de Ghaza, rapporte l’agence Wafa.

Par ailleurs, 10 autres personnes ont péri suite aux frappes qui ont ciblé une habitation du camp très dense de Nuseirat, au centre de la Bande de Ghaza. L’artillerie de l’armée d’occupation et des drones ont en outre pilonné le périmètre de l’hôpital Kamal Adwan, dans le camp de Djabaliya, au nord. L’agence Wafa indique qu’en tout : «108 martyrs et des dizaines de blessés ont été accueillis par l’hôpital Kamal Adwan.»

Dans l’après-midi de cette même journée sanglante, plusieurs Ghazaouis ont trouvé la mort suite au bombardement d’habitations au camp de Deir El Balah, au centre, et à Haï Al Shujaiya, à l’est. La nuit du lundi au mardi a été elle aussi marquée par de violentes attaques aériennes qui ont ciblé des immeubles résidentiels et n’ont même pas épargné les enceintes des hôpitaux.

Au Nord de Ghaza, les frappes sionistes ont ciblé des habitations à Cheikh Radwan. L’agence Wafa rapporte que lundi soir, au moins 50 personnes ont été tuées et plusieurs centaines ont été blessées dans une série de raids menés par l’aviation israélienne contre deux écoles, à Hai Edaradj, à l’est de Ghaza, abritant des déplacés. Des bombardements ont ciblé au cours de cette même nuit une maison à Khan Younès, faisant de nombreuses victimes.

Outre les frappes militaires, les forces d’occupation ont procédé également à des arrestations massives dans plusieurs villes en Cisjordanie. 39 Palestiniens ont ainsi été arrêtés à l’est de la Palestine, selon l’agence Wafa. A Beit Lahm, 13 citoyens ont été interpellés, 11 autres ont été placés en détention à Al Khalil, et d’autres arrestations ont été opérées à Al Qods, Naplouse, Ramallah et Jénine.

Face au pilonnage systématique n’épargnant aucune parcelle de vie à Ghaza, le nombre de déplacés à l’intérieur de l’enclave palestinienne croît de manière inquiétante. «Près de 1,9 million de personnes (soit plus de 80% de la population) ont été déplacées dans la Bande de Ghaza depuis le 7 octobre», a indiqué ce mardi l’UNRWA.

«Le moment le plus sombre de l’humanité»

L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens précise que du 30 novembre au 2 décembre, au moins 60 000 habitants de la Bande de Ghaza se sont réfugiés dans ses abris situés dans les régions du centre et du sud de Ghaza.

Près de 1,2 million de personnes déplacées sont enregistrées auprès de 156 agences de l’UNRWA dans la Bande de Ghaza, dont environ 1 million dans le sud de Ghaza. En moyenne, chaque antenne compte environ 10 300 personnes, soit «plus de quatre fois sa capacité». Philippe Lazzarini, le commissaire général de l’UNRWA, a alerté contre les risques d’un véritable «tsunami humanitaire» à Ghaza.

La situation devient si intenable que l’ONU redoute un «scénario encore plus infernal». C’est Lynn Hastings, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens, qui le dit. Mme Hastings qui est installée à Jérusalem est désespérée face aux atrocités auxquelles elle assiste, impuissante, en Palestine occupée. : «Les opérations militaires sionistes se sont étendues au sud de Ghaza (...).

Personne n’est en sécurité et il ne reste nulle part où aller», déplore-t-elle, démentant ainsi l’existence de prétendues «zones sûres» à Ghaza. Pour elle, ces poches de paix sont pure fiction pour la simple raison que ces zones «ne peuvent être ni sûres ni humanitaires quand elles sont déclarées unilatéralement».

L’ampleur des horreurs commises est telle qu’un «enfant est tué toutes les dix minutes à Ghaza». Cette statistique terrible a été livrée hier par le représentant de l’OMS en Palestine, Rik Peeperkorn.

Il a assisté en ligne à la conférence de presse hebdomadaire du bureau des Nations unies à Genève. «En moyenne, un enfant est tué toutes les 10 minutes à Ghaza. En ce sens, je pense que nous sommes proches du moment le plus sombre de l’humanité», constatait avec émotion le Dr Peeperkorn avant de marteler : «Nous avons besoin d’un cessez-le-feu permanent


 

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