Métamorphose chromatique, tel est le titre de l’exposition de peinture de l’artiste peintre Manel
qui se tient jusqu’au 12 février prochain au CCU Sciences humaines à Alger.
Ingénieur en génie mécanique, Manel Lynn est, par excellence, une autodidacte assez douée. Certaines techniques, découlant des arts plastiques, semblent n’avoir aucun secret pour elle. Il faut dire qu’au fil des années, elle s’est beaucoup documentée sur sa passion pour le dessin et la peinture, qui lui colle à la peau, rappelons-le, depuis toute petite. Si par le passé, Manel Lynn a déjà exposé en collectif, aujourd’hui, elle a décidé d’aller à la rencontre de son public en solo, pour présenter sa dernière collection.
Une collection qu’elle a entamée durant la pandémie du Covid-19 en 2020 et qu’elle a achevée en 2024. A travers cette exposition intitulée «Transformation chromatique», elle explore la dualité entre la fin et le début. Un contraste entre la vie et la mort. «Les crânes, symboles universels de la mortalité, sont ici revigorés par une palette chromatique intense et contrastée.
Loin d’être une représentation morbide, ces œuvres invitent à une réflexion profonde sur le cycle de la vie. La rencontre inattendue avec les papillons, créatures emblématiques de la métamorphose et symbole de la renaissance, offre un contraste et vient souligner l’idée que la fin n’est qu’un prélude, une annonce à un nouveau départ. Ensemble, ces éléments forment un dialogue visuel puissant, qui nous rappelle la beauté et l’inéluctabilité du changement inévitable et nécessaire», explique-t-elle avec beaucoup de philosophie.
Elle présente 17 œuvres, dont un triptyque composé de trois œuvres. Ainsi, les cimaises de l’espace du CCU sont ornées de tableaux à la thématique bien étudiée. Tout potentiel visiteur est convié à un parcours initiatique qui nous renseigne sur un travail spatio-temporel. Une série de huit tableaux représentant des papillons aux couleurs vives et variées à la fois- se donne à voir avec goût et délectation. Dans la civilisation grecque, le papillon est associé à l’âme. Il symbolise la renaissance éphémère, c’est du moins ce que nous rappelle notre interlocutrice. Notre jeune artiste a déjà exploité, par le passé, le thème des animaux, à travers la représentation, entre autres, des hiboux.

«Greta Otte»
Elle se plaît à fonctionner par séries. C’est un besoin, pour elle, d’explorer un thème précis. En face, une autre série de crânes aux titres est proposée. Loin de revêtir un aspect morbide, ces ossements ploient dans un espace ambiant assez coloré. Si pour Manel Lynn, les papillons représentent la transformation et la métamorphose, pour leur part, les crânes, incarnent la mortalité et l’annonce d’un nouveau départ. Dans un autre registre, Manel Lynn s’est servie d’un guide artistique de l’intelligence artificielle pour produire un triptyque à la peinture à l’huile racontant l’histoire légendaire de Fatima El Maakra. Elle a immortalisé trois séquences du récit en question sur ces toiles. On retrouve, également, une huile sur toile intitulée «Greta Otte», représentant une jeune dame drapée d’une robe baroque de style Marie-Antoinette, aux cheveux longs, regardant vers le néant. L’artiste explique qu’elle a eu recours à l’intelligence artificielle pour raconter la légende de Fatima Makraa compte tenu que la plupart des photos trouvées sur le net sont protégées.
Manel Lynn reste convaincue que l’intelligence artificielle est un outil de travail qui aide dans la pratique artistique. Cependant, elle tient à préciser qu’elle a créé ses propres images à travers son style artistique, découlant du symbolisme.
En somme, à travers cette toute première exposition de peinture personnelle, l’artiste peintre Manel Lynn offre un certain regard de son approche artistique, fusionnant des éléments du réalisme symbolique dans ses œuvres. Elle a su tirer parti de certaines techniques de peinture et de leurs usages, dont la peinture à l’huile, l’acrylique et l’aquarelle pour exprimer son talent et transmettre des émotions à l’état pur. Sa palette chromatique aux couleurs complémentaires donne plus de résonance à ses œuvres.
Il est à noter que l’exposition en question est visible du 26 janvier au 30 janvier et du 2 février au 6 février, et du 9 au 12 février.
Horaires d’ouverture : de 8h30-16h.
Nacima Chabani