Le président Tebboune a prononcé hier un discours à la nation lors d’une session extraordinaire des deux chambres du Parlement : «J’œuvrerai à l’instauration d’une nouvelle République»

26/12/2023 mis à jour: 02:51
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Photo : D. R.

Abdelmadjid Tebboune consacre la majeure partie de son discours de près de deux heures aux questions économiques. Il fait, dans ce sens, une comparaison avec la situation d’avant 2019, marquée, selon lui, par «l’opacité, les détournements et la gabegie».

Le président Abdelmadjid Tebboune, qui vient de boucler sa quatrième année à la tête de l’Etat, fait son bilan. Il le défend mordicus. Dans un discours à la nation, prononcé hier devant le Parlement réuni en session extraordinaire, le chef de l’Etat fait, en effet, le point sur les réalisations, à une année de la fin de son mandat, «grâce à la mise en œuvre de ses 54 engagements».

D’emblée, Abdelmadjid Tebboune rappelle le climat politique du pays en 2019. «L’Algérie faisait face à une grave crise à l’époque, en raison de la dégradation de la gouvernance, la corruption et la dépravation politique (…), l’horizon politique était alors bouché», lance-t-il, saluant l’avènement du «hirak béni» pour sauver le «pays qui a failli sombrer».

C’est dans ce contexte, enchaîne-t-il, qu’il choisit de se présenter à la présidentielle. «Je ne pouvais tourner le dos à l’appel du peuple. Et le programme que j’avais présenté traduisait les aspirations du hirak béni. J’ai fait alors le serment devant le peuple de travailler sans relâche pour l’édification de la nouvelle Algérie», dit-il.

La tâche, souligne-t-il, n’était pas facile. «Il y avait des difficultés, dont la crise sanitaire à laquelle nous avons fait face, avec le concours de l’Armée nationale populaire (ANP), malgré les agissements des résidus de la îssaba (la bande, ndlr) et des haineux qui ont préféré voir les Algériens mourir pour faire échouer notre mission.

Il y a eu aussi les conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine», rappelle-t-il. Malgré ces contraintes, dit-il, «nous n’avons ménagé aucun effort pour la réalisation de notre projet visant à édifier un Etat de droit, fort économiquement et stable sur le plan social».

«30 milliards de dollars récupérés»

Abdelmadjid Tebboune consacre la majeure partie de son discours de près de deux heures aux questions économiques. Il fait, dans ce sens, une comparaison avec la situation d’avant 2019, marquée, selon lui, par «l’opacité, les détournements et la gabegie». «5000 milliards de dinars ont été donnés en crédits bancaires, dont seulement 10% ont été remboursés.

Le reste a été transféré à l’étranger pour servir à l’achat d’hôtels et de biens luxueux. Nous avons découvert qu’il y avait aussi 26 000 sociétés fictives qui transféraient de l’argent à l’étranger sous couvert de l’importation, qui n’était en réalité qu’un moyen pour voler l’argent public», déclare-t-il.

Dans ce sens, le chef de l’Etat affirme que «l’équivalent de 30 milliards de dollars en biens fonciers et unités industrielles ont été récupérés depuis le début de l’opération de la lutte contre la corruption». «Pour les fonds se trouvant à l’étranger, nous sommes toujours en contact avec les pays concernés en vue de leur recouvrement. La majorité de ces pays sont prêts à coopérer avec nous», fait-il savoir. 

Numérisation : «Effective au 1er semestre 2024»

Poursuivant, il rappelle le chantier de la numérisation qui est, soutient-il, «salvateur pour le pays». «J’ai insisté sur la numérisation du pays, car tout se passait dans l’opacité. Ce chantier sera achevé à la fin du premier semestre de l’année 
2024», assure-t-il, rappelant que le ministère des Finances «a déjà réussi ce pari».

Dans la foulée, il réitère l’engagement à intégrer l’économie informelle dans le circuit formel. Il se félicite aussi d’avoir lancé le chantier des start-up. «Avant, nous étions en bas du classement concernant les start-up en Afrique. Nous sommes actuellement au milieu du tableau et nous allons poursuivre l’effort pour atteindre nos objectifs», indique-t-il.

Concernant la diversification de l’économie, le président Tebboune estime que le pays est sur la bonne voie «en réussissant à atteindre le chiffre de 7 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures». «Il n’y a pas que le pétrole en Algérie.

Nous avons d’autres ressources aussi importantes, telles que le fer, le ciment et le phosphate. Jusqu’à 2016, nous importions le fer et le ciment. Aujourd’hui, nous exportons 5 millions de tonnes de fer brut et l’Algérie est devenue un géant en matière de production et d’exportation du ciment avec 40 millions de tonnes», détaille-t-il, affirmant que l’Algérie deviendra «premier producteur de phosphate».

Et d’ajouter : «J’ai donné instruction pour éviter l’exportation des matières premières brutes. Il faut les transformer pour créer de l’emploi et limiter les importations.»

Abdelmadjid Tebboune affirme également que la «production nationale est forte». «Elle a atteint des niveaux qui ont étonné nos ennemis. Cela est le résultat du travail et du sérieux. Nous avons réussi à produire localement notre huile de table.

L’objectif pour l’année prochaine est de produire du sucre», dit-il, promettant également de poursuivre le développement du chemin de fer pour relier la wilaya d’El Ménéa à Ghardaïa en 2025 et réaliser le projet Alger-Tamanrasset.

Le chef de l’Etat n’a pas manqué l’occasion de tirer à boulets rouges sur l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia (en détention depuis 2019), sans le citer. «C’est cela le développement économique loin des jeux politiques et politiciens. Nous ne disons pas que ‘‘vous n’allez pas être payés à la fin du mois’’, ‘‘il n’y a pas d’argent’’ et ‘‘affame ton chien, il te suivra’’ (proverbe algérien).

Le pays est riche, pourvu que les voleurs le laissent tranquille», lance-t-il, précisant que les réserves de change de l’Algérie ont atteint «les 70 milliards de dollars». «Elles étaient de seulement 42 milliards de dollars, même lorsque le prix du baril de pétrole était de 140 dollars.»

Deuxième mandat : «Si Dieu le veut»

Alors qu’il était sur sa lancée, Abdelmadjid Tebboune a été interrompu par une députée pour lui demander de «briguer un deuxième mandat». Un de ses collègues insiste également auprès du chef de l’Etat pour «poursuivre le processus». Face à cette sollicitation, il répond par : «Inch’ Allah (si Dieu le veut), merci.

Que Dieu nous donne de la force.» Pour terminer la présentation de son bilan, le Président rappelle ses décisions sur le plan social, dont «l’instauration de l’allocation chômage, l’augmentation des salaires, la permanisation des fonctionnaires et la prise en charge des zones d’ombre».

Sur le plan international, Abdelmadjid Tebboune réitère les positions du pays concernant le Sahara occidental et la question palestinienne, tout en remerciant les 148 pays ayant voté pour que l’Algérie siège en tant membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. 

«80% des décisions relatives aux zones d’ombre mises en œuvre»

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, hier à Alger, que 80% des décisions visant à améliorer la situation des zones d’ombre avaient été effectivement mises en œuvre.

Il a précisé que «80% des décisions relatives aux zones d’ombre ont été effectivement mises en œuvre», ajoutant que «le travail se poursuit pour rattraper tous les retards résultant de politiques antérieures ayant conduit à la propagation de telles zones».

Le président Tebboune a, en outre, indiqué que «6 millions de citoyens algériens ont vécu dans des conditions qui auraient dû être dépassées depuis l’indépendance», soulignant que «la non-application des décisions ayant été données pour améliorer la situation des zones d’ombre est à l’origine du récent limogeage de plusieurs responsables locaux».

«Etre au service du citoyen algérien c’est renforcer son sentiment d’appartenance à sa patrie», a soutenu le président Tebboune, assurant qu’il «ne s’agit pas de slogans populistes, mais d’une question de principe». R. N.

 

 

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