Les palestiniens reportent la libération d’un deuxième groupe de prisonniers : Israël viole l’accord de trêve

26/11/2023 mis à jour: 03:02
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Les autorités israéliennes avaient affirmé que 14 Israéliens détenus par le mouvement Hamas et 42 prisonniers palestiniens devaient être libérés.

L’échange d’un second groupe de prisonniers n’a pas eu lieu hier comme prévu, au deuxième jour de la trêve conclu entre le mouvement Hamas et les autorités israéliennes. Les Brigades Al Qassam, branche armée du Hamas, ont indiqué en fin de journée avoir pris la décision de retarder la libération du deuxième groupe de prisonniers, et ce, jusqu’à ce qu’Israël  «respecte l’accord» entré en vigueur la veille.

 Ils réclament notamment «l’entrée des camions d’aide humanitaire dans le nord de la Bande de Ghaza» et le respect des «critères de sélection» pour la libération des prisonniers palestiniens, ont-elles précisé dans un communiqué repris par l’AFP. Des responsables israéliens ont, pour leur part, confirmé que les otages n’avaient pas encore été confiés au Comité international  de la Croix-Rouge (CICR). 

De nouvelles libérations de prisonniers, des deux côtés, ont été pourtant annoncées hier en milieu de journée. Les autorités israéliennes avaient affirmé que 14 Israéliens détenus par le mouvement Hamas et 42 prisonniers palestiniens devaient être libérés. La trêve humanitaire temporaire, initialement fixée pour 4 jours, entre Israël et les factions palestiniennes est entrée en vigueur vendredi à 07h00, heure locale (05h00 GMT). 

L’accord de cessez-le-feu prévoit la libération de 50 prisonniers israéliens de Ghaza, dont 13 ont été libérés, en échange de la libération de 150 Palestiniens des prisons israéliennes, dont 39 ont été libérés, ainsi que l’entrée de centaines de camions chargés d’aide humanitaire et de secours, y compris l’aide médicale et le carburant dans toutes les zones de la Bande de Ghaza. 

Au moment de la libération des leurs, les proches de prisonniers palestiniens n’ont pas pu contenir leur joie, malgré les mises en garde de l’armée israélienne qui a les menacés de représailles et de fortes amendes. En Cisjordanie occupée, des scènes de liesse ont accompagné, vendredi soir, le retour des prisonniers palestiniens libérés par Israël. 

A Jérusalem-Est, les manifestations de joie étaient en revanche interdites. «J’ai passé la fin de mon enfance et mon adolescence en prison, loin de mes parents et de leurs câlins, mais c’est comme ça avec un Etat qui nous  oppresse», a déclaré Marah Bakir, 24 ans. La jeune femme, de retour dans la maison familiale du quartier de Beit Hanina, a passé huit ans en prison. Roongarun Wichanguen, dont le frère de 33 ans a été pris en otage par le Hamas, a raconté qu’elle a eu la surprise d’apprendre hier qu’il était en vie. «J’étais très heureuse d’autant que j’avais très peu d’espoir», a-t-elle  poursuivi. Elle a d’abord découvert sur une photo que son frère Vetoon Phoome était encore en  vie. Puis, «j’ai eu un appel vidéo de mon frère, il avait l’air heureux». «Il a dit qu’il n’a pas été torturé ni agressé et on (les Brigades Al Qassam, ndlr) lui avait donné de la  bonne nourriture», précise-t-elle. «On s’est très bien occupé de lui.» 

Aussi, la trêve de quatre jours renouvelable a permis aux équipes de secours de retirer hier de nombreux corps de sous les décombres dans le quartier de Shujaiya, dans l’est de la ville de Ghaza, a rapporté l’agence Wafa. Des sources médicales palestiniennes ont annoncé vendredi soir l’arrivée de sept corps calcinés à l’hôpital de Shuhada Al Aqsa, dans le centre de la Bande, après avoir été retrouvés dans une zone proche du sud de la vallée de Ghaza. Au premier jour de la trêve, des milliers de déplacés ont quitté des hôpitaux et des écoles du sud du territoire où ils avaient trouvé refuge, se précipitant pour rentrer chez eux. 
 

 

(Les prisonniers libérés vendredi par le mouvement de résistance Hamas affirment avoir été bien traités)

 

 

«La guerre n’est pas encore finie»

Dans les hôpitaux du sud de la Bande de Ghaza, les convois d’ambulances  évacuant des blessés des hôpitaux du Nord continuent d’arriver. Plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits, selon l’ONU, et 1,7 million de personnes ont été déplacées, sur les 2,4 millions que compte la Bande de Ghaza. «La trêve, ça fait du bien, on espère qu’elle va durer. 

C’est bien quand c’est calme. Les gens veulent vivre», a confié à l’AFP Mohammed Dheir, qui a trouvé refuge avec sa famille à Rafah, dans le sud de Ghaza. L’armée israélienne a considéré que le tiers du nord de la Bande de Ghaza est une zone de combat et a ordonné à tous les civils d’en sortir. Des tracts lancés vendredi depuis les airs par l’armée israélienne prévenaient : «La guerre n’est pas encore finie.» La trêve doit, en outre, permettre l’accélération de l’arrivée de l’aide humanitaire dans la Bande de Ghaza. 

Par ailleurs, Israël continue de perdre  encore du terrain au plan diplomatique, en témoignent les échanges vifs entre les responsables de l’entité sioniste et les Premiers ministres espagnol et belge. Le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, a annoncé à la télévision publique espagnole avoir «convoqué l’ambassadrice d’Israël à Madrid (…)». 

Depuis le début de l’agression israélienne, le Belize et la Bolivie ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël. D’autres pays comme la Turquie, l’Afrique du Sud, la Colombie ou le Chili ont rappelé leurs ambassadeurs pour consultations. La municipalité de la ville espagnole de Barcelone a également approuvé «la suspension des relations avec Israël, jusqu’à ce qu’il y ait un cessez-le-feu permanent à Ghaza et le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien», selon Anadolu. 

De son côté, le président américain Joe Biden a déclaré que «la libération des otages à Ghaza n’est qu’un début».  Il a estimé, avant le report de l’échange des prisonniers, qu’il existait de «vraies chances» de prolonger la trêve convenue entre Israël et le mouvement Hamas dans la Bande de Ghaza.

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