L’ONU malade de son Conseil de sécurité

25/09/2023 mis à jour: 07:51
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L’ouverture de la 78e Assemblée générale de l’ONU a ressemblé à de nombreuses sessions qui l’ont précédée : le constat d’un monde marqué par les inégalités, la persistance de foyers de conflits armés, le statu quo et la controverse sur les dernières colonies, l’accumulation des défis qui s’imposent à la communauté humaine et des appels à réagir solidairement pour y faire face. 
 

Organisées sous le thème générique de «Rétablir la confiance et raviver la solidarité», ces assises annuelles, en dehors de réunir les dirigeants du monde et de les voir se relayer à la tribune la plus prestigieuse de la planète, ne vont certainement pas peser sur les trajectoires qui dominent en ce moment les relations internationales, ni accoucher de fermes engagements. Le consensus est fait, pourtant, sur la non-efficacité des organes de décision, legs d’un monde révolu, en premier lieu ce bon vieux Conseil de sécurité. 
 

Les chefs d’Etat du «Sud global», notion qui supplante, depuis quelques années, avec des nuances de forme tout compte fait, celle vieillie de «Tiers-monde», ont encore une fois fait entendre leur plaidoyer pour un ordre institutionnel mondial plus juste, assorti d’un réquisitoire contre la polarité qui consacre les instruments de la domination. 
 

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ainsi rappelé à New York, dans un discours prononcé à l’occasion, que l’Algérie relève depuis plus de 50 ans les dysfonctionnements de l’ordre mondial et n’a cessé d’appeler à un nouvel ordre fondé sur l’égalité entre les Etats membres de l’ONU. 

S’alarmant du niveau sans précédent atteint par les conflits dans le monde, le Président a, par ailleurs, déploré que les relations internationales restent dominées par des logiques de confrontations et de conflits, alors que l’efficacité du Conseil de sécurité est de plus en plus sujette à caution. 
 

Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, figure mondiale de la contestation contre le capitalisme hégémonique et de sa mainmise sur les institutions politiques internationales, a, pour sa part, estimé que «la paralysie» du Conseil de sécurité sur tout ce qui met à mal la paix dans le monde met en demeure d’engager une réforme urgente de l’institution. 

Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, après avoir fait le constat que face aux tensions géopolitiques qui s’accentuent et aux lancinantes urgences mondiales, «nous semblons incapables de nous rassembler pour répondre», il soutient que la planète ne peut plus se permettre d’ignorer que la configuration figée du même Conseil de sécurité est en parfaite inadéquation avec les réalités économiques et politiques du siècle. 
 

Aucune voix, y compris celles des 5 puissances jouissant du statut de membre permanent du Conseil et du droit de veto, n’a assumé de s’opposer à la réforme proposée. Mieux, Joe Biden, le président américain, a réaffirmé, à l’occasion de l’Assemblée générale, une position qu’il défend depuis notamment le déclenchement de la guerre en Ukraine : augmenter le nombre des membres permanents et non permanents de l’instance. Idem pour la France, dont le président estime que les membres permanents «ne doivent plus être les seuls à avoir leur mot à dire». Rien n’est dit, cependant, sur le droit de veto, encore moins sur la possibilité de le remettre en cause ou de l’accorder à de futurs nouveaux admis dans le club très fermé des 5. 
 

C’est que l’Occident est excédé, désormais, de voir la Russie de Poutine «abuser» de son droit de veto et de désarmer ainsi, au sein de l’ONU, toute mobilisation derrière l’Ukraine. Volodymyr Zelensky, s’adressant au Conseil de sécurité, le 20 septembre, a d’ailleurs dénoncé l’usage qui est fait du veto par le Kremlin, suggérant que ce privilège devait lui être retiré. 
 

On le voit, le projet de reformer les institutions internationales, en l’occurrence le Conseil de sécurité, n’obéit pas aux mêmes motivations et ambitions, selon que l’on soit d’un bloc géopolitique ou d’un autre, ou parfaitement non aligné. La revendication d’un monde plus juste risque pour longtemps encore de se heurter au veto des enjeux d’hégémonie des fondateurs qui, il y a 78 ans, ont accouché de l’ONU.

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