L’armée d’occupation israélienne a pénétré, hier à l’aube, dans le passage terrestre de Rafah, à la frontière avec l’Egypte. Elle a complètement pris son contrôle, interrompant ainsi le mouvement des personnes et l’entrée de l’aide dans la bande de Ghaza.
L’occupant israélien passe à une nouvelle étape de sa guerre génocidaire contre la bande de Ghaza. Faisant la sourde oreille à tous les appels de la communauté internationale et foulant aux pieds la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahou et son armée lancent, depuis hier, une offensive terrestre sur la ville de Rafah, dernier refuge des Ghazaouis.
Une incursion soudaine, qui intervient quelques heures après l’annonce du mouvement palestinien Hamas de son approbation de la proposition d’un cessez-le-feu. En effet, l’armée d’occupation israélienne a pénétré, hier à l’aube, dans le passage terrestre de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, et a complètement pris son contrôle, interrompant ainsi le mouvement des personnes et l’entrée de l’aide dans la bande de Ghaza.
Selon l’agence palestinienne Wafa, les chars de l’armée israélienne ont pris d’assaut le passage de Rafah, menant des bombardements et des tirs nourris sur les bâtiments. Selon la même source, l’armée de l’occupation israélienne intensifie des tirs de missiles et d’artillerie sur les zones orientales de la ville de Rafah, faisant encore des dizaines de morts.
Ce point de passage fermé, considéré comme une bouée de sauvetage pour le peuple palestinien dans la bande de Ghaza, est la seule voie terrestre permettant l’entrée de l’aide humanitaire et l’évacuation des blessés. «Cette incursion dans le passage de Rafah et son contrôle strict signifient une privation de nourriture et d'aide médicale», note la même source, citant Nabil Abu Rudeineh, porte-parole de la présidence palestinienne.
Ce dernier indique que «le contrôle du passage de Rafah par les troupes de l’occupation et le déplacement forcé des citoyens, ainsi que l’interdiction des employés des Nations unies d’entrer dans la bande de Ghaza sont des crimes de guerre». La présidence palestinienne, ajoute-t-il, «a demandé à l’administration américaine d’intervenir immédiatement pour empêcher les autorités israéliennes d’occuper Rafah et d’en déplacer les citoyens, forcés à quitter le nord et le centre de la bande de Ghaza».
Avant de lancer son opération criminelle, l’armée de l’occupation a sommé les habitants de Rafah d’évacuer les lieux, obligeant des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, désespérés, pour beaucoup déjà déplacés par la guerre, d’emballer à la hâte quelques affaires, sans trop savoir où aller. «Nous sommes terrifiés, ce n’est pas facile d’être déplacé d’un endroit à l’autre», déclare un des déplacés de la bande de Ghaza à l’AFP.
«On va partir vers l’ouest de Rafah, mais on ne sait pas exactement où. Et tout le monde se pose la question», ajoute-t-il. L’occupant a largué aussi des tracts appelant à évacuer vers la zone humanitaire d’Al Mawasi, à une dizaine de kilomètres de Rafah, qui est un secteur déjà surpeuplé ou détruit par les bombardements de l’occupation.
Indignations
L’exécution de cette nouvelle étape de l’agression israélienne contre la bande de Ghaza risque d’aggraver la crise humanitaire. Juste après la prise de contrôle de ce passage par les militaires israéliens, l’agence onusienne Unrwa a mis en garde contre l’arrêt de l’entrée de l’aide par le passage de Rafah.
«L’arrêt continu de l’entrée de l’aide et des fournitures de carburant au terminal de Rafah mettra un terme à la réponse humanitaire critique dans toute la bande de Ghaza, coïncidant avec l’annonce par Israël de son contrôle sur la zone palestinienne du terminal de Rafah», alerte l’Unrwa.
Pour sa part, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) tire la sonnette d’alarme sur l’épuisement de son stock de carburant destiné aux opérations humanitaires dans la bande de Ghaza. «Nous avons un très petit stock, suffisant pour environ une journée» – expliquant que le carburant ne passe que par Rafah, et que «ce stock est pour l’ensemble de l’opération humanitaire» –, met en garde le porte-parole de cet organisme onusien. Cette nouvelle escalade provoque, depuis hier matin, une avalanche de réactions.
Dans une déclaration à la presse, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, affirme que «les points de passage de Rafah et de Karam Abu Salem, au sud de la bande de Ghaza, doivent être ouverts immédiatement». Appelant à l’arrêt de l’escalade israélienne, le chef de l’ONU précise que cette fermeture «est particulièrement néfaste pour la situation humanitaire déjà désespérée».
«J’appelle le gouvernement (d’Israël, ndlr) à arrêter l’escalade et à s’engager de façon constructive dans les discussions diplomatiques en cours», lance Antonio Guterres. Et d’ajouter : «Les civils n’ont-ils pas assez subi de mort et de destruction ?» «Ne vous y trompez pas : un assaut généralisé de Rafah serait une catastrophe humaine.»
Des ministres de l’Union européenne expriment, eux aussi, de vives inquiétudes. «Il doit y avoir une ligne rouge (...), la fermeture de la frontière (avec l'Egypte) menace des millions de personnes de famine.
Il est très clair que le droit international n’est plus respecté à Ghaza», s’indigne la ministre belge de la Coopération au développement, Caroline Gennez. «Il est important que nous donnions à Israël un signal correct et unanime pour que la violence s’arrête (...).
Il faut s’assurer que tous les instruments à notre disposition soient sur la table, y compris des sanctions», soutient-elle, avant une réunion avec ses homologues des Vingt-Sept à Bruxelles. Mme Gennez exhorte ces derniers à accepter à l’unanimité une décision visant à «cesser d’exporter des armes vers le Moyen-Orient, vers Israël et les pays en guerre».
Dans le même sens, le ministre allemand du Développement, Jochen Flasbarth, affirme que «la situation est dramatique et continue de s’aggraver», qualifiant la situation humanitaire à Ghaza d'«épouvantable». «Il n'y a pas de zone de sécurité à Ghaza vers laquelle les civils pourraient fuir», enchaîne, de son côté, Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’UE.
Un des pays qui chapeautent les négociations entre le Hamas et l’occupant israélien, l’Egypte, dénonce aussi l’offensive israélienne contre la ville de Rafah. Dans un communiqué de presse publié hier, le ministère égyptien des Affaires étrangères précise que «l’escalade dernière menace la vie du plus d’un million de citoyens qui dépendent de ce passage pour sortir et recevoir un traitement médical en Egypte et pour obtenir des aides humanitaires».