Patrimoine culturel et développement économique : L’urgence de commencer par la protection

28/02/2024 mis à jour: 00:11
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Des experts appellent à l’élaboration d’une nouvelle carte archéologique et de lancer l’entrepreneuriat culturel - Photo : D. R.

Il est primordial, selon le professeur Abdelkader Dahdouh, de réaliser une nouvelle carte archéologique, lancer l’entrepreneuriat culturel et ouvrir les espaces pour le privé pour la restauration et l’exploitation.

Vu l’importance des revenus du patrimoine culturel exploité dans le secteur du tourisme pour le développement économique, les autorités algériennes ont mis en place des mécanismes pour la mise en valeur des richesses patrimoniales et ont élaboré des facilitations au profit des investisseurs, soit à travers les cahiers des charges ou les lois.

Un effort qu’on ne peut nier, mais malheureusement, il demeure toujours insuffisant. Ce constat a été soulevé, hier, lors du Colloque national sur le patrimoine culturel à Constantine, organisé à la maison de la culture Malek Haddad de la ville des Ponts, en collaboration avec le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) et l’université Constantine2.

Chercheur au centre universitaire de Tipasa, le professeur Abdelkader Dahdouh a mis en avant, lors de son intervention, l’impact financier de toutes les formes d’exploitation du patrimoine matériel et immatériel dans le monde. Il s’est focalisé sur la portée financière des recettes du tourisme dans d’autres pays. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale du tourisme en 2019, les revenus du tourisme ont atteint 51 milliards de dollars en Italie, 41 milliards en Turquie et 14 milliards en Égypte.

Il a estimé que le taux de participation du secteur de la culture dans l’économie nationale, à travers le tourisme, les livres, le cinéma, l’artisanat ainsi que le patrimoine, est très élevé dans certains pays, à l’instar du Liban avec 47%, la Jordanie 41% et l’Égypte avec 26%.

Tous ces chiffres présentaient une forme de rapprochement avec l’Algérie qui n’est pas moins importante en matière de richesses patrimoniale et culturelle prêtes à être exploitées dans le développement économique du pays.

«Ces chiffres nous incitent à nous interroger sur la manière d›exploiter la richesse culturelle de l’Algérie dans l’économie nationale. Sachant que l’Algérie a une richesse historique et patrimoniale diversifiée», a-t-il déclaré.

Des richesses à l’abandon

Pr Dahdouh a rappelé l’existence, en Algérie, de sites archéologiques datant de 2,4 millions d’années, dont le deuxième site le plus ancien au monde. Aujourd’hui, notre pays compte plus de 15 000 sites recensés en 1911 dans l’Atlas archéologique durant l’époque coloniale. En 2021, il y a eu la carte préliminaire du ministère de la Culture.

Pr Dahdouh a recommandé une nouvelle carte basée sur la recherche et l’inventaire de tous les sites. Car ce qui existe actuellement ne reflète pas la dimension historique et territoriale.

Si tous les services s’impliquent sérieusement dans ce créneau, confirme-t-il, on pourra découvrir plus de 100 000 sites avec les différentes grottes, les villes romaines, byzantines, ottomanes, les édifices architecturaux et autres. «Seulement à Constantine, il y a plus de 500 sites archéologiques.

Pourtant, il n’y a pas une wilaya en Algérie qui ne possède pas au moins un site et d’autres richesses. D’ailleurs, le ministère du Tourisme a recensé plus de 380 circuits touristiques, 58 destinations touristiques, plus 1 178 sites, sans compter les musées et autres», a-t-il indiqué, félicitant la volonté de l’État de promouvoir ce secteur par l’exploitation des sites à travers des investissements.

Une exploitation qui reste très faible et nous ne sommes qu’au début du chemin. Donc il est primordial, selon le Pr Dahdouh, de réaliser une nouvelle carte archéologique, de lancer l’entrepreneuriat culturel et et d’ouvrir les espaces au privé pour la restauration et l’exploitation. «Nous avons plus de 300 k’sour au Sahara  qui nécessitent une revalorisation et une restauration.

Ces travaux consomment des sommes colossales à l’État. C’est pourquoi, il faut ouvrir aux investisseurs privés ce champ pour participer à la mise en valeur du patrimoine, à travers des tournages cinématographiques et la création du développement culturel avec de nouveaux postes d’emploi», a-t-il proposé.           

 

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