Le maintien des réservistes à Ghaza vide le marché du travail : L’économie israélienne au bord de l'effondrement

21/11/2023 mis à jour: 05:47
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L’agression israélienne contre les populations civiles de Ghaza pourrait prendre fin dans moins de trois mois. Pas en raison des pressions internationales de plus en plus fortes exercées sur l’entité sioniste, mais par crainte d’un effondrement total de l’économie israélienne. 

C’est ce qu’a rapporté, récemment, le Washington Post, citant des responsables israéliens, soulignant que Tel Aviv s’attend à ce que l’invasion terrestre de la Bande de Ghaza «se poursuive pendant trois mois». Si l’invasion de l’armée d’occupation se prolonge davantage, un effondrement potentiel de l’économie israélienne n’est pas à écarter- il est même en marche pour certains analystes-, étant donné le grand nombre de soldats réservistes appelés à participer à la guerre à Ghaza. 

Selon l’agence Anadolu, l’économie israélienne a perdu près de 950 000 emplois depuis le 7 octobre, date marquant le début de l’opération Déluge d’Al Aqsa menée par la branche armée du Hamas, selon les chiffres officiels. Le taux de chômage du pays a augmenté à 3,2% en septembre.

 L’armée israélienne a appelé 350 000 réservistes israéliens pour son offensive sur la Bande de Ghaza, dans un contexte de tensions croissantes à la frontière nord du pays avec le Liban.Environ 20 000 à 25 000 employés asiatiques, principalement dans le secteur agricole, ont également abandonné leur travail et certains ont quitté Israël pour rejoindre leur pays d’origine, a rapporté le journal israélien Globes. 

Alors qu’Israël poursuit son offensive sur la Bande de Ghaza, JP Morgan Chase & Co. prévoit que l’économie israélienne pourrait se dégrader de 11% sur une base annuelle au cours des trois derniers mois de l’année, selon l’agence turque. Pour JP Morgan, la guerre actuelle a porté davantage atteinte à la sécurité intérieure et à la confiance, ce qui a eu pour conséquence un lourd tribut économique.

Ainsi, l’ensemble de l’économie israélienne tente de s’adapter à une situation de guerre sans commune mesure avec les précédents conflits israélo-palestiniens. 

Dans une enquête menée fin octobre auprès de 500 entreprises de la branche de la tech israélienne, 70% ont déclaré des commandes et projets importants annulés ou reportés depuis le début de la guerre. «Il y a beaucoup de conditionnel dans les scénarios. Une extension du conflit dans le nord d’Israël changerait totalement la donne», prévient Benjamin Bental, professeur à l’université d’Haifa. Standard &Poor’s, cité par The Times Of Israel, prévoit de son côté une contraction de l’économie israélienne de 5%. L’agence de notation s’attend à un déficit budgétaire de plus de 5% du PIB en 2023 et 2024, au lieu des 2,3% initialement prévus. 
 

«Une guerre d’une autre ampleur»

Elle évoque comme raisons du ralentissement «la baisse de l’activité commerciale, la faible demande des consommateurs et un environnement d’investissement pour le moins incertain», sans oublier le rappel massif des réservistes.

«Il y a déjà eu plusieurs conflits entre Israël et le Hamas à Ghaza, mais cette guerre est d’une toute autre ampleur», ont écrit les analystes de S&P Maxim Rybnikov et Karen Vartapetov dans le rapport. 

Par ailleurs, l’enjeu énergétique au Proche-Orient, marqué par une volonté clairement affichée de l’occupant israélien de réoccuper la Bande de Ghaza, fait craindre à ses alliés européens surtout de voir échouer l’accord gazier tripartite signé en 2022. Cet accord entre l’UE, l’Egypte et Israël s’inscrit dans le cadre de la recherche d’alternatives au gaz et au pétrole russe par l’UE dans le contexte de la guerre en Ukraine.  

Cet accord fait suite, faut-il le rappeler, à la mise en œuvre des accords d’Abraham, l’initiative négociée par les États-Unis pour normaliser les relations entre Israël et les États arabes. Le gaz qui doit être exporté vers l’Europe est exploité au large de Ghaza où depuis quinze ans Israël exerce un blocus brutal sur deux millions de Palestiniens. Israël empêche également les Palestiniens d’exploiter les réserves de gaz naturel du gisement marin de Ghaza, s’assurant que la population palestinienne reste soumise à la volonté d’Israël. 

Même si la grille d’analyse mettant en avant l’enjeu autour du gaz en Méditerranée orientale comme source principale du conflit en cours n’est pas agréée par certains analystes, elle demeure un élément principal dans le conflit sanglant qui se déroule dans les Territoires occupées. Hadef Abderahmane, géo-économiste, estime que la région demeure une zone riche en gaz mais se trouve, aussi, sur l’itinéraire Corridor économique devant relier l’Inde à l’Europe, qui se pose en concourant  de l’Initiative de la Ceinture et Route de la Chine. 

Des couloirs logistiques qui s’entrelacent dans une région où les lignes d’approvisionnements maritimes traditionnels pourraient plonger dans une situation d’insécurité due à l’agression israélienne contre les Palestiniens. 

La prise de contrôle d’un cargo en mer Rouge, appartenant à un armateur israélien, dont se sont emparés dimanche dernier des combattants Houthis, a d’ailleurs commencé à attiser les craintes envers le marché israélien.  
 

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