Les Algériens ont dépensé 31 millions d’euros, ce qui équivaut à environ 4,6 milliards de dinars, pour les frais de visa Schengen en 2022, selon des données récentes publiées par le site Schengen Visa info.
Cela représente bien plus qu’en 2021 : 10,5 millions d’euros en frais de visa, non remboursables en cas de refus, soit des dépenses en augmentation de 180%. Durant la même année, les Algériens ont déposé 392 053 demandes de visa auprès des consulats des Etats membres de l’espace Schengen, représentant plus de deux fois et demie le nombre de demandes (140 212) enregistrées en 2021.
Selon le site spécialisé, l’Espagne a été la première destination des Algériens, malgré la brouille diplomatique entre Alger et Madrid qui perdure depuis juin 2022. Les relations entre les deux pays ont en effet connu un coup de froid suite à la volte-face du gouvernement Pedro Sanchez quant à la question sahraouie.
Cela n’a pas empêché les consulats d’Espagne à Alger et à Oran de réceptionner 102 656 demandes de visa ayant généré un total de 8,2 millions d’euros de frais. Parmi ces demandes, 56 479 ont été acceptées, tandis que 39 944 ont été rejetées, représentant un taux de refus de 40%. Aussi, les représentations consulaires ibériques ont réceptionné 26% du total des demandes déposées auprès des consulats des pays de l’UE.
La destination France vient en seconde position. Elle a, selon Schengen Visa info, coûté 3,2 millions d’euros en frais aux Algériens, avec un total de 41 109 demandes formulées. Les consulats français – et autres services rattachés – en Algérie ont rejeté 31 955 demandes de visa en 2021, représentant 80,5% du nombre total de demandes de visa Schengen rejetées par les pays de l’UE. A la fin de septembre 2021, la France a réduit de 50% l’octroi de visas aux citoyens de trois pays du Maghreb (l’Algérie, le Maroc, la Tunisie).
Le gouvernement français avait décidé d’accorder moins de visas qu’auparavant pour les Algériens en réaction à la «lenteur» dans la délivrance d’autorisations de la part des autorités algériennes pour les émigrés clandestins frappés d’expulsion.
191 187 visas délivrés en 2022
L’Italie vient en troisième position des pays les plus sollicités pour le visa Schengen. En effet, 17 814 Algériens ont postulé auprès du consulat de ce pays, dépensant, au passage, la somme de 1,4 million d’euros en frais. En bas de la liste des cinq pays européens ayant reçu le plus de demandes de visa de la part des Algériens, viennent l’Allemagne et la Belgique. Les Algériens ont déboursé 487 680 euros au consulat d’Allemagne et presque la même somme (480 400 euros) au consulat de Belgique pour les frais de visa.
Les étapes, souvent longues et coûteuses, pour l’obtention du visa Schengen finissent en général par des rejets du fait des mesures restrictives imposées aux Algériens ces dernières années. Pour preuve, durant l’année 2022, le taux de refus de visa a été de 48% pour les Algériens, contre 45,8% pour les Indiens et seulement 10% pour les Russes. Les Etats de l’espace Schengen ont, au total, délivré 191 187 visas aux Algériens en 2022, dont 1452 visas long séjour (LTV).
Précisons que 39,40 % des visas délivrés aux Algériens étaient à entrées multiples. Un taux bien inférieur à celui de l’Inde (54,9%), du Maroc (57,5%), de la Russie (72,5%) en encore de la Turquie (78,1%). Ceci étant, le processus d’obtention d’un visa Schengen devrait connaître un autre tour de vis dans les prochaines années, à travers l’uniformisation de la procédure et sa numérisation. En juin dernier, la Commission européenne a annoncé le remplacement de la vignette-visa (papier) par un visa Schengen numérique, sous forme de code-barres crypté.
Ce nouveau format de visa sera institué dans le but de lutter contre les fraudes et les contrefaçons, a expliqué cette instance décisionnelle de l’UE. La nouvelle procédure prévoit, aussi, le passage par une plateforme unique pour l’ensemble des pays de l’espace Schengen et le paiement en ligne des frais de visa. A travers la même plateforme, les demandeurs de visa pourront s’informer de tout ce qui a trait à leurs demandes. Les Etats membres de l’espace Schengen ont jusqu’à 2030 pour rejoindre la plateforme numérique.