L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, avec son lot de menaces et de mesures protectionnistes, mettra sans nul doute l’économie mondiale à rude épreuve. Une économie déjà fragilisée par les tensions géopolitiques, dont les défis à relever sont des plus importants à l’ère des changements climatiques.
Le retour de Donald Trump au pouvoir pour un second mandat inquiète les responsables des pays se sentant particulièrement concernés par les déclarations tonitruantes sur les questions économiques du successeur de Joe Biden à la Maison-Blanche. Au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle en novembre dernier, Donald Trump dévoile, en effet, ses cartes et affiche son intention d’instaurer des droits de douane partout où il croit devoir le faire pour «protéger» l’économie américaine. Ainsi, l’imprévisible Trump n’est, tout compte fait, pas si imprévisible que certains commentateurs se plaisent à le décrire, puisque désormais, l’on sait normalement vraiment à quoi s’en tenir.
Ses premières déclarations sur les échanges commerciaux n’ont pas manqué de faire réagir la deuxième économie mondiale, la Chine. Simple menace ou pas, le nouveau locataire de la Maison- Blanche, dont la cérémonie d’investiture aura lieu aujourd’hui, à Washington, a, en tout cas, déclaré qu’il allait pratiquer un droit de douane de 60% sur tous les produits chinois.
Et ce n’est pas le seul pays contre lequel il compte augmenter les tarifs douaniers, puisqu’il cite également le Mexique, le Canada et des pays européens. Mais si l’homme surprend toujours comme à son habitude durant son premier mandat, d’aucuns commencent à se familiariser avec la méthode Trump dont on perçoit à la fois «menace», «provocation» et «coercition».
Du coup, les questions se posent sur la manière dont il pourra impacter l’économie mondiale en 2025. La Chine s’est déjà préparée à amortir le choc. Les menaces de Trump d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises l’ont amenée à prévoir tout un plan pour booster les exportations et soutenir la croissance. Une série de mesures ont porté sur la réduction des taux d’intérêt et une hausse du plafond d’endettement des gouvernements locaux pour stimuler l’économie.
La guerre commerciale aura-t-elle lieu ? Les spécialistes avancent que les véhicules électriques sont un secteur qui va continuer à être au cœur des batailles commerciales mondiales. Dans son dernier rapport de 2024, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que l’économie mondiale pourrait connaître des «perturbations». «L’avenir immédiat, a-t-il écrit, devrait être marqué par une grande incertitude.»
Les bouleversements concernant le commerce, les flux de capitaux et les investissements sont déjà en train de «remodeler» l’économie mondiale. Le FMI a souligné que «près de 3000 mesures de restriction des échanges ont été imposées en 2023, soit près de trois fois plus qu’en 2019. Cette conjoncture risque de réduire à néant les gains d’efficacité que l’intégration économique mondiale a permis d’obtenir par le passé».
Bouleversements
De quel effet sera alors Donald Trump ? L’Europe, engluée dans ses difficultés d’endettement et de déficits budgétaires, cherche à se sortir de l’ornière. L’Union européenne commence à se persuader que les réformes économiques sont devenues «encore plus urgentes» avec l’élection de Trump aux Etats-Unis. Cap sur la relance de la croissance. Mais force est de reconnaître que les deux locomotives de l’économie européenne que sont l’Allemagne et la France sont mal en point. Economie en panne et crise politique sont le lot de ces deux piliers de l’UE marqués par la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.
Des observateurs de la scène économique s’interrogent sur les conséquences de la politique prônée par le 47e président des Etats-Unis au niveau de l’inflation, des taux d’intérêt et des droits de douane en 2025. «Les restrictions au commerce et les mesures protectionnistes ne sont pas propices à la croissance et ont finalement un impact sur l’inflation qui est largement incertain», affirmait, il y a quelques semaines, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. Mais au-delà, d’autres questions, et non des moindres, comme l’issue de la guerre en Ukraine, ne manqueront pas d’affecter les perspectives économiques mondiales.
C’est déterminant. Les risques liés aux conflits armés et les tensions économiques figurent en tête des préoccupations immédiates du monde des affaires, selon l’AFP, qui cite un rapport du Forum économique mondial (WEF) publié mercredi, quelques jours avant sa réunion annuelle à Davos. «Nous connaissons malheureusement un nombre record de conflits dans le monde», a, selon la même source, indiqué au cours d’une conférence de presse Mirek Dusek, un responsable du WEF, citant l’Ukraine et le Moyen-Orient, mais aussi «les urgences humanitaires» au Soudan, en Somalie ou à Ghaza.
Une enquête menée par le WEF, auprès de 11 000 dirigeants d’entreprises dans 121 pays, a révélé que près d’un quart des répondants ont placé ce risque à la première place des dangers à un horizon de deux ans, alors qu’il pointait seulement à la cinquième place en 2024. Pour M. Dusek, c’est «lié au sentiment général d’un environnement géoéconomique très compliqué», les craintes de «confrontations géoéconomiques» figurant à la troisième place des risques cités pour cette année.