Le lion du Djurdjura revisité à Iboudraren (Tizi Ouzou) : «Amirouche n’a jamais cessé de tendre la main aux jeunes»

06/04/2025 mis à jour: 19:56
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Hier, à Iboudraren, lors de la commémoration de l'anniversaire de la mort des colonels Amirouche et Si El Hous ( Photo El Watan)

Il y a soixante-six ans,  les colonels de l’ALN, Amirouche Aït Hamouda et Si El Haouès sont tombés en martyrs, morts au combat révolutionnaire à  Djebel Thameur, au sud de Bou Saâda. 

Hier, pour commémorer l’anniversaire de la disparition de ces deux chefs historiques, une cérémonie en leur mémoire a été organisée dans la commune d’Iboudraren, daïra d’Ath Yenni, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. Il s’agit d’un événement qui a été rehaussé par la présence des autorités locales, à leur tête le wali, Abou Bakr Essedik Boucetta, le président de l’APW, Mohamed Klalèche, et d’une délégation du Conseil de la nation conduite par Aïssa Naili, président de la commission Défense nationale au Sénat. 

Ce dernier a, au nom du président de la Chambre haute du Parlement, déclaré : «Le colonel Amirouche a toujours veillé, durant la Guerre de libération nationale,  sur l’union des rangs des Algériens. Il a, d’ailleurs, visité différentes régions, insistant sur la valeur de l’unité des troupes afin de constituer une force solide contre le colonialisme qui a usé de tous les moyens susceptibles de perturber la cohésion des moudjahidine et du peuple en général afin de mettre à plat la force de l’ALN.» M. Naili  a rappelé, dans le même sillage, l’attachement des deux Colonels à l’unité nationale et du peuple algérien à travers leur lutte pour la libération de tout le territoire national.

 Le colonialisme a même tenté, avec tous les moyens dont il disposait, d’utiliser la question identitaire des Algériens dans l’espoir de diviser le peuple, mais il n’y est pas parvenu parce que ce dernier était très soudé de manière à combattre, dans l’union, l’ennemi. Celui-ci a été, d’ailleurs, vaincu par  l’ALN, a-t-il ajouté. 

Et de préciser qu’il s’agit du message du premier responsable du Sénat, Salah Goudjil, qui a, dit-il, été parmi ceux qui ont connu le colonel Amirouche, notamment lors du déplacement de ce dernier dans les Aurès. «Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, qui m’a chargé de lire sa déclaration, a été parmi ceux qui ont rencontré Amirouche dans le maquis», a-t-il ajouté avant d’exhorter la nouvelle génération à préserver les acquis de la Révolution et œuvrer à ce qu’ils soient traduits sur le  terrain pour que, a-t-il précisé, l’Algérie nouvelle puisse avoir son indépendance politique et économique.  

«Leurs sacrifices ne seront pas vains»

De son côté, Mohand Ouramdane Hachour, secrétaire général de l’ONM de Tizi Ouzou, venu avec d’autres membres de la famille révolutionnaire, dont Mohamed Badkouf, secrétaire national et responsable régional de 7e Wilaya historique (Fédération de France), a apporté des témoignages sur Amirouche, notamment lors de sa rencontre avec des moudjahidine à Ath Ouabane qui était le PC de la Wilaya III historique. 

«Nous avons appris la mort de  Si El Haouès et de son compagnon Amirouche dans le maquis en écoutant un transistor. La radio annonçait, en boucle,  que les deux colonels sont tués par l’armée coloniale», s'est-il remémoré. Des élus locaux, des députés, des représentants des enfants de chouhada et des membres de la commission de sécurité de wilaya ont pris part à cet hommage. Outre celle de la délégation officielle, des gerbes de fleurs ont été déposées par les  P/APC d’Iboudraren, d’Ath Yenni, de Ouacifs, d’Ait Touddert, des membres de la fondation Matoub Lounès et des cadres du RCD au pied de la statue du colonel Amirouche érigée au niveau du carrefour menant aux communes d’Ath Yenni, Yatafen et Iboudraren. Le président de l’APC d’Iboudraren, Larbi Messaoudi, a déclaré, pour sa part, que les deux colonels en question et tous les autres martyrs ainsi que les moudjahidine se sont sacrifiés pour que l’Algérie soit aujourd’hui libre et indépendante. «Leurs sacrifices ne seront pas vains», a-t-il souligné.  

Absent à la cérémonie pour des raisons de santé, Nordine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche, a chargé le porte-parole de la fondation qu’il préside et qui porte le nom de son père, pour présenter ses salutations à l’assistance. Ainsi, l’universitaire Belkacem Boukherouf a déclaré : «Au nom de Nordine, fils du colonel Amirouche,  de sa famille, des membres de la fondation qui porte le nom de ce martyr de la Révolution, je vous souhaite la bienvenue et vous remercie pour l’honneur que vous nous faites par votre présence.»  «Nous commémorons, aujourd’hui, le 66 anniversaire de la mort du Colonel Amirouche Aït Hamouda et de son compagnon Colonel Ahmed Ben Abderrazak Hamouda connu sous le nom de Si El Haouès, deux figures emblématiques de la Guerre de Libération nationale et deux exemples de résistance acharnée contre l’une des plus longues colonisations des temps modernes tombés au champ d’honneur armes à la main et à la fleur de l’âge .
(Le représentant du président du Sénat, le wali et des moudjahidine, hier, devant la statue Amirouche à Iboudrarene  /  Photo El Watan)

Protéger la mémoire de la Révolution

La Fondation Amirouche «s’est donnée pour mission de protéger la mémoire de la Révolution, de promouvoir et de défendre la vérité historique, de diffuser les valeurs de patriotisme et de résistance parmi les générations actuelles et leur transmettre les messages de Novembre et de la Soummam. Elle se donne aussi un rôle de fédération des énergies jeunes et fertiles pour participer aux débats qui engagent la nation et contribuer à la construction de l’Algérie démocratique et sociale telle que voulue par les partisans de notre indépendance», a-t-il soutenu. Et d’ajouter : «Amirouche était âgé de 29 ans, lorsqu’il a endossé les plus hautes responsabilités politiques et militaires pour encadrer l’un des mouvements de libération les plus intenses de l’histoire contemporaine.»  

L’orateur souhaite  voir le combat de ces chefs de la Révolution  servir, a-t-il insisté, de  source d’inspiration intarissable aux jeunes d’aujourd’hui pour «bâtir leur pays, qu’il offrira mieux et plus sûr ce caractère visionnaire de ses activités stratégiques à l’endurance de l’homme». Il précise, en outre, que «Amirouche, profondément attaché au peuple, n’a jamais cessé de tendre la main aux jeunes, les exhortant à la persévérance, au dépassement de soi, à la solidarité, mais aussi au savoir et à la science. Il les exhortait à la construction de la nation». «Nous sommes tous les enfants d’un seul pays, avec notre diversité, nos différences d’opinions, nos oppositions et nos visions parfois contradictoires et c’est certainement là que nous devons puiser le meilleurs de ce qui peut nous unir», a-t-il plaidé aussi. Pour lui, «la souveraineté dont il a parlé est celle que l’on mobilise tous pour construire une nation. 

Par tous les Algériens, des plaines du Nord jusqu’aux chaînes du Sud. Il appelait résolument à une politique de contacts de toutes les chapelles étrangères et de réconciliation permanente, de cette diplomatie résistante, celle des grandes organisations vivant, sur le plan diplomatique et géopolitique, sur le plan politique et économique», a-t-il laissé entendre devant une assistance venue rendre hommage au lion du Djurdjura, ce militant nationaliste de la première heure tombé au champ d’honneur avec son compagnon de lutte, Si El Haouès, morts, le 28 mars 1959,  au combat au sud de Bou Saâda  
   
 Reportage réalisé par Hafid Azzouzi
 

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