L'OMS lance la sonnette d'alarme sur la situation à Ghaza : «L'occupation a détruit l'ossature médicale»

30/12/2024 mis à jour: 13:38
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La privation d’accès aux soins complique la gestion des blessures de guerre et des maladies chroniques

Les hôpitaux de Ghaza, cible privilégiée de l’armée génocidaire israélienne, ont été de nouveau les théâtres d’une tragédie. Les rares hôpitaux encore fonctionnels sont démantelés, bombardés ou encerclés, privant des milliers de civils blessés ou malades de tout espoir de soin.

Situé à Beit Lahia, au nord de Ghaza, l'hôpital Kamal Adwan était l'un des derniers établissements encore capables d'accueillir des patients. Mais depuis des semaines, les murs de cette «infrastructure» ont subi les assauts de l'armée d’occupation israélienne, transformée en théâtre d'un véritable siège. 

Le Dr Hussam Abou Safia, directeur de cet hôpital, avait multiplié les appels à l'aide, espérant alerter la conscience internationale. Dans une vidéo poignante publiée le 12 décembre, il déclarait : «Nous sommes maintenant incapables de fournir un service digne. J'espère que quelqu'un nous écoute et que des voies humanitaires soient ouvertes pour permettre à l'hôpital Kamal Adwan de continuer son travail.» 

Le courageux directeur, accusé sans preuve tangible d’être affilié au Hamas, a été arrêté et emmené à son tour par l’armée d’occupation israélienne, marquant une étape supplémentaire dans la descente aux enfers de cet hôpital emblématique. L'établissement a finalement été vidé de ses patients et mis hors service. 

Les soldats israéliens ont investi les lieux, collecté les dossiers médicaux et emporté les générateurs électriques, privant les Ghazaouis d’un équipement vital. L'attaque contre Kamal Adwan n'est pas isolé. 
 

Une indifférence générale

En quatorze mois, au moins 33 hôpitaux ont cessé de fonctionner à Ghaza, dénoncent les autorités sanitaires palestiniennes. Parmi eux, l'hôpital El Wafaa dans la ville de Ghaza, ciblé récemment sous prétexte d’être utilisé comme «complexe de commandement» par des membres du Hamas. L’armée d’occupation israélienne prétend que ces établissements seraient exploités à des fins militaires. Pourtant, aucune preuve concrète n’a été apportée pour justifier ces frappes meurtrières. 

La frappe sur El Wafaa a causé hier la mort de sept Palestiniens, pour la plupart des patients. L’établissement, qui fonctionnait comme centre de réhabilitation et accueillait des personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques, est désormais hors service. 

Cette destruction s’ajoute à celles d’autres infrastructures sanitaires, telles que l’hôpital Ahli Arab et l’hôpital El Chifa, vidés et paralysés par des offensives similaires. Ces attaques ciblées ont bien évidemment des répercussions sur la population de Ghaza, déjà éprouvée par une guerre interminable. 

La privation d’accès aux soins complique la gestion des blessures de guerre et des maladies chroniques, transformant des cas normalement traitables en condamnations à mort. Mohammad, un témoin qui a préféré taire son nom de famille, a affirmé à l'AFP que l'armée avait «demandé à tous les jeunes hommes de se déshabiller avant de sortir de l'hôpital et de se rendre dans une école utilisée comme centre de détention et d'interrogatoire». «Une fois l'interrogatoire terminé, ils (les soldats) nous ont mis dans un camion et ont enlevé nos vêtements. On est restés dans le camion de 2h à 6h du matin avant d'être relâchés», a témoigné à l'AFP un patient de l'hôpital, Ramadan Al Aswad. 

Ces pratiques, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie de «consternantes», mettent en lumière une violence systématique envers le personnel médical et les patients. 
D'après le ministère de la Santé de Ghaza, les soldats ont arrêté des dizaines de membres du personnel médical de l'hôpital Kamal Adwan en plus de son directeur. 

«L'occupation a complètement détruit l'ossature médicale, humanitaire et de secours dans le nord de Ghaza», a dénoncé à l'AFP le porte-parole de la Défense civile locale Mahmoud Bassal.

Alors que les hôpitaux de Ghaza sombrent dans le chaos, les appels à l’aide des médecins et des organisations humanitaires semblent se heurter à une indifférence générale. L’OMS, dans un communiqué, a certes réaffirmé que les structures médicales doivent être protégées en toutes circonstances, rappelant les conventions internationales qui régissent les conflits armés. 

Pourtant, sur le terrain, les violations barbares d’Israël se multiplient sans que des mesures concrètes soient prises pour les stopper.

Le récent bilan fourni par le ministère palestinien de la Santé : au moins 45 000 morts, essentiellement des civils, ont été recensés depuis le début de l’offensive israélienne en octobre 2023. Mais le chiffre réel, comptabilisant les corps encore sous les décombres et les morts indirectes, devrait être cinq fois plus important. Et la situation ne semble pas près de s’améliorer, alors que l’armée d’occupation israélienne intensifie ses opérations terrestres et aériennes dans le nord de Ghaza.  Amel B.

 

 

 

 

81% des déplacés vivent une crise tragique à cause du froid 

Le bureau des médias de Ghaza a déclaré samedi que 81 % des déplacés à Ghaza vivent une crise humanitaire tragique, qui menace la vie de milliers d’entre eux en raison de l’usure de leurs tentes et des fortes vagues de froid, qui frappent la bande assiégée et ravagée par une agression génocidaire sioniste depuis 14 mois. Le bureau a expliqué dans un communiqué que deux millions de personnes déplacées vivent depuis plus d’un an dans des tentes en tissu, dont la majorité sont devenues inutilisables. Il a souligné que «la situation humanitaire tragique que connaissent les Palestiniens est une conséquence directe du crime de génocide commis par l’armée d’occupation (sioniste), car elle a complètement détruit des centaines de milliers de maisons, les obligeant à se déplacer et à vivre dans des tentes qui ne répondent pas aux exigences minimales pour une vie décente».»Cette profonde crise humanitaire se poursuit au vu et au su de la communauté internationale et des organisations internationales, sans que ces dernières ne fassent rien», a déploré la même source. Le bureau a appelé, en outre, la communauté internationale à «prendre des mesures immédiates et à jouer son rôle pour faire pression sur l’occupation afin de mettre fin au crime de génocide, à ses pratiques agressives et à assurer la fourniture du soutien nécessaire pour soulager les personnes touchées, dont la priorité est de fournir un abri à chaque famille palestinienne». Il a également appelé les pays arabes et islamiques et tous les organismes humanitaires et internationaux à «prendre des mesures urgentes pour sauver les civils de la bande de Ghaza et pour leur fournir les besoins fondamentaux en matière d’abri, de nourriture et de médicaments, de manière à garantir leur dignité humaine». Le bureau des médias de Ghaza a souligné en fin que cette tragédie exige «une position sérieuse de la part de tous les pays», soulignant que le silence du monde face aux souffrances du peuple palestinien représente «une complicité avec l’injustice».  

PAM : plus de deux millions de personnes sans accès à la nourriture  

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré samedi que la faim était partout dans la bande de Ghaza, où plus de deux millions de personnes sont sans accès à la nourriture. «Malgré tous nos efforts pour fournir une aide vitale, il est impossible de répondre aux besoins de la population dans le contexte actuel d’insécurité et de restrictions», a souligné le programme de l’ONU, dans un message sur les réseaux sociaux. Il a ajouté que «le cessez-le-feu dans la bande de Ghaza était attendu depuis longtemps, alors que la vie s’est arrêtée pour plus de deux millions de Palestiniens, sans accès à la nourriture, à l’eau et à un abri». Les personnes déplacées à Ghaza souffrent, dans des tentes de fortune, de conditions de vie difficiles dues à la pénurie de produits de première nécessité, de vêtements, de literie et de couvertures, qui s’aggravent avec la saison hivernale. La famine s’est propagée dans la plupart des régions de la bande de Ghaza à la suite du siège imposé par l’occupation sioniste en particulier dans le gouvernorat du Nord, suite à l’intensification, depuis début octobre, du génocide et de la famine pour forcer les citoyens à se déplacer vers le Sud. L’entité sioniste commet un génocide à Ghaza depuis le 7 octobre 2023, faisant 45.484 martyrs et 108.090 blessés, pour la plupart des enfants et des femmes, et plus de 11 000 disparus, dans un contexte de destruction massive et de famine meurtrière.
 

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