Le président a fait une revue détaillée de la situation politique et sécuritaire dans la région : Ce que Tebboune a dit à Blinken

02/04/2022 mis à jour: 06:06
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Les entretiens entre les responsables algériens et le secrétaire d’Etat américain se sont déroulés dans une atmosphère «cordiale et constructive»

Lors de son entrevue avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, mercredi dernier, le président Abdelmadjid Tebboune a fait une revue détaillée de la situation politique et sécuritaire dans le Maghreb et au Sahel ainsi qu’un résumé des actions politiques et économiques qu’il escompte mener en Algérie. 

Selon le compte rendu de la déclaration du président Tebboune publiée par le Département d’Etat américain, il a été notamment question des différends internationaux dans la région et de la quête d’Alger pour un «monde plus équilibré», selon les mots employés par le président algérien. Abdelmadjid Tebboune qui disait parler «à cœur ouvert» a ainsi expliqué que l’Algérie est entourée de pays qui ne lui ressemblent pas, à l’exception de la Tunisie. «Toutes nos frontières, a-t-il fait remarquer, sont en flammes.» 

Il a ainsi rappelé l’histoire tumultueuse qui caractérise les relations entre l’Algérie et le Maroc, soulignant que ce dernier a attaqué notre pays en 1963, qu’il a refusé au début de reconnaître l’indépendance de la Mauritanie en 1960 et qu’il a accaparé le Sahara occidental. «Peut-être que notre erreur est la cohérence dans la gestion de cette question, même avant 1975. Nous n’avons définitivement aucune intention au Sahara occidental», dit-il, ajoutant : «Il y a aussi d’autres problèmes, car ils ont toujours voulu déstabiliser l’Algérie et je n’en connais pas la raison. De notre part, nous avons toujours protégé le Maroc.» Il explique ainsi que l’Algérie a toujours adopté une position en faveur de la libération des peuples contre l’oppression étrangère, traitant de la même manière la question du Sahara occidental et la question palestinienne. 

Aussi s’est-il montré offusqué de la présence de mercenaires en Libye. «Nous avons tout fait pour que nos frères et sœurs libyens aient la possibilité de s’exprimer, et cela fait deux ans que nous nous battons pour des élections en Libye, car nous sommes arrivés à la conclusion que ceux qui ont été élus ne représentent qu’eux-mêmes. 

Le pire, c’est qu’en Libye, il y a des forces qui se lancent dans des guerres par procuration, et face à des adversaires aussi puissants, ce n’est pas aux Libyens de les expulser. 

On a la présence de Wagner, la présence des Syriens qui sont nos frères et sœurs, des Turcs, des Soudanais, des mobilisés du Tchad, et il y a trois ou quatre pays qui entrent en guerre en Libye, une guerre qui n’est pas celle des Libyens», analyse-t-il, proposant de nouvelles élections qui pourraient aider la Libye à se reconstruire démocratiquement et que l’Algérie peut aider à son organisation. 

Pour ce qui est de la question malienne, le président Tebboune a tenu à préciser que l’Algérie n’a jamais cessé, depuis l’indépendance, d’intercéder et d’intervenir entre les tribus maliennes à ses frontières. «Il y a beaucoup de Maliens d’origine algérienne, et il y a beaucoup d’Algériens d’origine malienne, ce qui fait que nous intervenons à chaque fois pour calmer les querelles tribales, de Modibo Keita jusqu’à aujourd’hui», glisse-t-il. 

Le fait est cependant qu’il y a aujourd’hui dans ce pays, selon Tebboune, beaucoup d’ingérences qui n’ont pas permis à l’Algérie d’agir afin de régler les problèmes entre le nord et le sud du Mali. «Il y a eu également des malentendus avec nos amis français, et nous n’avons jamais voulu intervenir. Il y a une entraide dans le domaine de la sécurité, et nous avons toujours dit que la force devrait viser à établir la paix (...).

 Une présence militaire dans un Sahara aussi vaste et avec cette multiplicité de problèmes ethniques ne peut qu’être favorable au terrorisme sous une forme ou une autre», a-t-il soutenu .

Sur le front intérieur, le président algérien a fait l’éloge du travail qu’il a effectué depuis qu’il est à la tête du pays. «C’est un pays très jeune, j’ai travaillé et je continuerai à travailler jusqu’à la fin de mon mandat pour responsabiliser davantage de jeunes, afin de leur permettre d’accéder au pouvoir», a-t-il promis à Blinken. Et de poursuivre : «Les élections que nous avons eues, dont les élections présidentielle, législatives et locales, sont une victoire pour l’Algérie. 

Pour la première fois, y compris dans l’opposition, personne n’a dit que l’élection était truquée.» Il affirme ainsi que si la «démocratie américaine ne peut être contestée, l’Algérie essaye à son tour de construire sa propre démocratie avec ses valeurs et son histoire…

Une source diplomatique algérienne l’affirme «Blinken n’a à aucun moment évoqué  la réouverture du GME»

Les entretiens entre les responsables algériens et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, se sont déroulés dans une atmosphère «cordiale et constructive», a indiqué mercredi à la presse une source diplomatique algérienne. «Les entretiens entre les responsables algériens et M. Bliken se sont déroulés dans une atmosphère cordiale et constructive», a indiqué la même source, soulignant la forte impulsion donnée au partenariat stratégique dont les perspectives sont très prometteuses. Il a été également relevé que l’Algérie a toujours honoré ses engagements dans le cadre de la coopération énergétique, tout en plaidant pour davantage d’investissements dans l’amont pétrolier. Par ailleurs, le secrétaire d’Etat américain n’a à aucun moment évoqué, lors de sa visite en Algérie, la réouverture du Gazoduc Maghreb Europe (GME), selon la même source. «Tout comme la sous-secrétaire d’Etat américaine, Wendy Sherman, M. Blinken n’a à aucun moment évoqué la réouverture du Gazoduc Maghreb Europe (GME), contrairement aux spéculations farfelues relayées par une certaine presse marocaine», a encore rapporté cette source. Concernant la question du Sahara occidental occupé par le Maroc, M. Blinken a exprimé le soutien des Etats-Unis au processus politique de l’ONU ainsi qu’aux efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura. R. N.

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