Les élus et l’examen de présence

23/03/2025 mis à jour: 13:29
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L’adoption, lundi, du règlement intérieur de l’APN n’a vraisemblablement pas permis de solutionner le problème de l’absentéisme des députés. La séance des questions orales aux membres du gouvernement, tenue jeudi dernier, a montré la persistance de ce phénomène qui n’agrée pas une opinion publique témoignant d’un intérêt grandissant pour les débats entre les ministres et les représentants du peuple.

Les dossiers mis à l’ordre du jour de ces rendez-vous parlementaires sont d’une acuité incontestable, mais leur importance contraste avec la vacuité manifeste au sein de l’Assemblée. Les enregistrements audiovisuels diffusés pour rendre compte de la teneur de ces travaux permettent de noter la présence des membres du gouvernement, de quelques élus sans doute auteurs des questions, et des preneurs d’images parcourant les travées vides de l’hémicycle.

Devant relever d’un exercice politique et démocratique, et non d’une démarche confidentielle ou bureaucratique, cette tradition parlementaire voit ainsi son impact réduit et altéré auprès des citoyens. Cette désertion persistante à ce niveau de la vie institutionnelle heurte la volonté de transmettre dans les meilleures conditions le message synthétisant l’action gouvernementale.

Les débats programmés en fin de semaine, aux deux chambres du Parlement, sont loin d’être subsidiaires, ils sont intégralement dédiés à des questions qui s’inscrivent au cœur de la vie quotidienne de la population. L’habitat, la santé et l’emploi étaient parmi les dossiers ayant fait l’objet de requêtes des députés, lors de la dernière séance.

Les citoyens ont également la latitude de relever, à la même occasion, le degré de déconnexion que peuvent manifester certains de leurs représentants, en s’éloignant du vécu le plus partagé dans la société, notamment lorsque le ministre des finances est interrogé à propos de l’extension du réseau bancaire permettant l’acquisition de véhicules neufs avec facilité de paiement.

Le suivi de l’activité des titulaires du mandat parlementaire est l’un des avantages qu’offre la diffusion de ces séquences fort substantielles en direction du grand public, et participe à esquisser les contours et à poser les jalons des prochaines échéances électorales.

Plus que l’adoption d’un règlement intérieur dans les formes et les termes les plus adaptés, un processus de renouvellement pourra amener une plus grande assiduité et une présence agissante des futurs élus. L’exigence de rénovation de l’action et de la composante des assemblées élues, par l’organisation de scrutins anticipés ou à échéance régulière, se pose également au niveau local.

Plusieurs éléments de la vie nationale plaident en faveur de cette perspective, à commencer par les situations de blocage survenues dans de nombreuses APC, ayant abouti à leur suspension et leur rattachement au secrétariat des daïras. Ces dysfonctionnements sont consécutifs à des lacunes dans les dispositions du code communal, lesquelles seront levées dans la nouvelle version du texte de loi en attente de promulgation après un vote au Parlement.

Interrogé jeudi au sujet du logement rural, le ministre de l’habitat a indiqué que 500 000 aides financières restent non consommées au niveau national, en raison des «retards de certains présidents d’APC dans la remise des listes nominatives des bénéficiaires». L’absentéisme à l’APN a son pendant dans les assemblées locales, où l’attitude d’un nombre d’élus confine à la démission.

Le mandat électoral ne détermine pas seulement un rôle politique, il revêt également une dimension pédagogique. Le paradoxe serait palpable si le ministre de l’Education était interpellé, dans un hémicycle plus que clairsemé, sur la question non encore résolue de l’absentéisme des élèves en classes d’examen.

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