L’inflation, un défi majeur

06/07/2023 mis à jour: 05:39
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Quelle leçon tirer de la flambée des prix du bétail de l’Aïd dernier ? Son caractère brutal aurait dû faire réagir énergiquement les pouvoirs publics, notamment ceux du commerce et de l’agriculture. Cela n’a pas été fait certainement en raison de leur impuissance à réglementer et contrôler ce secteur répondant traditionnellement à la loi de l’offre et de la demande, comme l’est, au demeurant, le marché des fruits et légumes. 

Un temps, l’Etat a pensé à durcir les peines, mais sans effets majeurs. Comme le mécontentement des consommateurs est grandissant devant la perte de leur pouvoir d’achat, le gouvernement est sommé aujourd’hui d’aller plus loin dans la réflexion sur les voies et moyens susceptibles d’aboutir à la régulation des produits de large consommation. 

Le pouvoir d’achat du citoyen est pris au piège de l’inflation qui explose dans le pays depuis plusieurs années pour des raisons internes mais également sous l’effet du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine. En Algérie, le rythme global est passé de +7,2% en 2021 à +9,3% en 2022 et pourrait dépasser les deux chiffres pour 2023. Les autorités ont annoncé de nombreuses mesures budgétaires et sociales entre 2020 et 2023 pour réduire la chute du  pouvoir d’achat des Algériens. 
 

Mais leur approche s’attaque davantage aux symptômes qu’aux causes de l’inflation. La lutte nécessite un traitement multidimensionnel et donc des réformes structurelles profondes à tous les niveaux de la sphère économique et institutionnelle. A l’échelle mondiale, relève l’expert A. Bessaha (El Watan du 2 juin 2023), les autorités, depuis 2022, ont pu réduire sensiblement les pressions inflationnistes mais sans mettre en place de véritables dispositifs de désinflation. 

Ce n’est qu’à partir de février 2022, précise A. Bessaha, que la Banque centrale américaine a commencé à faire remonter son taux directeur, suivie bientôt en cela par la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne. «Si ces mesures ont permis de réduire l’inflation (loin toutefois des cibles de 2%), elles ont également indirectement déclenché des crises bancaires susceptibles de conduire à un recul de l’activité économique mondiale. 

A l’avenir, les autorités monétaires devront donc trouver un équilibre entre stabilité des prix, stabilité financière et atterrissage en douceur des économies à travers le monde.» «Pour ce qui est de l’Algérie, vu la nature multidimensionnelle de l’inflation et la persistance de l’inflation mondiale, il est urgent d’adopter une stratégie globale et cohérente de désinflation pour limiter les dégâts structurels de cette hausse des prix continue.» 
 

Pour la Banque mondiale, l’amélioration soutenue de la balance commerciale et l’accumulation des réserves de change renforcent la résilience de l’économie algérienne face aux chocs extérieurs, mais les équilibres macroéconomiques restent sensibles aux prix mondiaux des hydrocarbures dans un contexte de profondes incertitudes au niveau mondial. 

D’où l’importance, pour l’Algérie, selon l’institution, «de poursuivre les réformes pour permettre au privé de devenir le moteur d’une croissance durable et diversifiée». En conclusion, la conjoncture actuelle s’y prête, celle d’un niveau élevé des recettes d’exportations.

 Mais comme il est aléatoire, il faut aller vite en besogne pour d’une part affronter un inévitable retour de manivelle au niveau du marché mondial des hydrocarbures, une fois fini le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Et d’autre part de ne pas voir s’effondrer totalement le pouvoir d’achat des citoyens aux dures conséquences.    
 

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