Pays en développement : La Cnuced appelle à des réformes urgentes du système de la gestion de la dette

23/03/2025 mis à jour: 03:29
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Selon la Cnuced, le surendettement menace désormais plus de la moitié des 68 pays éligibles au Fonds fiduciaire

La dette extérieure des pays en développement a atteint un chiffre record de 11 400 milliards de dollars en 2023, soit 99% de leurs recettes d’exportation. 

Lors de la 14e Conférence internationale sur la gestion de la dette, qui s’est tenue à Genève à la fin de la semaine écoulée, la secrétaire générale d’ONU commerce et développement, Rebecca Grynspan, a lancé un appel à «des réformes afin d’éviter que la crise actuelle de la dette ne fasse dérailler les progrès». 

Le fardeau de la dette contraint les gouvernements à des compromis difficiles au lieu de faire face au financement des infrastructures essentielles, l’éducation et les soins de santé. Selon les estimations de la Cnuced, pas moins de 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays dépensant plus pour le service de la dette plutôt que pour la santé ou l’éducation. 

Les paiements d’intérêts liés à la dette, dépassent, dans pratiquement tous les pays en développement, le niveau des investissements dans le domaine du climat. «Cela oblige les pays à choisir de ne pas rembourser leur dette au détriment de leur développement. Plus de défaut de paiement sur la dette, mais oui en faveur du développement», a plaidé Grynspan dans son discours face à 600 participants de 107 pays. La flambée du niveau de la dette extérieure est due à différents facteurs, dont l’augmentation des emprunts pour les projets de développement, la volatilité des prix des matières premières et l’aggravation des déficits publics. 

Durant la pandémie de Covid-19, les pays ont emprunté massivement afin de faire face aux retombées économiques de la situation sanitaire et de financer les mesures de santé publique. Les coûts de remboursement dépassent la capacité de paiement d’un tiers des pays en développement, indique la Cnuced. 

«Le surendettement menace désormais plus de la moitié des 68 pays éligibles au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance du Fonds monétaire international, soit plus du double du nombre de pays concernés en 2015». Avec des taux d’intérêt élevés, la situation s’aggrave pour nombre de pays en développement. 


Réforme du système financier international  

«En 2023, les pays en développement ont payé 847 milliards de dollars d’intérêts nets, soit une augmentation de 26% par rapport à 2021. Ils ont emprunté à l’international à des taux deux à quatre fois plus élevés que les Etats-Unis et six à douze fois plus élevés que l’Allemagne», indique l’organisation onusienne. Une réforme du système financier international est de ce fait une nécessité, car les populations de nombreux pays en paient les frais.  

«Les mécanismes de règlement de la dette existants sont inefficaces et coûteux… la plupart des gouvernements évitent à tout prix le défaut de paiement, même si cela implique de sacrifier les objectifs de développement et l’action climatique.» En 2023, selon les mêmes données de la Cnuced, un nombre historique de 54 pays en développement, dont près de la moitié en Afrique, ont consacré au moins 10% des fonds publics au paiement des intérêts de la dette. 

La 14e Conférence internationale sur la gestion de la dette a évoqué le fonctionnement du système de gestion de la dette et d’analyse financière Sygade, qui est un programme d’assistance technique dans le cadre duquel ONU commerce et développement assiste les gouvernements pour renforcer la gestion de la dette depuis plus de quarante ans. Le Sygade a procédé lors de cette conférence au lancement de DMFAS 7, qui est la dernière version du logiciel de gestion de la dette modernisé. 

Le message phare de ladite conférence a été d’appeler à des «réformes urgentes pour que la dette soit un outil de progrès plutôt qu'un obstacle». Nadjia Bouaricha
 

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