Marché pétrolier et évolution de la demande : L’AIE et l’Opep pas du tout sur la même longueur d’onde

13/07/2023 mis à jour: 06:12
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Photo : D. R.

Avant la livraison du rapport officiel de l’Opep prévu aujourd’hui, des responsables de l’organisation affichent un optimisme certain sur la demande de pétrole malgré les vents contraires économiques pesant sur les prix.

L’Agence internationale de l’énergie prévoit une tension sur le marché pétrolier au cours du second semestre de l’année. «Même en cas de croissance économique atone, la demande de la Chine et d’autres pays en développement est forte. Combinés aux réductions de production provenant des principaux pays producteurs,  nous pensons toujours que nous pourrions assister à une tension sur le marché au second semestre de cette année» affirme Fatih Birol, chef de l’AIE.

Le nouveau rapport de l’AIE contredit celui d’il y a un mois où un rebond de la demande du principal importateur de pétrole après la levée des restrictions liées au Covid-19 «était robuste et que les pays en dehors du groupe des pays développés de l’OCDE représentaient 90% de a croissance de la demande cette année».

Selon les chiffres publiés lundi, l’AIE constate que la deuxième économie mondiale a enregistré des données économiques ternes ces dernières semaines, et les prix au départ des usines chutent au rythme le plus rapide depuis plus de sept ans en juin dernier.

Contrairement à l’AIE, le rapport du mois dernier de l’organisation des pays exportateurs de pétrole Opep, avait pronostiqué un rebond économique encore plus fort que prévu en Chine comme facteur potentiel de hausse du marché dans son rapport mensuel sur le pétrole. Les pays membres de l’organisation se sont entendus sur une réduction supplémentaire de l’offre à leur tête l’Arabie Saoudite qui a réduit sa production de 1 million de barils par jour jusqu’au mois d’août tandis que la Russie réduira de 500.000 bpj.

La Russie s’engage d’ailleurs à utiliser le brut pour produire plus de carburant pour répondre à sa demande intérieure. Des sources citées par Reuters, rapportent que le prochain rapport de l’OPEP afficherait  plus d’optimisme sur la croissance de la demande de pétrole pour l’année prochaine.

L’agence Reuters rapporte que la demande ralentira par rapport à l’année en cours mais restera au -dessus de la moyenne. «Il est probable que les attentes de l’Opep concernant la croissance de la demande de brut en 2024 seront inférieures à celle de l’année en cours, qui s’élèvent à 2,35 millions de barils par jour, soit 2,4 % de la production totale».

L’Opep affiche plus d’optimisme que l’AIE qui prévoit un ralentissement majeur de la croissance de la demande en 2024 à 860. 000 bpj. L’Opep défend un marché stable et solide ce qui justifie ses décisions visant à réguler et rendre bénéfique à tous, le niveau des prix du brut.

C’est ce qui explique les décisions de restrictions d’approvisionnement engagées jusqu’en 2024 pour soutenir le marché contrairement aux prévisions de l’AIE influençant négativement les niveaux de la demande.

«Pour 2024, trois sources de l’Opep ont déclaré que même si la croissance de la demande devrait afficher un ralentissement, elle ne serait pas aussi grave que le prédit l’AIE, et la croissance sera probablement supérieure à 1 million de bpj et inférieure à 2 millions bpj. Une quatrième source proche de l’OPEP a déclaré que la demande augmenterait probablement d’au moins 1,5 million de bpj» indique Reuters.

Avant la livraison du rapport officiel de l’Opep prévu aujourd’hui, des responsables de l’organisation affichent un optimisme certain sur la demande de pétrole malgré les vents contraires économiques pesant sur les prix. 

«L’Asie est en croissance. La Chine seule entre 2019 et 2023, trois millions de bpj de croissance, l’Inde un million de bpj de croissance, donc il y a une reprise de la demande» a estimé Amin Nasser PDG de la Saudi Aramco.

La demande sur les minerais et métaux critiques en hausse

Evoquant par ailleurs le marché des minerais et métaux nécessaires à la transition énergétique (véhicules électriques, panneaux solaires, éoliennes etc) a «doublé au cours des 5 dernières années» indique l’AIE. 

L’Organisation basée à Paris souligne dans un nouveau rapport qu’entre 2017 et 2022, la consommation mondiale de Lithium a plus que triplé, alors que celle du cobalt a augmenté de 70% contre une hausse de 40% du nickel. «L’accessibilité et la rapidité des transitions énergétiques seront fortement influencées par la disponibilité des approvisionnements essentiels en minerais et métaux» relève l’AIE.

La hausse de la demande sur les minerais est favorisée par le développement du secteur automobile électrique remarque l’agence en notant que la tendance bas carbone est le principal moteur de l’utilisation de certains minerais utile au réseau électrique.

Cette tendance aura très certainement un impact sur le niveau d’approvisionnement mondial qui posera un réel défi. L’AIE organisera en septembre prochain un sommet international sur la problématique de l’approvisionnement sûr et durable en minerais et métaux critiques. 

Le marché des métaux destinés à la transition énergétique est passé en cinq années à un volume de 320 milliards de dollars.

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