Les partis politiques se mettent en mode préélectoral : Calculs et positionnements

09/04/2024 mis à jour: 13:22
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Abdelkader Bengrina et son parti comptent parmi les plus grands soutiens de l’actuel chef de l’Etat

Le FLN, le RND, El Moustakbal et Bina créent une alliance, le FFS et le RCD peinent à décrypter l’enjeu de la prochaine échéance électorale, l’UCP accepte le challenge non sans appréhension, le PT appelle à des mesures d’apaisement… A moins de six mois de l’élection présidentielle anticipée, prévue le 7 septembre, les partis politiques se mettent en mode préélectoral. 

En effet, les partis qui se disent proches du pouvoir s’organisent en fonction de ce que leur dictent leurs intérêts immédiats –post-présidentielle-, ceux se réclamant de l’opposition n’arrivant toujours pas à faire une lecture rationnelle du rendez-vous du 7 septembre.

 Officiellement, l’alliance créée par le FLN, le RND, El Moustakbal et Bina a donné lieu à l’installation d’une commission nationale pour «résoudre les blocages» au sein des Assemblées populaires communales (APC) à travers le pays, a fait savoir le représentant d’El Moustakbal. Mais au-delà de cet objectif affiché, cette alliance pourrait bien évoluer en comités de soutien pour l’un des candidats potentiellement partant pour le scrutin du mois de septembre. 

Candidature commune et consensuelle appuyée par les quatre partis ? S’agira-t-il, dans ce cas, de l’un des représentants de ces formations politiques ? Pas si sûr. Dans leurs déclarations publiques, aucun des chefs des partis désormais alliés n’a exprimé son intention de se porter candidat à la magistrature suprême. Se contentant de dire, sans trop forcer, qu’une telle candidature ne pourrait être avalisée qu’avec l’«assentiment» des instances partisanes respectives. 

A défaut, cela laisse présager que ce nouveau format de l’«ex-Alliance présidentielle» se destine plutôt à soutenir le président sortant, dans le cas où celui-ci se portera candidat à sa propre succession. Rappelons que deux partis de la commission (FLN, RND) faisaient partie de l’Alliance présidentielle créée en 2004, en soutien au défunt président Abdelaziz Bouteflika. 

À moins de six mois de l’élection présidentielle anticipée, le président Tebboune n’a pas encore annoncé ses intentions, même si peu de doutes subsistent sur la volonté de le voir rempiler. «Ce n’est pas le moment», «je ne vais pas répondre, car avant l’heure ce n’est pas l’heure», a-t-il lancé dans un entretien diffusé par la Télévision nationale. 

Il a également assuré, lors de cette entrevue, qu’avancer le scrutin de trois mois était «purement technique». «(…) L’important n’est pas le vote, mais plutôt comment compter les votes. Pour organiser des élections présidentielles dont les résultats restituent, un tant soit peu, la carte politique du pays, il faut plusieurs préalables en amont», a estimé, quant à lui, le président du RCD dans un entretien accordé à la revue Le Montagnard. Répondant à une question sur une «candidature consensuelle» de l’opposition, Athmane Mazouz a souligné que la démarche du RCD est d’abord d’«établir les conditions normales de l’exercice de la politique». Idem pour l’Union pour le changement (UCP) dont la présidente, Me Zoubida Assoul, a appelé dimanche à se réapproprier les espaces politiques.

 La porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a, pour sa part, déclaré à l’Expression que sa formation «procédera comme à l’accoutumée», en ce qui concerne le scrutin de septembre. «Le bureau politique a déjà abordé cette question avant le Ramadhan. Juste après l’Aïd, le comité central se réunira pour étudier tout le contexte politique et géopolitique qui préside à cette échéance électorale», a-t-elle expliqué, affirmant avoir pris acte du fait que l’élection a été avancée de trois mois. Elle a aussi plaidé pour des mesures d’apaisement politique car, dira-t-elle, il s’agit de «réunir les conditions nécessaires à la sérénité et au débat démocratique». 

La revue El Djeich, dans son dernier numéro, a aussi évoqué le prochain scrutin que s’apprête à organiser notre pays «dans un climat empreint de dynamisme soutenu dans divers domaines, aussi bien au niveau national qu’international». «(…) l’Algérie s’attelle inlassablement à relever les différents défis auxquels elle est confrontée afin de renforcer sa souveraineté nationale et sa liberté dans la prise de décision. (…) Le processus d’affermissement des fondements de l’Algérie nouvelle se poursuit à un rythme soutenu. Ceci requiert, aujourd’hui plus que jamais, la fédération des efforts de tous afin de préserver les acquis et aspirer à acquérir davantage de succès et de facteurs de force», a résumé la revue de l’armée.

 Il convient de rappeler que l’élection anticipée a été annoncé par la présidence de la République, dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion présidée par le président Tebboune, en présence du Premier ministre, des chefs des deux chambres du Parlement, du chef d’état-major de l’ANP, des présidents de la Cour constitutionnelle et de l’Autorité indépendante des élections ( ANIE). 

La dernière élection présidentielle, remportée par le président Tebboune avec 58% des voix avait eu lieu le 12 décembre 2019. Il avait succédé au président défunt Abdelaziz Bouteflika. Le quinquennat du président de la République devait expirer en décembre prochain.
 

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