L’usine de dessalement de l’eau de mer de Cap Blanc, à Oran, est enfin fonctionnelle. Jeudi dernier, en effet, nous étions arrivés au jour J après des travaux, menés sans relâche par Sonatrach et Cosider, qui ont duré 26 mois, montre-en-main, soit depuis la pose de la première pierre de ce vaste chantier, le 28 juin 2022.
C’est le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a procédé à l’inauguration de cette usine de dessalement, considérée comme stratégique, car devant permettre à la wilaya d’Oran (et même à certaines wilayas environnantes) de se débarrasser, une bonne fois pour toutes, de ses problèmes dans la distribution de l’eau potable.
Considérée, de par sa superficie, comme la plus vaste du pays, l’usine de dessalement de l’eau de mer de Cap Blanc, dans la commune de Aïn El Kerma, entre dans le cadre de la création d’un dispositif intégré comprenant quatre autres usines du même genre, à Béjaïa, El Tarf, Boumerdès et Tipasa. Si au départ, les travaux devaient s’étaler sur 36 mois, la durée a été revue à la baisse pour que le projet soit livré avec 10 mois d’avance. Le 1er février courant, les services de Sonatrach avaient procédé aux essais techniques de cette station de dessalement, qui se sont avérés concluants, ce qui était de bon augure quant à l’inauguration de cet ouvrage dans les temps, c’est-à-dire avant le début du mois de Ramadhan.
Dans une déclaration, le président Tebboune a affirmé que la réussite, en un temps record, d’un tel projet, et qui plus est avec une main-d’œuvre proprement locale, «est ce qu’on peut appeler l’Algérie victorieuse». «Nous sommes arrivés au stade des grandes réalisations en un temps record et avec les technologies les plus modernes», ajoute-t-il, se félicitant que «grâce à la volonté des hommes, du simple ouvrier au plus haut cadre, le défi a pu être relevé». «C’est une réalisation grandiose, a-t-il encore déclaré, qui reflète la volonté de fer de l’Algérie victorieuse, avec ses braves enfants nourris par l’esprit de la glorieuse Révolution de Novembre.»
Et de souligner que cette expérience a permis à l’Algérie d’atteindre un haut niveau de maîtrise des techniques et des technologies de dessalement de l’eau de mer, et qu’elle compte bien en faire bénéficier les pays frères et les autres peuples. Le choix de se passer de partenariats avec des entreprises étrangères, explique-t-on, a été motivé par le fait que les deux filiales du groupe, Sonatrach et Cosider, sont considérées comme compétentes, qui ont fait leurs preuves en matière de construction, d’ingénierie et d’études, ce que le président de la République n’a pas manqué de saluer.

( Le président Tebboune saluant les travailleurs de l’usine de dessalement de Aïn El Kerma)
30% de taux d’intégration
Opter pour des filiales algériennes dans la construction de ce genre d’usines, que ce soit celle de Cap Blanc ou les quatre autres (qui vont être inaugurées très bientôt), cela épargnera aux caisses de l’Etat la dépense inutile d’un milliard de dollars, sans compter un gain de temps considérable du fait que l’usine de Cap Blanc n’a été construite qu’en 26 mois, alors qu’à titre de comparaison, nous explique-t-on, pour ce qui est des autres stations de dessalement d’Oran, il avait fallu, parfois, près de 10 ans de travaux, menés le plus souvent à bâtons rompus, pour que le projet aboutisse enfin.
De son côté, Rachid Hachichi, le PDG de Sonatrach, a fait une présentation de cette usine nouvellement construite, et a précisé que le taux d’intégration des produits nationaux dans les usines de dessalement de l’eau de mer a atteint 30%. «Les cinq usines de dessalement réalisées dans le cadre du plan d’urgence présidentiel ont été construites avec des compétences 100% algériennes et le taux d’intégration des produits nationaux dans ces infrastructures a atteint 30%», explique-t-il.
La capacité totale de ces cinq usines est estimée à 1,5 million de mètres cubes par jour, et son objectif, comme chacun le sait, est de pouvoir hausser, de manière considérable, la part de l’eau dessalée dans la couverture de la demande en eau potable, la faisant passer de 18% actuellement à 42%. Rappelons qu’il a fallu un investissement s’élevant à 2,4 milliards de dollars pour mener à bien le projet de construction de ces cinq infrastructures, toutes d’une capacité de traitement de 300 000 m3 par jour, ce qui pourra approvisionner quelque 15 millions d’habitants en eau potable.
Dispatchées dans les wilayas côtières d’El Tarf (Koudiet Draouch), Béjaïa (Tighremt-Toudja), Boumerdès (Cap Djinet), Tipasa (Fouka) et enfin Oran (Cap Blanc), ces infrastructures permettront à la production nationale d’eau potable issue du dessalement d’eau de mer de passer de 2,2 millions m3/j à 3,7 millions m3/jour.
Notons enfin que la station de dessalement de Cap Blanc permettra un apport optimal de la distribution en eau potable à Oran et au surplus, six autres wilayas de l’Ouest, raccordées à cette usine, pourront également bénéficier du précieux liquide dessalé.
Oran
De notre bureau Akram El Kébir
Sécuriser l’approvisionnement en eau de l’Oranie et de ses environs
Le directeur de la distribution de la Société des eaux et de l’assainissement d’Oran (SEOR), Houari Khodja, cité par l’APS, a souligné que la mise en service de la station de dessalement de Cap Blanc, qui contribuera à sécuriser l’approvisionnement en eau potable pour toute la wilaya d’Oran, aura également un impact positif sur les wilayas voisines, comme Aïn Témouchent, Mascara et Sidi Bel Abbès. Il a précisé que la région ouest de la wilaya d’Oran, qui dépendait auparavant de l’usine de Chatt El Hilal à Aïn Temouchent, connaîtra une nette amélioration dans l’approvisionnement en eau. M. Khodja a ajouté que la production de l’usine de Chatt El Hilal sera désormais dédiée uniquement à Aïn Témouchent et une partie de la wilaya de Sidi Bel Abbès, après la réalisation d’un canal reliant cette usine à cette région. Les communes de Aïn El Turck et Boutlelis (Oran) bénéficieront également de ce nouvel acquis. Avec l’augmentation de la capacité de la nouvelle usine à 300 000 mètres cubes par jour, dans les prochaines semaines, l’approvisionnement s’étendra à d’autres communes et pôles urbains de l’ouest d’Oran, tels que le pôle urbain Ahmed Zabana dans la commune de Misserghine, plusieurs quartiers comme Haï Louz et Sakhra, ainsi que la localité d’El Hassi. L’approvisionnement en eau s’étendra progressivement pour inclure plusieurs quartiers de la zone est d’Oran, comme Haï Sabah et le quartier El Yasmine. Le fonctionnement de l’usine de Cap Blanc renforcera également l’approvisionnement en eau potable dans la partie est de la wilaya d’Oran, ainsi que dans la wilaya de Mascara, qui est alimentée par l’usine de dessalement de l’eau de mer de Mactaâ (est d’Oran). M. Khodja a souligné que la wilaya de Mascara pourra bénéficier jusqu’à 130 000 mètres cubes du liquide précieux de cette usine de Mactaâ.