Mohamed Laagab hier au conseil de la nation : «Le secteur de la Communication nécessite une révolution»

28/11/2023 mis à jour: 07:49
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Photo : D. R.

La réorganisation du secteur de la communication est devenue une nécessité qui s’impose dans notre pays. Le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, a estimé qu’il s’agit là d’un «chantier ouvert» qui demande «une remise sur les rails», voire «une révolution».

Répondant aux interrogations des sénateurs à la fin des débats autour des deux projets de loi portant sur la presse écrite et la presse électronique ainsi que sur l’activité audiovisuelle présentés et débattus hier en plénière, le premier responsable de ce département a trouvé «légitimes» toutes les interrogations des membres du Conseil de la nation allant de la question de la répartition de la manne publicitaire à la situation sociale des journalistes en passant par le contenu des programmes diffusés sur les différentes chaînes privées et publiques.

Le ministre a d’abord expliqué que toutes les entreprises de presse souffrent de manque de ressources publicitaires. A ce titre, il rappellera l’existence de 156 journaux, 200 sites électroniques, 29 chaînes de télévision, dont 9 publiques et 61 stations de radio nationales. Au vu de ce nombre important de supports médiatiques, l’offre d’annonces publicitaires est, selon lui, insuffisante, en partie à cause de l’absence d’entreprises performantes économiquement.

«Il nous faut entre 5 à 10 millions d’entreprises (PME) pour relancer la presse. Sans cela, il ne faut pas s’attendre à des miracles. L’Etat ne pourra pas satisfaire tout le monde et il est difficile d’alimenter ce nombre important de supports médiatiques en publicité institutionnelle. Il faut savoir que le droit de créer un média ne signifie pas le droit d’avoir accès à la publicité institutionnelle», tranche le ministre.

Avouant, toutefois, «des dysfonctionnements» dans la répartition de cette manne publicitaire, d’où l’urgence, dit-il, de réorganiser «le secteur de la publicité» afin de fixer ses mécanismes et ses règles. S’agissant de la gestion de l’ANEP, le ministre révèle : «Il est possible que la gestion de l’ANEP soit problématique. Je n’ai pas encore consulté ce dossier.»

Démenti de l’existence de censure préalable

Pour le ministre, c’est tout le secteur qui est un «chantier ouvert», y compris la Télévision publique (EPTV) qui a un seul directeur, alors que le groupe dispose de 9 chaînes. «Comment pourrait-il les contrôler ?» s’est interrogé M. Laagab avant de préciser qu’il est «nécessaire» de revoir sa structuration. En dépit de cela, la presse algérienne bénéficie, affirme-t-il, d’un soutien de l’Etat, y compris avec des aides indirectes.

Il cite dans ce sens, l’impression et le papier soutenu à hauteur de 50%, affirmant que peu de journaux paient les entreprises d’impression qui sont au bord de la faillite. D’où, a-t-il poursuivi, «l’intervention du président de la République, qui a ordonné la restructuration de ces imprimeries». «Le prix du papier a flambé sur le marché international, alors que les journaux algériens sont imprimés à 6 DA, alors que le prix minimum ne devrait pas être en dessous de 24 DA. Avec un tarif d’impression de 24 DA, les journaux nationaux se vendront à 50 DA.

Dans ce cas, ils n’auront plus de lectorat», soutient le ministre, reconnaissant au passage que la TVA, qui est de l’ordre de 19% pour les journaux, est élevée. L’idée de sa révision est, selon lui, posée. Interrogé sur les commissions de censure et la liberté d’expression,  le ministre dément l’existence en Algérie de «la censure préalable». Cette dernière est, selon lui, le propre des «régimes dictatoriaux».

«C’est un comportement antidémocratique.» Néanmoins, le ministre avoue «que le contrôle en aval» existe et intervient après la publication ou la diffusion du produit journalistique. C’est pour cette raison, dit-il, que le projet de loi insiste sur la confirmation de l’information en citant la source : «C’est ce qui différencie le journaliste professionnel de ce que l’on appelle le journaliste-citoyen.

Dans certains pays, la pratique oblige les journalistes à citer trois sources dans leur article. Nous avions pensé à intégrer cela dans ce projet. Mais de peur d’être interprété comme une forme de restriction, nous avons préféré insister seulement sur la confirmation de l’information.» Par ailleurs, le ministre note que les décisions émanant de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel sont exécutoires.

Mais, il y a une voie de recours et même une possibilité de saisir la justice pour «réparer l’injustice si elle avérée». A ce sujet, il précise qu’une fois les deux textes relatifs à la presse écrite, électronique et l’activité audiovisuelle seront promulgués, il se consacrera à la mise en place des autorités de régulation et du conseil de déontologie et d’éthique professionnelle. Mais avant, il faudra que les textes d’application, qui sont, selon lui, déjà prêts, soient approuvés par le gouvernement. 

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