Prévue jusqu’au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, la COP29 est présentée comme celle des finances. En effet, les Etats doivent s’accorder sur un nouvel objectif mondial de financement pour lutter contre le réchauffement climatique. Explications !
Presque une décennie après l’accord de Paris, limiter le réchauffement à 1,5°C semble plus que jamais compromis. Pis encore, la secrétaire générale de l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) a déclaré, en marge de l’ouverture de la COP29, que l’accord de Paris sur le climat de 2015 est en «grand danger».
«Elle ne parle même plus de l’ambition de 1,5°C comme réchauffement climatique à contenir avant 2100, mais bien de l’ambition de contenir le réchauffement mondial à 2°C que nous ne pourrons jamais atteindre avec le niveau actuel d’actions et les trajectoires qui leur sont associés», explique l’expert en environnement et changement climatique M. Samir Grimes.
Il faut savoir que l’accord de Paris, adopté en 2015 et entré en vigueur en 2016, a pour principal objectif de contenir le réchauffement mondial à moins de 2°C et à poursuivre les efforts pour le contenir à moins de 1,5 °C. Et selon M. Grimes, le constat de l’OMM est accablant pour la période de janvier à septembre 2024, la température moyenne de l’air à la surface du globe a déjà été supérieure de 1,54°C à la période de référence, 1850-1900. Et selon l’OMM, la période 2015-2024 est la plus chaude jamais mesurée.
C’est pourquoi M. Grimes estime qu’il s’agit d’un constat d’échec sans équivoque. «Cela est tout simplement lié à l’insuffisance des moyens, du cadre et des politiques mis en place pour l’atteinte des objectifs fixés par les pays lors des COP qui se sont succédé au cours de ces dernières années», a-t-il expliqué. Par moyens, M. Grimes entend les financements, la technologie et les compétences.
«Dans beaucoup de cas, la gouvernance climatique n’est pas adaptée. Mais la principale raison relève de la responsabilité des grands émetteurs des gaz à effet de serre qui refusent de mobiliser les financements nécessaires autour de cet objectif», a-t-il poursuivi. Finalement, on peut considérer que la transition environnementale n’est pas encore au rendez-vous, et le développement des énergies renouvelables restent coûteux et nécessite un temps long. Mais finalement, action climatique et progrès font-ils bon ménage ?
Gaspillage alimentaire
«Le modèle de développement qui a conduit au progrès tel qu’on le connaît aujourd’hui a atteint ses limites», affirme M. Grimes. Selon lui, la difficulté de l’action climatique est dans les choix douloureux qui doivent être faits, notamment par les grandes puissances de ce monde.
Effectivement, existe-t-il un grand pays qui serait prêt aujourd’hui à démanteler une partie de son complexe industriel ? A qui appartiennent les grandes compagnies aériennes ? Quelle est la part du pavillon des pays en développement par rapport aux Etats-Unis, la Chine et l’Europe ?
Quelle est la part des investissements des compagnies énergétiques européennes et des Etats-Unis dans les pays du Sud ? Qui détient les grands groupes automobiles dans le monde ? Qui détient les grands capitaux liés aux activités manufacturières, le transport, l’agriculture ?
Quels sont les pays champions du gaspillage alimentaire dans le monde ?... «Ce sont autant de questions qui illustrent parfaitement qui est responsable de la dégradation du climat et quels sacrifices doivent être faits», assure M. Grimes. Pour lui, il faudrait commencer par les grands détenteurs de capitaux et les champions des industries polluantes au niveau mondial.
A l’évidence, il y a lieu de situer, selon le spécialiste, les responsabilités de manière précise sur les drivers anthropiques et les pays responsables de la vulnérabilité climatique, et ne plus se contenter d’une remise en question du modèle de production et de consommation dominant. «Vous conviendrez avec moi que tout est fait pour ne pas avancer sur ces deux questions qui sont centrales dans les choix entre actions climatiques et progrès humains», conclut M. Grimes.