Après l’Union européenne, qui s’inquiète du retour de Trump à la Maison-Blanche, en raison de ses menaces visant à instaurer des taxes douanières, la Chine, à son tour, tente de se prémunir contre d’éventuelles surprises quant à l’accès à son marché d’exportation américain.
Ainsi, la deuxième économie mondiale compte prendre de nouvelles mesures de relance, à l’instar de l’UE, pour soutenir son économie, actuellement en difficulté. La perspective d’une nouvelle guerre commerciale potentielle avec le nouveau président américain impose de s’y préparer.
Après une importante réunion des principaux responsables du Parlement chinois, il a été décidé de relever «le plafond de la dette des gouvernements locaux de 6000 milliards de yuans, qui seront utilisés pour remplacer les dettes cachées existantes» et de permettre ainsi de «mieux développer l’économie».
Le ministre chinois des Finances a précisé vendredi que ce relèvement s’opérera sur trois ans à hauteur de «2000 milliards de yuans par an de 2024 à 2026». Ces liquidités devraient notamment être utilisées pour aider les collectivités locales endettées mais aussi les banques, afin qu’elles puissent, a-t-on expliqué, faire face aux prêts non performants de ces quatre dernières années.
Donald Trump, faut-il le rappeler, a promis d’imposer des droits de douane de 60% sur les produits chinois importés. Les observateurs soulignent qu’il s’agit là d’une menace qui, si elle était mise à exécution, risque d’aggraver la situation pour l’économie chinoise, déjà en proie à la crise du secteur immobilier et à une consommation atone.
Mais comme les Européens, les analystes chinois considèrent qu’un tel scénario n’est pas forcément une si mauvaise chose, puisqu’ils considèrent aussi que cela pourrait être une opportunité pour lancer dans l’urgence une batterie de mesures afin de booster la croissance.
Les autorités ont, selon l’AFP, annoncé ces dernières semaines plusieurs salves de mesures pour stimuler l’activité, notamment des baisses de taux et l’assouplissement de restrictions sur les achats de logements. Même si des critiques ont été émises ces derniers jours sur l’absence d’un grand plan de relance chiffré.
L’inflation en Chine a encore ralenti en octobre, selon l’APS hier, qui cite des données officielles publiées samedi. L’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,3% en octobre sur un an, contre +0,4% en septembre. Le Premier ministre, Li Qiang, s’est dit cette semaine «pleinement confiant» quant à la capacité de la Chine à atteindre son objectif de croissance du PIB d’environ 5% en 2024.
Les exportations ont bondi en octobre à leur rythme le plus rapide depuis plus de deux ans. Mais, selon des analystes chinois, la Chine ne doit «pas compter sur les exportations pour porter l’économie». Dans son dernier rapport de 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que l’économie mondiale pourrait connaître des «perturbations».
«L’avenir immédiat, a-t-il écrit, devrait être marqué par une grande incertitude.» Les bouleversements concernant le commerce, les flux de capitaux et les investissements sont déjà en train de «remodeler» l’économie mondiale. Le FMI a souligné que «près de 3000 mesures de restriction des échanges ont été imposées en 2023, soit près de trois fois plus qu’en 2019. Cette conjoncture risque de réduire à néant les gains d’efficacité que l’intégration économique mondiale a permis d’obtenir par le passé».