Les conséquences économiques de l’élection de Donald Trump seront, selon les observateurs de la chose économique, «profondes et immédiates».
La victoire de Donald Trump plonge l’économie mondiale dans l’incertitude. Si comme en 2016, la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle a été bien reçue par les marchés financiers, qui ont réagi en redressant les actions pour un premier temps (envolée des taux d’emprunt), leur attention devrait toutefois se focaliser dans les prochains jours sur les risques inflationnistes que la révision des tarifs douaniers va provoquer.
Dans son programme électoral, Trump a axé ses engagements économiques sur l’augmentation de plus de 10% de droits de douane sur toutes les importations provenant de l’étranger, afin de financer une large baisse d’impôt pour toutes les catégories sociales et entreprises. Trump propose également une surtaxe de 60% sur les produits chinois et qui pourrait même atteindre 200% pour certains produits de ce pays asiatique avec lequel se profilent les contours d’une guerre commerciale ouverte.
Une taxe de 100% est, pour rappel, déjà appliquée pour les véhicules électriques chinois. Selon le cabinet de conseil international Roland Berger, les mesures de rétorsion coûteraient 533 mds de dollars d’ici 2029 à l’économie de l’Union européenne, 749 mds de dollars pour les Etats-Unis et 827 mds de dollars pour la Chine. Les pays émergents, comme l’Inde, l’Indonésie et le Brésil, seraient beaucoup moins affectés, estime par contre une étude de la London School of Economics (LSE). C’est une «Amérique isolationniste» qui se dessine, prédisent les analystes, mais qui aura des conséquences inflationnistes importantes et pourrait même aggraver le déficit budgétaire américain.
Les conséquences économiques de l’élection de Donald Trump seront, selon les observateurs de la chose économique, «profondes et immédiates». L’augmentation des tarifs douaniers, la déréglementation, l’intensification des forages pétroliers et la politique migratoire provoqueront des tensions sur les finances publiques, l’inflation et la croissance économique dans le monde.
«Les promesses fiscales de Trump sont très inquiétantes – pour l’économie américaine et pour les marchés financiers mondiaux –, car elles promettent d’augmenter considérablement un déficit déjà excessif, tout en menaçant de saper des institutions clés», déclare à Reuters Erik Nielsen, conseiller économique en chef du groupe UniCredit. L’analyste estime que «Trump représente une menace sérieuse – et jusqu’à présent largement sous-estimée – pour le marché du Trésor américain et, par conséquent, pour la stabilité financière mondiale».
Dollar, Musk et bitcoin
L’Amérique n’échappera pas aux effets des nouvelles tarifications douanières en faisant certainement face à un nouveau risque inflationniste, obligeant la Réserve fédérale à resserrer sa politique monétaire et appliquer un taux plus élevé et pour plus longtemps. Il s’agira, par ailleurs, d’un nouveau coup dur pour le commerce mondial, enfonçant davantage les prévisions de croissance du PIB mondial pour l’année prochaine.
Le FMI avait déjà alerté sur une expansion molle dans la plupart des pays. Les coûts d’emprunt aux Etats-Unis seront augmentés si Trump maintient ses promesses de dépenses et d’impôts devant augmenter la dette américaine de 7750 milliards de dollars jusqu’en 2035. Les banques centrales sont susceptibles de réagir rapidement, car le climat des affaires, en particulier dans les économies ouvertes, se dégradera rapidement.
Les gouvernements seront tentés «de prendre des mesures de rétorsion à l’encontre de toute taxe à l’importation imposée par les Etats-Unis, ce qui aurait pour effet d’entraver davantage les échanges commerciaux et de réduire encore plus la croissance mondiale». Le Mexique sera particulièrement vulnérable face aux tensions commerciales et aux menaces d’expulsion des migrants.
Hier, et après l’annonce de la victoire de Trump, le dollar s’est envolé en prenant 1,66% et de s’échanger à 1,0751 pour un euro. Le dollar index, qui compare le billet vert à un panier de monnaies, a atteint un sommet depuis début juillet, à 105,311 points. Le bitcoin, que le candidat Trump a promis de soutenir, a atteint à son tour un niveau record en s’envolant de 6,86% à 73 905 dollars, et ce, après un record absolu de 75 371,67 dollars.
L’action du groupe Tesla, dont le patron, Elon Musk, est un fervent soutien de Trump, a grimpé hier de près de 15% à l’ouverture de la Bourse de New York. Donald Trump a, pour rappel, promis de confier la responsabilité d’un large audit de l’Etat américain à Elon Musk. Ce dernier avait offert 110 millions de dollars pour soutenir la campagne du candidat républicain.
Sur le plan énergétique, Donald Trump a fait la promesse d’augmenter la production de gaz et de pétrole et de réduire les prix du carburant en affirmant «mettre rapidement fin à la grande arnaque verte… on va forer comme des malades» pour, dit-il, faire baisser rapidement les prix de l’énergie. Des promesses qui ont trouvé une écoute auprès des électeurs américains déçus par l’administration sortante.