Mohamed Abdelhafid Henni a été remplacé mardi par Youcef Cherfa à la tête du secteur de l’Agriculture : Les raisons d’un limogeage

30/11/2023 mis à jour: 03:01
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Photo : D. R.

Le nouveau ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, après deux ans de règne de Mohamed Abdelhafid Henni, est appelé à répondre aux préoccupations du monde agricole mais aussi celles des consommateurs qui paient de plus en cher leurs couffins. Il s’agit surtout de parvenir à des mécanismes pour accompagner les agriculteurs et garantir le bon fonctionnement des filières.

Le changement opéré, mardi 28 novembre, à la tête du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), à travers le remplacement de Mohamed Abdelhafid Henni par Youcef Cherfa qui dirigeait, jusque-là, le ministère des Transports, marque-t-il une nouvelle phase pour le secteur ?

L’interrogation s’impose sachant que le département de l’agriculture - qui a connu le lancement au cours de ces deux décennies d’une série de programmes de développement et une succession de responsables illustrant clairement une instabilité managériale - n’arrive toujours pas à réaliser les résultats escomptés.

Les attentes sont, en effet, toujours là, que ce soit pour l’organisation des filières, l’amélioration des performances pour certaines cultures, la généralisation de l’irrigation d’appoint, le développement effectif de l’agriculture en terres sahariennes, le règlement des dossiers en suspens en matière de foncier, la régulation de la distribution et la disponibilité des produits de base.

Ce sont autant de questions dont dépend la sécurité alimentaire du pays. Des questions sur lesquelles les responsables qui se sont succédé à la tête de ce secteur stratégique ont travaillé tout au long de ces dernières années mais sans pour autant arriver à enclencher une dynamique à la hauteur des défis à relever, particulièrement en cette période d’intensification du stress hydrique.

Preuve en est : la récurrence des crises dans certaines filières, la baisse des rendements pour les cultures stratégiques et la dépendance vis-à-vis des importations. Entre pénuries, hausse de prix et perturbations en matière d’approvisionnement, le secteur n’en finit pas avec les difficultés. Si auparavant, les mesures d’urgence arrêtées arrivaient à atténuer l’impact de ces crises sur le marché, les dispositifs annoncés pourtant en grande pompe ces dernières semaines face à l’envolée des prix du poulet et des œufs notamment n’ont pas eu d’effet.

Au même titre que les viandes rouges, ces deux produits ont atteint des sommets avec 25 dinars l’unité pour les œufs et près de 600 dinars le kilogramme pour le poulet.

La pomme de terre, ce produit fortement consommé en Algérie, et l’oignon n’échappent pas à ces perturbations. L’épisode du Ramadhan 2023, une période durant laquelle l’oignon a été cédé à plus de 400 DA/ Kg, et la persistance de la pénurie de légumes secs (haricots blancs) sont d’autres exemples illustrant la gestion aléatoire du secteur.

Mais surtout l’absence d’une stratégie à long terme prenant en considération les conditions climatiques du pays et l’importance des besoins à prendre en charge face à la croissance démographique. Tous ces éléments mis bout à bout ont pu coûter sa place à Mohamed Abdelhafid Henni.

A chaque fois qu’un nouveau ministre arrive à la tête du secteur, l’engagement est pris pour poursuivre les efforts consentis par ses prédécesseurs pour le développement de ce secteur stratégique.

Mais sur le terrain, ce n’est pas toujours le cas. Ce qui retarde justement la mise en route d’une stratégie sectorielle efficace. Et dire que les dépenses ne manquent pas pour un secteur (dont la contribution au PIB était de 14,7% en 2022) qui a été marqué par de nombreuses affaires de corruption notamment en matière de foncier agricole.

Pour rappel, avec une valeur de production agricole en 2022 de 4500 milliards de dinars, les pouvoirs publics ont consacré 130 milliards pour 2021-2022 sous forme de subventions pour le développement de l’investissement agricole, la régulation de la production et les projets structurels, alors que les subventions des engrais sont passées de 20% à 50%.

Concernant l’exercice 2024, un total de 661 milliards de dinars a été mobilisé en tant qu’autorisations d’engagement pour le secteur contre 664,6 mds pour les affectations de paiement y afférentes, en vertu du Projet de loi de finances (PLF) 2024.

Le nouveau ministre Youcef Cherfa, après deux ans de règne de Mohamed Abdelhafid Henni, aura pour mission d’assurer le suivi de ses engagements. Il est appelé à répondre aux préoccupations du monde agricole mais aussi celles des consommateurs qui paient de plus en cher leurs couffins. Il s’agit, surtout, de parvenir à des mécanismes pour accompagner les agriculteurs et garantir le bon fonctionnement des filières.

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