Pénurie de certains médicaments : Les pharmaciens réclament une étude sur le terrain

07/11/2023 mis à jour: 03:15
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Même si l’on réfute de façon récurrente l’existence d’une pénurie de médicaments, la réalité du terrain montre une toute autre réalité. Aujourd’hui, les pharmaciens impuissants, voire agacés par les perturbations récurrentes dans l’approvisionnement de centaines de traitements nécessaires pour les malades, appellent à une véritable étude sur le terrain. Cette dernière permettra de cerner le problème et diminuer l’aggravation de cette rupture, dont les causes sont parfois provoquées volontairement. 

«A une époque donnée, si la rupture est signalée, on évoque systématiquement des produits importés. Mais aujourd’hui, la situation devient inadmissible vu que 60 jusqu’à 70% des médicaments sont fabriqués en Algérie. 

La pénurie concerne également les simples produits de base et surtout les génériques», a déclaré un pharmacien exerçant au boulevard Belouizdad (ex-boulevard Saint-Jean) à Constantine. Il précise que ces ruptures concernent un bon nombre de pathologies graves et chroniques. On ne peut plus clair, la suspension temporaire du traitement conduira à la complication de l’état de santé du patient ou sa mort certaine. 

Durant notre enquête, la situation a été qualifiée par les patients ainsi que par les pharmaciens d’absurde. De nombreux malades rencontrés rentrent sans pouvoir acheter la totalité de la liste de leurs ordonnances. Parmi les médicaments introuvables ou timidement disponibles dans quelques officines, selon le constat observé sur le terrain, notons les corticoïdes, de nombreux traitements ophtalmiques, les bronchodilatateurs, des traitements pour la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), comme le Spiriva et autres. 

Une patiente interrogée affirme être en quête du Corvasal depuis plus de 5 mois. «Ce qui complique la situation est l’absence aussi de son générique la Molsidomine. Malheureusement, il n’y a pas d’autres alternatives pour éviter le danger. Car ces médicaments vasodilatateurs utilisés en cardiologie agissent en dilatant les vaisseaux du cœur et diminuent les besoins en oxygène», fulmine notre interlocutrice. Des pharmaciens confirment cette pénurie, soulignant que seulement deux ou trois génériques du Corvasal sont «timidement» disponibles. L’une des ruptures soulevées par les pharmaciens et qui mettent en danger la santé du malade concerne des anticoagulants, à savoir le Sintrom. 

Des témoignages accablants 

Les témoignages recueillis sont accablants. Certains estiment que cette rupture relève du ridicule, particulièrement pour certaines pommades ophtalmiques, à l’instar de la Clomycine. D’autres médicaments, comme le Zolamide indiqué dans le traitement de la pression intraoculaire élevée chez les patients, ne sont disponibles que dans les endroits les plus fréquentés par la population ou les grandes pharmacies. 

Sa rupture peut provoquer la perte de la vue du malade. «Cette réalité amère est devenue agaçante, mettant le pharmacien dans la gène, surtout que de nombreux patients rejettent les génériques», regrette un pharmacien ayant une officine à la cité Daksi Abdesselam, à Constantine. 

 Pour sa part, Sami Abdelkrim Bouherid, président du bureau de Constantine du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), les ruptures ne datent pas d’aujourd’hui. Les listes, ajoute-t-il, sont transmises régulièrement par le bureau national du Snapo au ministère de la Santé. Mais l’ampleur de ce phénomène n’a pas été résorbée et a pris d’autres allures récemment. M. Bouherid a déclaré à El Watan que ces ruptures soudaines ne sont pas toutes saines et sont parfois provoquées par plusieurs facteurs, dont la vente concomitante. «Je cite l’exemple frappant de la rupture de l’Amoxicilline. 

Ce médicament est indisponible sur le marché, pourtant il existe en Algérie 10 ou 15 génériqueurs qui fabriquent ce traitement. Et je n’ai reçu que 5 boîtes de Saidal. Cela est dû à la rétention sérieuse de la part des grossistes et cela a été signalé au ministère», a révélé notre interlocuteur. Et de poursuivre sur les facteurs provoquant la rupture des produits vitaux, le favoritisme exprimé au profit des grandes officines. 

Ces dernières, selon M. Bouherid, se permettent l’approvisionnement d’importantes quantités de médicaments pour les stocker, pénalisant d’autres pharmaciens. Un autre facteur a été avancé et qui n’est autre que l’absence d’une étude approfondie du marché et des ruptures. 

Ces facteurs provoquant un déséquilibre pour le malade, souligne le président du Snapo à Constantine, sont devenus un sérieux problème de santé publique. «Si on parle d’une rupture saine, on est en absence de 50 jusqu’à 70 produits. Si on ajoute d’autres facteurs, déjà cités, on peut aller jusqu’à 200 ou 250 produits indisponibles indiqués dans la nomenclature algérienne homologuée», a-t-il affirmé. 

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