Un projet de loi visant à changer le nom de la Cisjordanie (West Bank en anglais) en «Judée et Samarie» (Judea and Samaria en anglais) a été déposé il y a quelques jours en Israël et un projet similaire a été également introduit aux Etats-Unis, au niveau de la Chambre des représentants, pour entériner le même changement de nom dans les documents officiels américains, ont rapporté plusieurs médias internationaux.
Plus qu’un simple geste symbolique, ce changement de nom traduit une volonté manifeste de la part de l’entité sioniste, avec la complicité des Etats-Unis, d’effacer un pan important de l’identité palestinienne en procédant à des manipulations toponymiques et plus généralement onomastiques comme ils n’ont eu de cesse de le faire depuis la partition et l’occupation de la Palestine historique en 1948.
Par ailleurs, ce projet trahit clairement un procédé colonialiste et constitue un pas juridique qui est loin d’être anodin, et qui va dans le sens de l’annexion de la Cisjordanie par l’entité sioniste, une démarche clairement revendiquée par les extrémistes israéliens à l’instar du ministre des Finances dans le gouvernement Netanyahu, Bezalel Smotrich.
Ce dernier qui est également en charge de l’administration civile de la Cisjordanie occupée, avait déclaré peu après la victoire de Trump aux élections présidentielles américaines que «2025 sera l’année de l’annexion de la Cisjordanie par Israël». «Selon les chiffres israéliens, plus de 720 000 colons illégaux vivent dans des colonies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est», affirme l’agence turque Anadolu.
Le changement de nom approuvé par la Knesset
Le site d’information israélien i24News rapportait dans un article publié le 12 février : « L'amendement proposé par le député Simha Rothman visant à remplacer le terme "Cisjordanie" par "Judée-Samarie" a été approuvé en première lecture par le comité législatif du cabinet de la Knesset chargé de la législation. Ce projet de loi vise à remplacer le terme "Cisjordanie" dans tous les textes législatifs par le nom biblique et historiquement exact de la région, "Judée-Samarie".»
Et le média de reprendre un extrait de ce texte législatif où on peut lire : «La Judée et la Samarie sont des parties inséparables de la patrie historique du peuple juif. Les événements les plus marquants de l'histoire juive se sont produits dans ces régions, où nos ancêtres, prophètes, sages et rois ont établi leur capitale et leur royaume. (…) En revanche, le terme "Cisjordanie", qui a vu le jour pendant une période d'occupation étrangère illégale, reflète une perspective colonialiste qui ne tient pas compte du lien historique profond du peuple juif avec sa terre et de l'intégrité de la Terre d'Israël en tant qu'unité géographique unifiée.» «Le projet de loi, poursuit l’article, vise à régulariser l'utilisation du terme "Judée-Samarie" dans la législation israélienne, en remplaçant d'autres termes qui se réfèrent à la même zone géographique. Ce changement s'inscrit dans une tendance plus large visant à "renforcer la prise de conscience du lien juridique entre Israël et la région et à préserver les droits historiques du peuple juif ".»
Une démarche similaire aux États-Unis
De son côté, le New York Times a publié le 4 février un article sur le même sujet sous le titre : «Cisjordanie ? Non, Judée et Samarie, disent certains républicains.» Et de rapporter : «Vendredi (31 janvier, ndlr), des législateurs républicains de la Chambre des représentants et du Sénat ont présenté des projets de loi visant à interdire l'utilisation de l'expression "Cisjordanie" dans les documents du gouvernement des États-Unis, en la remplaçant par "Judée et Samarie", les noms bibliques de la région qui sont largement utilisés en Israël et le nom administratif utilisé par l'État pour décrire la région.» «Cette proposition linguistique vise à renforcer et à soutenir la revendication historique d'Israël sur le territoire qu'il a pris à la Jordanie lors de la guerre de 1967, et qu'il occupe militairement depuis lors. Elle intervient alors que l'armée israélienne mène d'intenses raids dans la région», souligne le New York Times. «Les droits légaux et historiques du peuple juif sur la Judée et la Samarie remontent à des milliers d'années», a tenté de justifier le sénateur Tom Cotton, républicain de l'Arkansas, dans un communiqué cité par le New York Times.
M. Cotton, faut-il le signaler, est l’un des principaux initiateurs de ce projet de loi. «Il a appelé les États-Unis à cesser d'utiliser le terme politiquement chargé de “Cisjordanie”», indique le quotidien new-yorkais. Une autre députée républicaine, Claudia Tenney, qui a participé à l’élaboration de ce projet de loi, «a annoncé la création récente d'un groupe au Congrès - le Friends of Judea and Samaria Caucus - afin de promouvoir des politiques qui soutiennent les revendications israéliennes sur ce territoire.
En présentant le projet de loi et en créant le groupe, "nous nous efforçons de réaffirmer la revendication légitime d'Israël sur son territoire", a-t-elle déclaré dans un communiqué», indique la même source. Le journal précise : «Le projet de loi, que Mme Tenney a présenté pour la première fois l'année dernière, est à nouveau proposé dans un contexte de changement radical de la dynamique à Washington, où M. Trump a explicité son soutien ferme à Israël. Les républicains contrôlent désormais le Congrès, avec de faibles majorités à la Chambre et au Sénat.
Le président a indiqué qu'il soutenait les politiques expansionnistes d'Israël et, au cours de son premier mandat, il a proposé l'annexion par Israël d'une grande partie de la Cisjordanie.» Le New York Times le dit clairement : «Le retour au pouvoir de Donald J. Trump en tant que président a renforcé les législateurs de droite en Israël et aux Etats-Unis qui soutiennent l'annexion par Israël de la Cisjordanie, un territoire occupé depuis longtemps considéré par les Palestiniens et la communauté internationale comme faisant partie d'un éventuel État palestinien.»

«Le retour de Trump a enhardi les partisans de l’annexion»
Réagissant à cette manœuvre, le ministère palestinien des Affaires étrangères a émis un communiqué le 9 février dans lequel il a exprimé sa vive condamnation de «l'approbation par le soi-disant Comité ministériel des affaires législatives de l'État de l’occupant d'un projet de loi visant à adopter le nom de "Judée et Samarie" au lieu de "Cisjordanie"».
Ce département de l’Autorité palestinienne y voit un «prélude à l'achèvement de l'annexion de la Cisjordanie» et «une atteinte systématique à la possibilité de matérialiser l'État palestinien sur le terrain et de résoudre le conflit par des moyens politiques pacifiques». Ce projet de loi «et les autres mesures de l’occupant n’accorderont aucun droit de préemption pour Israël sur la terre de l'Etat de Palestine», insiste le ministère palestinien des Affaires étrangères. «Ils sont nuls et non avenus», martèle la même autorité, «et constituent une violation flagrante du droit international et des résolutions des Nations unies».
Pour les Palestiniens, ce genre de procédés «représente une menace flagrante pour la sécurité et la stabilité de la région et du monde». Le ministère palestinien des Affaires Etrangères a appelé pour finir «à une intervention internationale urgente pour mettre fin aux tentatives de l'occupant de modifier la réalité politique, juridique et géographique du territoire internationalement reconnu de l'État de Palestine». Mustapha Benfodil
Ghaza : grave pénurie d’oxygène dans les hôpitaux
Les hôpitaux de la bande de Ghaza souffrent d’une grave pénurie d’oxygène en raison de la destruction par l’entité sioniste de 10 centrales de production d’oxygène pendant la guerre génocidaire, ont indiqué hier les autorités palestiniennes. Le ministère de la Santé palestinien a annoncé, dans un communiqué, «une très grave pénurie d’oxygène après l’incendie et la destruction de stations centrales, en particulier dans le complexe médical Al-Shifa, l’hôpital Al-Rantisi, l’hôpital Al-Durra, le complexe Al-Nasr, l’hôpital indonésien et la station clinique Sheikh Radwan» dans le nord de la bande de Ghaza. Le ministère a expliqué que «les 10 stations détruites répondaient aux besoins en oxygène des services vitaux, tels que les opérations, les soins intensifs, les urgences et les maternités». Selon le même département, «un certain nombre d’hôpitaux non gouvernementaux qui soutiennent le ministère de la Santé dans la fourniture de ce service ne peuvent pas répondre à leurs besoins en oxygène». Le ministère a averti que «l’interdiction par l’occupation de l’entrée des stations d’oxygène dans les hôpitaux de la bande de Ghaza aggravera la crise à des niveaux qui menacent la vie des patients». A cet effet, il a également renouvelé son appel aux institutions internationales et aux parties concernées pour qu’elles fournissent et importent les stations d’oxygène nécessaires.