Assurant que le lien de Joe Biden et Barack Obama allait au-delà de l’opportunisme politique qui guide tant de relations dans la capitale américaine, la Maison Blanche a affirmé que les deux complices se téléphonaient «régulièrement».
Il n’y avait plus mis les pieds après avoir laissé les clefs à Donald Trump : Barack Obama fait son retour à la Maison Blanche, invité par son ancien vice-président et grand complice Joe Biden à parler d’un sujet qui leur est cher, l’assurance santé.
L’ancien président a pris la parole à 18h30 GMT pour rappeler sa réforme la plus emblématique : le «Affordable Care Act», plus connu sous le nom d’«Obamacare», en vigueur depuis mars 2010.
Joe Biden veut lui des mesures s’inscrivant dans la droite ligne de cette réforme qui promettait de corriger un peu les immenses inégalités dans l’accès aux soins aux Etats-Unis. L’opération de communication est soigneusement ficelée – même si la météo la gâche un peu.
Pluie oblige, au lieu d’un cliché printanier dans la roseraie de la Maison Blanche, les deux hommes se retrouveront dans le cadre plus compassé de l’East Room, l’un des salons de réception. Barack Obama est devenu une sorte d’autorité morale pour le parti démocrate américain, et une icône dont la simple présence attire en masse les journalistes et les caméras.
«Bromance»
A ses côtés, Joe Biden, dont la cote de popularité est en berne, pourra mettre en scène à nouveau ce que les Américains ont appelé la «bromance» (contraction de «bro», c’est-à-dire «pote», et «romance») des deux hommes, cette complicité affichée tout au long des deux mandats Obama à coups d’accolades et de plaisanteries.
La Maison Blanche a précisé que l’ancien et l’actuel président ont mangé ensemble mardi, renouant avec le déjeuner hebdomadaire institué par Barack Obama lorsqu’il était au pouvoir, un rituel que Joe Biden perpétue avec la vice-présidente Kamala Harris.
«Ce sont de vrais amis, pas des ‘‘amis à la mode de Washington’’, et je suis certaine qu’ils parleront de ce qui se passe dans le monde autant que de leurs vies familiales et personnelles», a dit lundi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
Assurant que le lien de Joe Biden et Barack Obama allait au-delà de l’opportunisme politique qui guide tant de relations dans la capitale américaine, elle a affirmé que les deux complices se téléphonaient «régulièrement». Au-delà de la belle image, le signal que cherche à envoyer le président démocrate de 79 ans est aussi politique.
Réformes
Joe Biden et Barack Obama ont «une conviction partagée que le gouvernement (fédéral) peut se mettre au service des Américains» a encore dit Jen Psaki.
Critiqué avec violence à l’époque par l’opposition républicaine, l’«Obamacare» a pour l’essentiel résisté aux tentatives de détricotage de l’ancien président Donald Trump. Le dispositif est désormais entré dans la vie des Américains et il semble difficilement concevable de revenir dessus, sauf pour la frange la plus conservatrice.
Joe Biden, arrivé au pouvoir avec d’immenses ambitions de réformes sociales, a dû les abandonner en grande partie, la faute non seulement à des républicains déchaînés, mais aussi à des voix discordantes dans son propre camp.
Le président veut désormais faire passer au moins quelques bribes de ses projets initiaux, et il n’a pas le droit à l’erreur, s’il veut éviter une complète déculottée pour les démocrates aux élections législatives de novembre.
Joe Biden a promis de continuer à lutter contre les inégalités dans l’accès aux soins, en dénonçant par exemple le coût prohibitif de certains médicaments comme l’insuline – une indignation qui est loin d’être unanimement partagée aux Etats-Unis, où beaucoup pensent que répondre aux aléas de la vie est une affaire de prévoyance individuelle et éventuellement de charité privée, dont l’Etat n’a pas à se mêler.
Jen Psaki a promis que cette apparition du prix Nobel de la paix 2009 ne serait pas la dernière : «Je crois bien que le président Obama sera de retour ici pour dévoiler son portrait officiel et peut-être à d’autres occasions à l’avenir.»