Les États-Unis demeurent les plus proches alliés d’Israël, engagé dans une lutte sans merci contre le mouvement terroriste du Hamas. Dans la nuit, le secrétaire général de l’ONU a dénoncé une «punition collective» infligée aux Palestiniens par Tsahal, et demandé un «cessez-le-feu humanitaire immédiat». Washington y a apposé son veto.
Ce projet de résolution, qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre (États-Unis) et une abstention (Royaume-Uni), avait été préparé par les Émirats arabes unis après l'invocation sans précédent par Antonio Guterres mercredi de l'article 99 de la Charte des Nations unies permettant au secrétaire général d'attirer l'attention du Conseil sur un dossier qui «pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales». La France avait voté en faveur de ce texte.
«Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre», a justifié l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, dénonçant également l'«échec moral» de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre. Les Américains, alliés d'Israël, ont mis leur véto pour la 35e fois depuis 1970 à une résolution sur le dossier israélo-palestinien (sur 39 au total).
Un cessez-le-feu possible «par la destruction du Hamas»
L'ambassadeur israélien à l'ONU Gilad Erdan a remercié les États-Unis de «rester fermement à nos côtés», estimant qu'un cessez-le-feu ne serait possible que par la «destruction du Hamas». «C'est un triste jour dans l'Histoire du Conseil de sécurité», a à l'inverse déploré l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour. Mais «nous n'abandonnerons pas». Le projet de résolution, soutenu par près de 100 pays exigeait «un cessez-le-feu humanitaire immédiat», la libération des otages et l'accès humanitaire. «Alors que la crise à Ghaza s'aggrave et qu'elle menace de s'étendre, (le Conseil) ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte», a déclaré l'ambassadeur français Nicolas de Rivière. Une déception partagée par de nombreux membres du Conseil. «Nos collègues américains ont devant nos yeux condamné à mort des milliers voire des dizaines de milliers de civils palestiniens et israéliens supplémentaires», a abondé l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU Dmitry Polyanskiy. «En continuant à fournir des armes et une protection diplomatique à Israël qui commet des atrocités (...), les États-Unis risquent de se rendre complices de crimes de guerre», a réagi dans un communiqué Louis Charbonneau, de l’association controversée Human Rights Watch. Malgré le vote du Conseil, Antonio Guterres «reste déterminé à pousser pour un cessez-le-feu humanitaire», a déclaré à l'AFP son porte-parole Stéphane Dujarric. Le secrétaire général avait vendredi matin appelé avec force le Conseil à agir pour éviter «l’effondrement total de l'ordre public» dans la bande de Ghaza.
«Je condamne sans réserve» les attaques du Hamas du 7 octobre, mais «les violences perpétrées par le Hamas ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien», a-t-il déclaré. «Si les tirs sans discernement de roquettes du Hamas vers Israël, et l'utilisation de civils comme boucliers humains sont des violations du droit de la guerre, un tel comportement n'absout pas Israël de ses propres violations», a insisté Antonio Guterres. À Washington, les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays arabes et de la Turquie ont appelé aussi à une fin «immédiate» de la guerre. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, c'est le cinquième projet de résolution rejeté par le Conseil largement divisé depuis des années sur le dossier Israélo-Palestinien. Quatre projets avaient déjà été rejetés dans les semaines suivant le 7 octobre, par faute de voix suffisantes, ou en raison de vétos russe, chinois ou américain. Le Conseil était finalement sorti de son silence mi-novembre, réussissant à adopter une résolution qui appelait à des «pauses et couloirs humanitaires» dans la bande de Ghaza, pas à un «cessez-le-feu» ni même une «trêve».