Médiation dans le conflit russo-ukrainien : La diplomatie algérienne à l’œuvre

18/06/2023 mis à jour: 03:38
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Photo : D. R.

Moscou a favorablement accueilli la médiation algérienne dans le conflit russo-ukrainien. Le président Tebboune a affirmé à son homologue russe que l’Algérie «sera à la hauteur de cette confiance». Vladimir Poutine a remercié Abdelmadjid Tebboune pour sa disposition à fournir des efforts de médiation dans ce conflit.

Les efforts de médiation pour trouver une issue pacifique au conflit opposant la Russie à l’Ukraine se poursuivent. Après des initiatives de pays africains, arabes et asiatiques, c’est au tour de l’Algérie de proposer sa médiation. Une proposition accueillie favorablement jeudi par Moscou. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a remercié son homologue russe, Vladimir Poutine, d’avoir accepté la médiation algérienne.

En effet, dans une déclaration conjointe, reprise par l’APS, le président Tebboune a exprimé ses «remerciements» au président Poutine pour «avoir accepté la médiation de l’Algérie dans le conflit opposant actuellement la Russie, pays ami, à l’Ukraine». Le chef de l’Etat a, selon la même source, affirmé à son homologue russe que l’Algérie «sera à la hauteur de cette confiance». Pour sa part, M. Poutine a remercié l’Algérie et le président Tebboune pour cette disposition à fournir des efforts de médiation dans ce conflit. L’Algérie est, rappelons-le, membre du groupe de contact de la Ligue arabe sur l’Ukraine.

Lors des entretiens qu’ont eus les deux chefs d’Etat, le président russe a indiqué avoir expliqué au président Tebboune «la vision russe, les origines de ce conflit  et les circonstances qui l’entourent». Il a, en outre, fait savoir qu’il recevra, samedi (hier, ndlr), des chefs de délégations du continent africain pour débattre de l’initiative proposée par l’Algérie pour le règlement du conflit russo-ukrainien.

Vendredi dernier, M. Tebboune a exprimé depuis Saint-Pétersbourg son espoir de voir la paix et la complémentarité culturelle et économique régner dans tous les pays du monde, affirmant qu’il ne pourrait jamais y avoir de gagnant dans une guerre. «Il n’existe point de gagnant dans une guerre : toutes les guerres sont perdues», a-t-il insisté. Et de poursuivre : «Je souhaite prospérité et bien-être à l’humanité, notamment aux peuples pauvres (...). Je crois que le président russe, Vladimir Poutine, tient un discours modéré. Je peux déduire, à travers ses propos aujourd’hui, qu’il est un ami du monde, tout comme l’Algérie, hormis envers ceux qui nous sont hostiles.»

Le secret du succès

Les efforts de l’Algérie en matière de médiation pour la résolution des conflits lui ont valu, par le passé, la reconnaissance et les sollicitations de nombreux pays. Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, avait invité, en mars dernier, l’Algérie à «se joindre à l’effort international pour arrêter la guerre insensée en Ukraine».

«J’invite l’Algérie à se joindre aux efforts engagés pour arrêter cette guerre injustifiable et atténuer son impact économique et humain sur le monde entier», a-t-il déclaré à l’issue de l’audience que lui a accordée le président Tebboune. Il est à rappeler que l’Algérie a joué un rôle important dans la résolution de nombreux crises et conflits dans plusieurs régions du monde.

On peut citer, entre autres, la libération des otages américains en Iran, la résolution de la crise opposant l’Ethiopie et l’Erythrée, le conflit au Liban et la signature de l’Accord sur le Mali. «Le non-alignement de l’Algérie et sa neutralité légendaire sont le secret du succès à chaque fois des efforts de la médiation algérienne», a indiqué la directrice du Centre finlandais de médiation pour la paix, Katja Ahlfors, lors d’une visite qu’elle a effectuée en mars dernier à Alger.

Selon elle, l’expertise de l’Algérie en matière de médiation et de facilitation dans la résolution des conflits lui permet de continuer à jouer encore ce rôle en ce XXIe siècle, marqué par l’émergence de nouveaux conflits causés par de nouvelles problématiques, à l’instar de la rareté de l’eau, de l'immigration clandestine ainsi que du sous-développement. 

Poutine «prêt au dialogue avec ceux qui souhaitent la paix»

Le président Vladimir Poutine s’est dit hier «prêt» à un «dialogue constructif avec ceux qui souhaitent la paix», lors d’une rencontre avec les médiateurs africains sur le conflit russo-ukrainien. Il a, à ce propos, salué l’«approche équilibrée» de la délégation de médiation africaine concernant ce conflit, selon l’AFP. «Nous saluons une approche équilibrée de nos amis africains», a-t-il déclaré au début de cette rencontre à Saint-Pétersbourg, où la délégation africaine est arrivée après un déplacement à Kiev.

«Nous sommes ouverts à un dialogue constructif avec ceux qui souhaitent la paix basée sur les principes de la justice et de la prise en compte des intérêts légitimes des parties», a-t-il ajouté. Selon M. Poutine, «la Russie respecte beaucoup la position des Etats africains en faveur du maintien de la stabilité (...), et soutient leur aspiration à une politique pacifiste». Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, à la tête de la délégation africaine, a, pour sa part, appelé hier à l’arrêt des hostilités en Ukraine.

«La guerre ne peut pas durer toujours (...). Cette guerre doit prendre fin», a-t-il affirmé. «C’est dans notre intérêt commun que cette guerre finisse», a-t-il insisté, en soulignant que les pays africains sont «affectés de manière négative» par ce conflit. Outre M. Ramaphosa, la délégation comprend trois autres présidents : MackySall (Sénégal), Hakainde Hichilema (Zambie) et Azali Assoumani (Comores), président en exercice de l’Union africaine, ainsi que des représentants congolais, ougandais et égyptien. La mission africaine est la dernière initiative en date d’une série d’efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit. M. A.

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