L’ONU appelle à s’attaquer à l’origine du phénomène : Nouveau record de migrants morts en Méditerranée en 2023

30/09/2023 mis à jour: 23:01
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Photo : D. R.

Madjid Makedhi/agences

Entre le 1er janvier et le 24 septembre 2023, 186 000 migrants sont arrivés dans le sud de l’Europe (Italie, Grèce, Chypre et Malte), dont 130 000 en Italie, «soit une augmentation de 83% par rapport à la même période de 2022».

Une véritable hécatombe en Méditerranée. Le bassin séparant l’Afrique de l’Europe est devenu un véritable cimetière des migrants clandestins, plus particulièrement les enfants. Les chiffres enregistrés durant les neuf premier mois de l’année en cours alertent les instances internationales qui évoquent un record jamais atteint. En effet,  le haut commissariat aux réfugiés de l’ONU affirme que «plus de 2500 migrants sont morts ou portés disparus, après avoir tenté de traverser la Méditerranée vers l’Europe depuis le début de l’année».

«Au 24 septembre, plus de 2500 personnes ont été comptabilisées comme mortes ou disparues en 2023. Ce nombre représente une augmentation de deux-tiers, comparé aux 1680 personnes lors de la même période de 2022», indique Ruven Menikdiwela, directrice du bureau du HCR à New York, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la crise des migrants en Méditerranée. Et d’ajouter : «Des vies sont également perdues sur terre, loin de l’attention du public.»

La même responsable insiste, également, sur la dangerosité de la traversée qui commence à partir de l’Afrique de l’ouest. «Le voyage depuis l’Afrique de l’Ouest ou de l’Est et de la Corne de l’Afrique vers la Libye et des points de départ sur la côte reste l’un des plus dangereux au monde», précise-t-elle. Selon elle, les réfugiés et les migrants voyageant sur les routes terrestres depuis l’Afrique sub-saharienne «risquent la mort et des violations graves des droits humains à chaque étape». 

Entre le 1er janvier et le 24 septembre 2023, selon les mêmes chiffres, 186 000 migrants sont arrivés dans le sud de l’Europe (Italie, Grèce, Chypre et Malte), dont 130 000 en Italie, «soit une augmentation de 83% par rapport à la même période de 2022». Quant aux pays de départ, entre janvier et août 2023, plus de 102 000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée depuis la Tunisie, et 45 000 depuis la Libye. «Sur ce nombre, 31 000 ont été secourus en mer ou interceptés et débarqués en Tunisie, et 10 600 en Libye», précise la même responsable.

Hier, l’Unicef a déploré également le nombre croissant de mineurs qui tentent d’atteindre l’Europe. Selon la même source, entre juin et août, au moins 990 personnes ont fait naufrage en Méditerranée centrale, soit trois fois plus que pendant l’été précédent.

Dans la foulée, l’Unicef regrette que cette mer se soit transformée en «cimetière pour les enfants et leur avenir». «Quelque 11 600 mineurs non accompagnés ont tenté de se rendre en Italie entre janvier et mi-septembre à bord d’embarcations de fortune, soit 60% de plus que sur la même période de 2022», souligne l’agence de l’ONU pour l’enfance. L’ampleur du phénomène suscite une réaction des neuf dirigeants des pays méditerranéens de l’Union européenne.

Ces derniers se sont réunis à Malte, pour tenter d’accorder leurs positions, en particulier sur l’immigration, forts d’une entente inattendue mais croissante entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni mais sur fond de négociations toujours difficiles à Bruxelles. Au cœur de cette rencontre, selon la délégation française, «la mise en œuvre du plan en dix points» présenté à la mi-septembre par la présidente de la Commission européenne pour aider l’Italie confrontée à un afflux record de migrants à Lampedusa.

Que décidera l’Europe ? Pour rappel, l’UE est  accusée, notamment par les ONG de secours aux migrants, d’être complice d’actions illégales de la Tunisie et de la Libye qui interceptent des embarcations et les contraignent à revenir en arrière. L’une d’elles, Sea Watch, affirme vendredi sur X «que son avion de surveillance avait vu un bateau des garde-côtes libyens éperonner une embarcation transportant une cinquantaine de migrants, avant de les forcer à retourner vers la Libye».

La première décision vient de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Et elle est radicale. Selon elle, son pays n’accueillerait plus des migrants secourus par des ONG étrangères.  Ses dernières, déclare-t-elle à partir de Malte, «devront faire débarquer les migrants secourus dans les pays dont leurs bateaux battent pavillon». La cheffe du gouvernement italien rejette un amendement présenté par l’Allemagne sur le statut et le rôle des ONG au moment du vote jeudi à Bruxelles, de la réforme du Pacte asile et immigration.

Le texte a été approuvé par les Vingt-Sept mais l’Italie, qui s’est dite surprise par le dépôt in extremis des propositions allemandes, a émis des réserves et demandé un délai de réflexion. Giorgia Meloni estime que cet amendement est «un pas en arrière» et elle annonce ainsi la proposition d’un autre amendement «en vertu duquel le pays responsable de l’accueil des migrants transportés sur un navire d’ONG est celui du pavillon de ce navire». «On ne peut pas jouer à la solidarité avec les frontières des autres», déclare-t-elle. Cependant, l’amendement italien a été rejeté par les ministres de l’Intérieur de l’UE réunis, jeudi dernier, à huis clos à Bruxelles.

Sûreté de wilaya d’Alger : démantèlement d’un réseau de passeurs

Les services de la Sûreté de wilaya d’Alger ont arrêté 16 suspects dans une affaire d’organisation de traversées clandestines par mer, dans le cadre d’un réseau criminel organisé, a indiqué, vendredi, un communiqué de ces services.

Les services de la Sûreté de wilaya d’Alger, représentés par la 1re circonscription de la Police judiciaire d’Alger-Centre, ont «arrêté 16 suspects, dont trois (3) commanditaires principaux de l’opération et un individu recherché faisant l’objet d’un mandat d’arrêt dans une affaire de migration clandestine, dans le cadre d’un réseau criminel organisé pour mise en danger de la vie d’autrui, non-dénonciation de crime et usurpation d’identité», a précisé la même source.

Sous le contrôle permanent et continu du parquet territorialement compétent, les mêmes services ont saisi deux (2) embarcations de plaisance, un (1) moteur d’embarcation de 25 chevaux, un (1) grand réservoir et trois (3) bidons d’essence, selon le communiqué qui fait également état de la saisie d’un montant en devises (2 810 euros), d’un montant en monnaie nationale (595 000 DA), de deux (2) cartouches pour fusil à harpon, d’un (1) GPS, de quatre (4) capsules de psychotropes et de quatre (4) gilets de sauvetage. Les mis en cause ont été déférés au parquet territorialement compétent. (APS)

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